Dôme


Le Dôme : personne n’y entre, personne n’en sort. A la fin de l’automne, la petite ville de Chester Mill, dans le Maine, est inexplicablement et brutalement isolée du reste du monde par un champ de force invisible. Personne ne comprend ce qu’est ce dôme transparent, d’où il vient et quand – ou si – il partira. L’armée semble impuissante à ouvrir un passage tandis que les ressources à l’intérieur de Chester Mill se raréfient. Big Jim Rennie, un politicien pourri jusqu’à l’os, voit tout de suite le bénéfice qu’il peut tirer de la situation, lui qui a toujours rêvé de mettre la ville sous sa coupe. Un nouvel ordre social régi par la terreur s’installe et la résistance s’organise autour de Dale Barbara, vétéran de l’Irak et chef cuistot fraîchement débarqué en ville…

Il y a longtemps que j’attendais cela. Le retour en force de Stephen King le conteur. L’auteur de terreur. L’écrivain populaire à l’imagination débordante. Depuis quelques temps déjà, la magie semblait presque envolée. Oh, certes, la plume était encore alerte et les sorties régulières… Surtout pour un homme qui s’était déclaré « à la retraite », avant d’enchaîner les projets plus rapidement que la plupart des auteurs en activité. Mais tout de même. La plupart de ses romans parus au 21ème siècle avaient un petit goût de trop peu, des fragrances d’auto-fiction à peine déguisée (L’Histoire de Lisey, ou Duma Key) ou des relents de fond de tiroir vite dépoussiéré (Blaze, ou Roadmaster). Cellulaire était sans doute l’exception… Et il s’agissait déjà d’une vision de fin du monde ! Avec Dôme, magnum opus réparti sur deux tomes pour sa traduction française, le maître de Bangor fait rugir tous les cylindres et déboule sur le ring, les poings en avant, la rage au ventre et le sourire en coin. Violent, drôle, philosophe, canaille, sans retenue, tous ses qualificatifs peuvent s’accoler sans mal aux aventures de Chester Mill, petite ville typique coincée sous un Dôme à l’origine particulière. Tel un entomologiste fou, Stephen King manipule ses personnages, prend un malin plaisir à nous renvoyer l’image à peine déformée de la société américaine (que la mondialisation rend de plus en plus proche de notre civilisation « européenne ») et tricote un roman à la fois populaire, censé, fouillé et passionnant. Sur plus de mille pages, on peut parler de chef-d’œuvre.

Stephen King, Dôme, Albin Michel

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