LE ROY Philip 12

Auteur / Scénariste: 

Photo ©Julianne-Leroy

 

Après un détour au sein de la Littérature jeunesse, te voilà de retour chez les adultes. Besoin de ce temps-là pour te ressourcer ?

Je n’ai jamais vraiment quitté la littérature pour adultes. J’ai d’ailleurs publié l’année dernière Qui veut gagner le paradis ? chez Cosmopolis, un recueil de 42 nouvelles très noires à ne pas mettre entre toutes les mains. Depuis quatre ans, j’écris en parallèle des histoires horrifiques pour young adults et du thriller réservé aux adultes. Aliana est née quand j’écrivais ma trilogie du Dernier testament. Je voulais créer un personnage qui soit à l’opposé de Nathan Love, instable, incapable de contrôler sa violence. En 2021, Loïc di Stefano qui était directeur littéraire à l’époque chez Cosmopolis m’a demandé si j’avais un roman en préparation. Dans ma tête, Aliana était prête pour affronter les obstacles que j’allais lui mettre sur sa route. Cela a été le déclencheur.

 

Aliana, un personnage féminin comme tu les aimes. Pourquoi ce choix ?

Parce que c’est un personnage féminin comme je les aime (lol). Aliana est un personnage bourré de qualités et de défauts qu’on trouve chez peu de gens. C’est une héroïne badass qui fait le mal en voulant faire le bien. Je suis attiré par les héroïnes dures à cuire comme Ellen Ripley, Sarah Connors ou Lara Croft qu’on rencontre au cinéma. Elles carburent à l’adrénaline et peuvent m’emmener au bout du monde ou de la galaxie. Quand Angelina Jolie, Charlize Theron, Scarlett Johansson ou Jessica Chastain se mettent à cogner, ça a de la gueule. La féminité et la castagne, cela donne un mélange détonant. Déjà dans mon premier roman Pour adultes seulement, j’avais choisi pour protagonistes une gamine de 6 ans et sa fille au pair de 18 ans face à une horde de gros méchants.

 

Il me semble que de nombreux auteurs mettent en scène des personnages féminins très forts. Une explication ?

D’une part, il y a de plus en plus en plus de femmes qui écrivent des thrillers. D’autre part, il y a plus en plus de thrillers féministes, wokisme oblige. Il faut respecter les quotas, suivre la pensée mainstream, comme dans les pubs où ce sont les femmes qui conduisent et incarnent les chefs de famille.

 

Dans ton livre, tu dénonces le Dark Net. Pourrais-tu nous en dire un mot ? Est-ce si terrible que cela ?

Ce que je dénonce, c’est l’espèce humaine. Le dark net n’est qu’un outil au service des gens. Personnellement, je partage l’avis de ce personnage dans le roman qui dit : « Le mal est en nous, pas dans un système, ni dans un navigateur Internet. Sur le dark web, l’humanité n’est pas soumise aux lois ni aux religions, à la censure ou à la coercition. Elle agit en toute impunité donc telle qu’elle est vraiment. Le dark net c’est la jungle, la vérité crue contrairement à notre monde peuplé de gens qui ne sont pas conscients de vivre dans le mensonge. »

 

Le monde est pourri, non ?

Le monde est parfait. La seule erreur, c’est l’espèce humaine.

 

Quand Aliana est-il prévu au cinéma ? Et qui dans le rôle-titre ?

Le roman vient de juste de sortir. Pour qu’il devienne un projet de cinéma il faudrait qu’il tombe entre les mains d’un producteur apte à sortir des sentiers battus. Je ne sais pas si un tel producteur existe encore. En ce qui concerne le rôle-titre, si Gal Gadot voulait l’interpréter, je ne dirais pas non.

 

Toi qui es le roi de l’action, si on t’avait proposé un pont d’or, tu aurais pu écrire des épisodes de Derrick ?

On m’a proposé un jour d’écrire du Louis la Brocante. Je leur ai répondu qu’ils ne m’avaient pas bien lu et qu’ils n’avaient aucune raison de faire appel à moi.

 

Et Nathan Love dans tout ça ?

On me pose souvent la question. Nathan Love, je suis allé le chercher au bout du monde alors qu’il vivait en ermite et n’avait aucune envie de changer le monde. Je l’ai poussé de force dans trois aventures planétaires pour qu’il affronte les cinq grands pouvoirs. Cela s’est soldé par huit ans d’écriture, un Grand Prix de Littérature Policière, des traductions et des tournées à l’étranger, mais aussi par l’un des plus gros échecs de ma carrière avec le troisième volet, un pavé de 650 pages trop complexe pour le grand public. Aujourd’hui, il faut faire plus simple, plus rapide, si on veut continuer à toucher suffisamment de lecteurs et continuer à écrire. Publier un quatrième Nathan Love serait désormais impossible. Il n’y a pas assez de lecteurs pour justifier un tel investissement. Je vais donc laisser mon personnage finir sa vie tranquille, retiré du monde, coulant des jours heureux avec Carla.

 

3 livres actuels à lire absolument ?

En dehors des thrillers de Cosmopolis qui envoient tous du bois, je peux citer Le manufacturier de Mattias Köping, Tu marches parmi les ruines de Tyler Keevil ainsi que Les amazones du Mossad de Michel Bar-Zohar et Nissim Mishal qui montre que les héroïnes badass existent aussi dans la réalité.

 

Tes 3 derniers coups de coeur au ciné ?

C’est de plus en plus difficile d’être bouleversé par un film au cinéma. Mon dernier coup de cœur remonte à Nightmare Alley de Guillermo del Toro, un chef-d’œuvre qui n’a pas eu le succès qu’il méritait. Trop beau, trop original, trop créatif. Chez les Français, il y a eu En corps, film magnifique de Cédric Klapisch qui m’a touché. Et je citerai Top Gun : Maverick, porté par l’une des dernières stars du septième art qui continue à faire des films pour les salles de cinéma.

 

Quelle est la chanson qui te calme ?

La même que celle qu’écoute Aliana pour se calmer.

 

Je t’ai déjà tellement interviewé que je ne sais plus quoi te demander. Une question que tu aurais aimé que je te pose ?

Serais-tu partant pour revenir faire une tournée à la rencontre de tes lecteurs belges ?

 

Tes projets ?

Mon prochain roman horrifique chez Rageot. Ce sera une histoire d’ombres et de revenants. Il est écrit, en train d’être peaufiné et prévu pour le premier semestre 2023.

 

Critique de Aliana, ici

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