23/11/63

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2011. Jake Epping, jeune professeur au lycée de Lisbon Falls dans le Maine, se voit investi d’une étrange mission par son ami Al, patron du diner local, atteint d’un cancer. Une « fissure dans le temps » au fond de son restaurant permet de se transporter en 1958 et Al cherche depuis à trouver un moyen d’empêcher l’assassinat de Kennedy. Sur le point de mourir, il demande à Jake de reprendre le flambeau. Et Jake va se trouver plongé dans les années 60, celles d’Elvis, de JFK, des grosses cylindrées, d’un solitaire un peu dérangé nommé Lee Harvey Oswald et d’une jolie bibliothécaire qui va devenir l’amour de sa vie. Il va aussi découvrir qu’altérer l’Histoire peut avoir de lourdes conséquences...


Cette, fois, il faut se rendre à l’évidence : Stephen King n’est PAS à la retraite... Et l’annonce de la fin définitive de ses activités littéraires étaient pour le moins... prématurée. Qu’aucun journaliste n’ait encore pris la peine de lui demander quel était le sens de cette déclaration m’échappe un peu... Qui sait ? Nous vivons peut-être d’un monde où, par je ne sais quel stratagème, Stephen King lui-même a modifié le passé pour effacer toute trace de cette fameuse déclaration de l’esprit des spécialistes de la littérature américaine. Mais je m’égare... Enfin, pas tout à fait, puisque le nouveau roman de King s’appuie sur un postulat vieux comme la littérature de genre : « Et si, par un caprice du destin, nous étions capable de modifier le passé ? ». Plus exactement si nous nous trouvions en position d’influer sur un événement dont l’importance géopolitique est aujourd’hui clairement établie par tous les historiens ? Quelle serait notre réaction ? Stephen King, vieux routier du genre, ne se contente pas dans ce 22/11/63 de jouer le jeu de l’uchronie... D’ailleurs la partie du récit consacrée à un réel bouleversement historique ne constitue qu’une toute petite incise dans une peinture bien plus large : celle de l’Amérique du début des années soixante. Une Amérique à la fois triomphante sur le plan économique et politique... Mais déchirée de l’intérieur par les conflits raciaux, les reliquats d’un système rigoriste et baigné de religion et les laissés-pour-compte d’un capitalisme déjà tout puissant. L’idée géniale étant de nous faire vivre toute l’histoire à travers les yeux d’un professeur dont la vision sur le passé baigne dans l’inévitable nostalgie, très présente depuis le début du 21ème siècle. On assiste donc à un « clash culturel » dont les tenants et les aboutissants ne sont pas toujours ceux que l’on imagine.

Observateur pertinent de son époque, mais également d’un passé qu’il connait bien (King est un enfant des années ’60), celui qui a « réinventé » la terreur durant les années quatre-vingt nous prouve ici, une fois encore, qu’il est devenu un grand auteur contemporain, tout genre confondu.

Stephen King, 22/11/63, Albin Michel

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