Illusionniste (L')

Réalisateur: 

Les lois de l’attraction

Mystery man

Au début des années 1900, Vienne était une ville en pleine mutation, partagée entre tradition et modernité. C’est là, qu’un beau jour, vint s’installer Eisenheim, un charismatique et mystérieux illusionniste, qui présentait des tours de magie si époustouflants que bien des gens pensaient qu’il possédait des pouvoirs surnaturels. En peu de temps, il devint rapidement l’homme le plus adulé de la ville, tant par le petit peuple que par l’aristocratie autrichienne qui lui faisaient une véritable ovation à chacune de ses représentations sur scène. Intrigué par cette célébrité naissante, le Prince héritier Léopold le convie alors dans son palais afin qu’il puisse montrer à ses convives toute l’étendue de son art. Ce soir-là, Eisenheim fait un triomphe mais profite aussi de l’occasion pour ridiculiser son hôte. Se sentant bafoué, le Prince n’aura dès lors de cesse de remettre l’impudent à sa place car il a la rancune tenace et va s’avérer être un redoutable adversaire pour son nouvel ennemi, tant par son intelligence que par sa cruauté. Dans la mesure où le Prince est un homme rationnel et complètement allergique à toute forme de superstition ou de magie, il ordonne à son exécuteur des basses œuvres, l’Inspecteur Uhl, d’enquêter sur l’illusionniste afin de dévoiler ses impostures.



Au nom de Sophie

La gloire grandissante d’Eisenheim devient très vite intolérable pour le Prince car sa propre popularité décroît, au fur et à mesure, qu’augmente celle de l’illusionniste dont jamais encore personne n’a pu percer les secrets. Le Prince a également une tout autre raison de jalouser Eisenheim. En effet, il s’apprête en secret à prendre le pouvoir par la force. Pour arriver à ses fins et montrer sur le trône impérial, il a impérativement besoin de l’aide de sa fiancée, la Comtesse Sophie Von Teschen, mais il se trouve que, bien des années auparavant, Eisenheim a été le 1er amour de jeunesse de la jeune femme. De son côté, Eisenheim est bien décidé à tirer la femme qu’il aime depuis longtemps des griffes du tyran. Une partie serrée s’engage alors entre les deux hommes, aux frontières de la magie et de la (dé)raison.

Bien qu’appartenant à des classes sociales très différentes, Sophie Von Teschen et Eisenheim ont grandi ensemble. A l’adolescence, le jeune garçon était parti voyager aux quatre coins du monde en quête de secrets et de savoirs. Lorsqu’il revient bien des années plus tard, nanti de dons incroyables, la “magie” qui opérait par le passé entre les deux amis d’enfance est toujours présente mais la grande complicité qui les liait s’est désormais transformée en véritable amour.

Trouble jeu

Jusqu’à présent, l’Inspecteur Uhl se targuait de ne jamais s’impliquer personnellement dans ses enquêtes mais lorsqu’il est chargé par le Prince de démasquer Eisenheim, il ne tarde pas à être fasciné par la personnalité de l’illusionniste. Etant féru de magie, un art qu’il pratique lui-même en amateur, Uhl ferait n’importe quoi pour percer à jour les secrets de l’illusionniste. Bien qu’ils s’affrontent, les deux hommes se respectent mutuellement et développent même une certaine complicité, liée à leurs origines modestes. Ils voudraient bien éviter d’être ennemis mais ils y sont contraints par le Prince. L’Inspecteur observe les efforts d’Eisenheim pour séduire l’aristocratie et lui envie sa liberté d’agir. L’intrigue repose, en grande partie, sur l’antagonisme entre le Prince et l’illusionniste, qui s’efforcent tous deux d’exploiter l’Inspecteur à des fins personnelles.

Au-delà du réel

Pour relater son récit, Neil Burger prend ici le parti d’adopter le point de vue de l’Inspecteur en nous montrant ce que ce dernier a vu de ses propres yeux ou ce qui lui a été directement rapporté par l’un de ses agents et c’est à partir de cela qu’il élabore sa théorie sur Eisenheim.

Bien que l’action se déroule au tout début du XXème siècle, le scénario explore des thèmes intemporels comme le pouvoir, l’amour, la vérité, la perception des choses et l’illusion. L’intrigue tourne autour des quatre personnages principaux (l’illusionniste, le Prince, la Comtesse et l’inspecteur), qui sont étroitement liés, les uns aux autres, et entretiennent, chacun à leur manière, un rapport particulier avec le pouvoir. Le Prince convoite le pouvoir absolu et aspire à monter sur le trône pour faire appliquer ses idées radicales. C’est dans ce contexte particulier qu’Eisenheim entre en scène et réussit à faire la conquête de Vienne. Une animosité féroce oppose rapidement les deux hommes et la grande question pour le Prince (tout comme pour le spectateur) est alors de savoir si ce dernier possède réellement des dons surnaturels ou s’il s’avère être seulement un très habile expert en manipulation.

Le côté énigmatique et romantique du personnage ténébreux et impénétrable d’Eisenheim (interprété par Edward Norton avec tout le talent qu’on lui connaît) est là pour mieux semer le trouble dans l’esprit du spectateur en lui rappelant sans cesse que les apparences sont trompeuses. Sa magie est présentée à l’écran de façon suffisamment ambiguë pour brouiller les frontières entre l’illusion et la réalité, tout en laissant planer le doute sur l’existence de ses éventuels pouvoirs surnaturels. En outre, l’aspect visuel assez particulier du film apporte également une touche surréaliste et fantastique à certaines scènes (comme celle où il fait réapparaître des morts) tout en ancrant solidement le film dans son époque grâce à une minutieuse reconstitution, tant au niveau des décors que des costumes.

L’Illusionniste

Réalisation : Neil Burger

Avec : Esward Norton, Paul Giamatti, Jessica Biel, Rufus Sewell, Eddie Marsan, Jake Wood, Tom Fisher, Karl Johnson.

Sortie le 17 janvier

Durée : 1h 50

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