LAMBERT Christophe et ESPINOSA Michael 01

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Quelles sont les origines du roman ?

Christophe Lambert (C.L.) : J’avais dans ma besace une histoire de ville-fantôme se déroulant au far-west, avec le même « coup de théâtre » final, mais ayant déjà écrit précédemment un western fantastique avec « Rio Diablo », j’hésitais à développer cette idée, par crainte de radoter…

 

Michael Espinosa (M.E.) : Ma besace à moi était remplie de projets divers et variés, en fantastique comme dans d’autres genres, avec l’enthousiasme propre au débutant qui écrirait bien chaque jour le nouveau chef-d’oeuvre de la littérature. Mais le plus important était sûrement que l’un d’eux puisse se développer avec Christophe. Mais les vraies origines ? Autour de l’évier d’une cuisine sur une île paradisiaque, un torchon à la main, essuyant la vaisselle.

Pourquoi avoir choisi cette époque plutôt inattendue, celle des guerres napoléoniennes en Espagne ?

C.L. : C’est Michael qui est arrivé avec l’envie d’écrire sur la période napoléonienne. Il avait en tête une sorte de X-Files à la française, début 19e siècle. Je lui ai proposé de faire traverser un océan à « ma » ville-fantôme.

M.E. : Je voyais les choses comme une série avec un héros récurrent qui enquêterait autour de mystères sortis des légendes régionales, le tout sur les ordres de l’Empereur. Une sorte de Vidocq fantastique. Puis Christophe m’a dit : "Tu ne voudrais pas d’abord écrire un livre avant de te lancer là dedans ?" Je me suis dit qu’il n’avait pas tort.

L’atmosphère du roman rappelle celle des films de la Hammer… C’est une influence consciente ?

C.L. : Oui, il y a de ça. C’est un peu « old fashioned » comme récit… Mais je n’avais pas de référence précise en tête, personnellement. Je ne sais pas pour Michael… A un moment, on a pensé à L’Antre de la folie, de Carpenter, mais cela me semble être la seule influence consciente…

M.E. : Oui, c’est vraiment L’Antre de la Folie qui est la référence la plus concrète, surtout dans le passage qui... Enfin, lisez donc le bouquin. Après, j’ai plutôt pensé à des films de fantômes plus récents. On cherchait plus l’ambiance que le gore. Enfin, moi j’aurais bien ensanglanté un peu tout ça mais Christophe a su calmer mes ardeurs et il a eu franchement raison. L’expérience a parlé.

 

Comment s’est déroulé le processus d’écriture en duo ?

C.L. : J’ai apporté le sujet, on a fait un séquencier ensemble, puis écrit les chapitres chacun notre tour. J’ai ouvert le bal.

M.E. : J’ai apporté l’époque, on a fait le séquencier autour d’une pizza chez Pizza Hut (avec le menu dessert à volonté), puis écrit les chapitres en ping-pong. J’ai pris la seconde danse. Mais pour ce qui est du processus, ce ne fut pas toujours facile pour moi. J’ai eu le droit à un véritable apprentissage de l’écriture, et j’en ai tiré tout ce que j’ai pu, je ne remercierai jamais assez Christophe pour ses leçons, mais ce fut aussi une grande leçon d’humilité, parfois dans la douleur. Je pense en être sorti grandi. Et pourtant tout reste à faire.

Vous abordez un sujet très « actuel » à travers ce récit pourtant historique, celui des excès commis en temps de guerre…

C.L. : Cette guerre d’Espagne là est intéressante car elle marque un tournant : le temps des armées de métier qui s’affrontaient en rangs serrés sur des champs de bataille est révolu. Les époques charnières sont toujours très porteuses, question thématique. Dans notre roman, les horreurs de la guerre envahissent les villes, les villages les plus reculés, avec tous les cas de conscience éthiques que cela peut engendrer… C’est un thème universel, en effet. On aurait pu raconter la même histoire au Viêt-Nam ou à Oradour, en 44, par exemple. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les conflits font plus de victimes civiles que militaires !

M.E. : Il faut savoir que la guérilla date de cette guerre-là. Les Espagnols avaient pris une trempe sur les champs de bataille et n’acceptèrent jamais l’envahisseur français. Ils décidèrent d’employer des méthodes de lutte homme à homme. Ils répondirent aussi à la cruauté des militaires français qui avaient eu pour ordre de liquider toute personne susceptible d’aider les guérilleros, civils compris, hommes, femmes et enfants. Qui est allé trop loin dans ce conflit ? Les Espagnols n’ont-ils pas monté les premiers réseaux de résistances quelque part ? Nous ne voulions pas juger, même si nous prenons légèrement parti, car nous ne savons pas chacun ce que nous ferions en de telles circonstances. Et les conflits actuels nous montrent bien que la cruauté humaine n’a pas encore atteint ses limites.

Le personnage principal pourrait-il vivre d’autres aventures ?

C.L. : Pas prévu pour l’instant mais si l’envie et une bonne idée se présentent à l’horizon, pourquoi pas ?

M.E. : Ce qui me donnerait raison sur l’aspect série de départ ;-) Je pense tout de même qu’il serait difficile de reprendre Germain dans une aventure fantastique après ce qu’il a vécu dans ce roman. Et si on le prenait avant, on tomberait dans l’historique pur. En revanche, si c’est pour écrire un autre livre avec Christophe, alors je dis oui !

Pour terminer, trois petites questions « duo »…

Ecrire en duo, c’est les frères Bogdanov ou les frères ennemis ?

C.L. : Nous ne sommes pas des clones mais nous avons à peu près les mêmes goûts, la même culture. Il n’y a pas eu de désaccords, si ma mémoire est bonne…

M.E. : Ta mémoire est bonne. Il fallait que quelque chose nous réunisse. Nous avons d’abord fait connaissance, discuté, échangé sur le cinéma, la littérature, les séries télé, la vie en général. Le roman est la cerise sur le gâteau. Maintenant qu’il est terminé et publié, nous continuons à discuter de tout et à nous voir régulièrement car c’est là le plus important en fait.

Ecrire en duo, le texte c’est "ça s’en va et ça revient" ou "à toi la tête, à moi les jambes" ?

C.L. : On s’envoyait et on se critiquait mutuellement nos chapitres. Comme j’ai dix ans de publications derrière moi, j’étais plus interventionniste sur les chapitres de Mike que lui sur les miens. Je me suis permis de prendre le « leadership » parce que je voyais que j’avais en face de moi quelqu’un qui était ouvert et « en demande ». Il m’a en retour apporté des idées et un enthousiasme stimulants. Il y a une vraie émulation quand on travaille à deux. On attend le chapitre de l’autre avec impatience et curiosité.

M.E. : Je me suis retrouvé dans la position du jeune padawan. Et comme Anakin, j’ai eu le droit à mes moments de doute, de colère mais aussi de grande joie. Cette collaboration est un rêve de lecteur qui admire un écrivain et qui se retrouve à poser les mots à ses côtés. Ce fut donc extrêmement stimulant. Christophe a su me remettre sur les rails, me guider tout au long de l’écriture. Il a fait preuve d’une patience extraordinaire car plus d’une fois j’ai tardé à renvoyer mes chapitres. D’où le véritable effet moteur du travail à deux. On ne veut plus décevoir l’autre alors on se plonge dedans à corps perdu. Il est vrai que j’attendais ses chapitres avec curiosité mais aussi les propositions de correction des miens avec beaucoup d’appréhension. Puis au fil des pages, je pense avoir acquis un petit peu plus de métier. C’est en tout cas ce que je retire de cette expérience.

Ecrire en duo, c’est deux fois plus de temps ou deux fois moins de temps ?

C.L. : On a bossé à notre rythme, sans se mettre la pression (on n’avait pas de dead line). Comme c’était un travail en pointillés, cela s’est étiré sur près d’un an.

M.E. : Comme je le disais, ça aurait pu être plus rapide mais j’ai quelque peu traîné. Christophe ne me l’a jamais dit mais je suis sûr qu’il a dû parfois bouillir d’impatience. Promis, la prochaine fois je ne le referais plus.

Et enfin, en bonus, la réaction de nos auteurs face à quelques duos célèbres…

- David et Jonathan

C.L. : j’aimais beaucoup la parodie des Nuls : « Qu’est-ce que tu vends pour les vacances ? J’ai plus rien en taille 42, etc. » …

M.E. : On a essayé de chanter ensemble avec Christophe mais des génériques de séries télé. Ce ne fut pas glorieux. Seuls les plus fans ont pu reconnaître.

- Anakin et ObiWan

C.L. : Je ne suis pas fan de « prélogie »…

M.E. : Je vais la jouer sérieux là : je me suis senti à certains moments dans cette position d’Anakin. Mais de là à me tourner vers le côté obscur de la force... Peut-être écrire du mainstream.

- Laurel et Hardy

C.L. : C3PO et D2R2 en « vrai ».

M.E. : Mais comment tu avais deviné ? ;-)

- Shirley et Dino

C.L. : Ils m’insupportent.

M.E. : Mais comment tu avais deviné ? ;-)

- Angelina Jolie et Brad Pitt

C.L. : No comment.

M.E. : Mais comment... Euh, plutôt Angelina Jolie.

- Salvatore et Adamo

C.L. : Je préfère Salvatore et ALAMO ;-)

C.L. : Je l’ai toujours jalousé pour son organe.

- Bob et Bobette

C.L. : Bof…

M.E : Mannekenpis. J’ai bon ?

- Boileau et Narcejac

C.L. : Je n’ai pas lu les livres, juste vu les adaptations d’Hitchcock.

M.E. : Vu aussi les Hitchcock et lu quelques sans-atouts.

- Thad Beaumont et Richard Stark

C.L. : Et Richard Bachman dans tout ça ?

M.E. : Plutôt docteur Jekill.

- Clark Kent et Superman

C.L. : Christopher Reeves forever !

M.E. : Les mômes que j’encadrais en centre de loisirs m’appelaient Clark Kent, période Lois et Clark. Pourquoi jamais Superman ?

Critique du livre <a data-cke-saved-href="LAMBERT-Christophe-et-ESPINOSA" href="LAMBERT-Christophe-et-ESPINOSA" "="">ici

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