Ils étaient vingt et cent…
Gunther, jeune Allemand opposé au régime nazi, excelle dans l'art du dessin.
Il se retrouve promu illustrateur officiel du camp de Ravensbrück, son œil d'artiste interprète la vie et surtout la mort.
L'histoire d'un homme qui a vu la construction et la libération du plus grand camp d'extermination de femmes du IIIème Reich, un homme qui a vécu des deux côtés des barbelés.
En ces temps où les maisons d’éditions (enfin, certaines, je ne voudrais pas être coupable d’une malheureuse généralisation abusive…) cherchent davantage à entretenir des étiquettes marketing plutôt que d’ouvrir les yeux des lectrices et des lecteurs sur la diversité des talents de la littérature, je ne peux que remercier les éditions French Pulp d’avoir porté dans nos librairies un roman comme celui-ci.
Je connaissais, et j’appréciais, Stanislas Petrosky dans la peau d’un excellent auteur de polar épicé aux fragrances d’humour, je le découvre ici armé d’un tout autre vocabulaire, d’une plume entièrement différente et d’une valise pleine d’émotions pour évoquer les heures les plus terribles du vingtième siècle.
Avec une précision terrible, sans jamais détourner le regard, maniant la concision, sans jamais oublier la nuance et la réflexion, Petrosky s’avance en terres connues… mais parvient tout de même à nous scotcher grâce au point de vue original que porte son personnage principal sur l’indicible.
Alors que les témoins directs de la barbarie nazie auront bien tous disparus, alors que certains pensent que l’oubli, la distance et l’ignorance pourraient aider à la résurgence d’une pensée nauséabonde, alors qu’un chaos, sciemment organisé par les marchands du temple, déboussole nos cervelles mésinformées, c’est ce genre de roman qui devrait nous ouvrir les yeux.
Lorsque la fiction se fait remède contre la réalité en nous renvoyant en pleine face les dérives historiques d’une humanité asservie à la bête, elle en devient lecture indispensable.
Un roman dur et sans concession. Voilà pourquoi, en 2019, il est à mettre entre toutes les mains.
Interview de Stanislas Petrosky ici
Ils étaient vingt et cent… par Stanislas Petrosky, French Pulp Editions