Satanachias & autres contes

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« Là, tout n’est qu’ordre et beauté

« Luxe, calme et volupté » (Baudelaire)

« Autour de moi tout n’était que bruit, puanteur et saleté » (Lartas)

La Clef d’Argent nous a habitué à du fantastique nouveau, original tout en étant ancré dans une certaine tradition, et que je salue souvent avec enthousiasme. Voici cependant, et pour une fois, une déception.

La lecture de ces quatre contes de Christophe Lartas a été plutôt pénible et fatigante. Le premier, le récit-titre Satanachia, est encore correct. Il narre les voyages d’Untel à la recherche du Diable et qui finira par être dévoré par... Dieu. On note pourtant une certaine surabondance de qualificatifs et une lourdeur de style évidente. Mais il y a une histoire, c’est déjà ça. Tout comme dans Marssygnac, qui invite à un autre voyage, celui du héros vers une Tour gigantesque que personne n’a jamais vue. Tour de 5.000 mètres de haut dont il fait l’ascension en quelques jours. Bon, allez, croyons-le. Il y a là une recherche d’atmosphère et un pessimisme final qui peut plaire. Mais les deux autres nouvelles sont, je suis désolé de l’écrire, calamiteuses. Le style boursouflé déjà appréhendé s’y donne à coeur joie. Tant dans Le Cycle que dans Megalopolis, ce ne sont – il n’y a aucun dialogue – qu’accumulations de vocables raffinés, que kyrielles de noms d’animaux, de fleurs ou de plantes, fléaux d’une humanité décadente que la Nature surexcitée poursuit d’une hargne impitoyable. Il faut presque lire avec l’aide d’un dictionnaire. La première nouvelle décrit la décrépitude d’une Terre ployant sous les malheurs les plus divers, soulignés à l’envi avec un masochisme pleurnichard. La seconde est centrée sur les errances d’un paria au milieu d’une mégalopole livrée aux plus effroyables turpitudes, paria qui ne parviendra à en échapper que pour être de suite repris. La scène finale est effroyablement gore, mais on dirait que l’auteur en jouit. De lourdes allusions politiques (l’ultra-libéralisme effréné, les groupuscules islamistes, les raves-parties et la musique techno etc.) affaiblissent encore une narration dont le lecteur finit par se lasser puis se désintéresser totalement.

Manifestement, Christophe Lartas aime les mots et en joue avec virtuosité. Mais trop de recherche stylistique tue l’atmosphère recherchée et l’on refermera le petit ouvrage avec soulagement et indigestion. Le moindre texte de Clark Ashton Smith, autre amoureux d’une nature maligne et étouffante, est un chef-d’oeuvre par rapport à ces contes bien inutiles. Désolant. L’auteur nous doit une revanche et l’on attend au tournant son prochain livre annoncé, H.P. Lovecraft bloc d’éternité.

Christophe Lartas, Satanachias autres contes, La Clef d’Argent, Aiglepierre 2010, couverture de F. Gonçalvès-Félix, 89 p., 9 €

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