Origines, Les errants T1

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

Que faire quand on est une adolescente et que le monde s’écroule autour de soi ? C’est la question qui se pose à Marion, seize ans, que rien ne préparait à une telle catastrophe. Lors d’un voyage scolaire au camp de travail du Struthof, certains de ses camarades et de ses professeurs sont frappés par un mal étrange. Alors que l’épidémie se répand, elle essaie d’y échapper, en compagnie d’un groupe d’amis rescapés. Mais sans l’aide d’adultes, la tâche va s’avérer délicate et la vie en communauté pas si aisée que cela.


A travers « Origines », premier tome d’une série nommée « Les errants », Denis Labbé s’attaque au mythe, rabâché à toutes les sauces, du zombie. Que ce soit au travers de jeux vidéo depuis la légendaire série Resident Evil, au cinéma depuis l’extraordinaire La nuit des morts-vivants de Romero jusqu’au médiocre World War Z en passant par les géniaux Shaun of the Dead, Braindead ou encore La nuit des loosers vivants, le zombie se décline sous d’innombrables facettes.

Et, malgré cette avalanche de références, Denis Labbé nous offre sa propre version de ces superstars d’outre-tombe. Voilà un pari qui était loin d’être évident mais l’auteur s’en sort avec justesse et brio.

Tout d’abord, et comme l’auteur se plait lui-même à le souligner, ne vous attendez pas à une avalanche d’explosions ou de huis-clos dans des supermarchés. Bien loin de là. Fuyant l’américanisation à outrance qui a envahi le mythe, l’auteur plante son décor au cœur des Vosges. Une région sauvage que tout le monde connait, un endroit dans lequel le lecteur n’aura aucun mal à se retrouver. Une identification judicieuse.

Nous suivons un groupe d’adolescents qui, au cours d’une excursion scolaire, part visiter le célèbre camp de concentration implanté en France : le Struthof. Je ne m’épancherai pas sur le sujet, Denis Labbé le faisant bien mieux que moi dans la première partie du roman. Voilà justement un point que j’ai apprécié fortement. L’auteur s’est fortement documenté et, sans avoir l’air d’y toucher, il a remis à l’avant-plan ce que la folie humaine, poussée à son paroxysme, est capable d’enfanter. Car le point de départ de cette saga n’est autre qu’une expérience menée par les nazis entre les murs de ce camp de concentration. Une fiole brisée et l’horreur surgit du passé pour nous rattraper tous.

Nous suivons donc Marion, une ado comme les autres, et ses camarades dont elle deviendra le leader par la force des choses. En effet, elle est plus rapidement informée des événements par son côté fouineur. J’ai apprécié les personnages. Ils peuvent paraître caricaturaux par moment (la gothique de service, le bad boy, le fana des armes, …) mais, à mon sens, cela contribue à donner un aspect comics au roman. Mention spéciale à l’un des professeurs, véritable harpie de service, pastiche suprême de l’enseignante aigrie et bornée, qui m’a rappelé une personne côtoyée durant ma scolarité.

Le rythme du récit va crescendo. Car, une fois les premières dizaines de pages passées durant lesquelles Denis Labbé plante le déco et les caractéristiques de chacun des héros, l’auteur entre dans le vif du sujet.
On constate alors que le phénomène s’étend de village en village et que personne n’est à l’abri, où que ce soit. Nous vivons le phénomène à travers les yeux de ces garçons et de ces filles perdus au milieu de nulle part : l’auteur nous fait ressentir la tension qui s’installe entre eux. Le désespoir et l’espoir s’entremêlent au cours de ce road-movie pour teenagers.

Autre petit plus, l’auteur s’amuse à truffer son roman de références musicales et cinématographiques pour notre plus grand plaisir.

En résumé, un premier tome prometteur qui donne envie de lire la suite.

A noter qu’une série parallèle nommée « Les marcheurs » mettant cette fois en scène la catastrophe à travers les yeux des adultes est prévue également aux éditions du Chat Noir.

Origines, Les errants T1 par Denis Labbé, couverture de Jérémie Fleury, 286p. , septembre 2013, 979-10-90627-22-2, 19.90 €, éditions du Chat noir

Type: