Il sera une fois...

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 

Quelle formidable rencontre avec ce livre et cet auteur. L’anecdote vaut la peine d’être racontée. Lors d’une réunion de passionnés de littérature, un homme un peu atypique vient se présenter à moi : « Bonjour, Southeast Jones ! », dit-il. (Mettez bien l’accent et l’intonation lors de la lecture à voix haute de son patronyme.) Je me présente à mon tour, tout en pensant qu’avec un nom de plume pareil, ce type doit être complètement barré dans sa tête, et nous entamons une conversation, ma foi très agréable. Vient le moment de partir et je lui annonce que je vais le chercher sur le net pour m’intéresser à ses écrits.

Mes chers lecteurs, vous êtes en droit de ne pas me croire, mais j’ai passé trois jours à écumer tout l’Internet en cherchant un introuvable « Saucisse Jaune »… 

 

Ci-contre, l'auteur, plein d'humour, s'est prêté au jeu et m'a laissé le prendre en photo de cette manière sur son stand d'exposition.

 

Mettons ça sur le brouhaha régnant dans l’endroit de la réunion, les vapeurs d’alcool, ou ma tendance à ne plus être étonné de rien en rencontrant des personnages excentriques. Quoi qu’il en soit, si certains auteurs ne laissent pas une trace indélébile dans le cerveau, celui-ci, en dehors de toute opinion qualitative sur son travail, je ne risque pas de l’oublier. Cette petite parenthèse close, en parlant de qualité de travail, revenons à ce pourquoi cette chronique est écrite…

 

  « Il sera une fois » vous invite à rêver demain : de l’humain au surhumain, de notre insignifiante petite planète aux confins de l’univers et au-delà, Southeast Jones vous convie à découvrir ses visions d’avenir au travers de quinze contes étranges, drôles ou inquiétants.

Ces histoires hors du commun vous fourniront nombre de réflexions sur les futurs possibles imaginés par l’auteur : quelle serait votre réaction si vous appreniez qu’il y a bien une vie après la mort ? Qui est ce Père Noël un peu bizarre que l’on voit le 24 décembre sur Carabistouille IV ? Quelles pourraient être les conséquences de la victoire des mutants contre le genre humain ? Quelles traces garde-t-on quand on a été avalé par un ogre ? Que faire si, pour sauver la Terre, il fallait détruire l’Humanité ?

S’inspirant du « Golden Age of science-fiction », l’auteur vous ouvre grand les portes de ses univers.

 

Vous l’aurez compris, ce recueil de nouvelles, gravitant autour de la science-fiction, comporte 15 histoires de longueurs variables. Il laisse découvrir aux lecteurs un univers plutôt riche et un style aussi incisif que franchouillard. L’illustration de couverture, de type bande dessinée sans graphisme alambiqué, est un choix très judicieux et symbolise plutôt bien son contenu. Pas de superflu, pas de grandiloquence gratuite, on est dans l’efficacité.      

Très peu médiatisé, on ne peut pas dire que Southeast soit sur le devant de la scène. Il a publié quelques nouvelles dans des anthologies – une de celle-ci est reprise dans le phénix-mag de juillet 2008 d’ailleurs – et sort son premier recueil avec « Il sera une fois… ». Je trouvais légitime de ne pas avoir trop d’attente, et bien, quelle surprise !!! De nouveau, je ne peux que constater que ce ne sont pas forcément les plus connus qui sont les plus talentueux. À la lecture de ce recueil, je découvre un auteur expérimenté avec un style aussi abouti que maîtrisé, posant les décors et les atmosphères avec une facilité déconcertante. Il embarque dans ses histoires comme un papa qui guiderait un enfant par la main dans le dédale d’un magasin de jouets, lui laissant le temps d’admirer toutes les boites et de rêver pouvoir jouer avec. C’est intense. Même avec les récits les plus improbables et incompréhensibles – parce que son imagination est vraiment prolifique – on se laisse guider sans difficulté. Les écrits sont bien pesés, mesurés, et pourtant sans retenue. On sent que l’auteur prend son pied et la lecture n’en est que plus passionnante et prenante.

Les chutes sont parfois surprenantes, parfois d’une implacable évidence, parfois frustrantes, parfois nébuleuses. Certaines histoires décalées démontrent que la littérature fantastique n’a vraiment aucune limite lorsqu’on possède le talent de les écrire. Chaque récit raconte non seulement une histoire qui fait rêver, mais également une leçon de vie qu’on ne peut pas s’empêcher de remettre dans un contexte actuel.

J’ai pris énormément de plaisir à lire ce livre, vraiment. Merci de m’avoir réconcilié avec un genre trop souvent limité à du déjà-vu. Si Southeast Jones publie un jour un roman, il pourra me compter parmi ses premiers lecteurs. Quant à ses prochaines nouvelles, je les attends avec impatience.

 

Il sera une fois… , par Southeast Jones, couverture de Floating Fantask, Sema éditions, mars 2016, 236 pages, 978-2-930880-04-4, 16€

Lien externe : http://www.sema-diffusion.com/pages/sema-editions/catalogue/collection-sema-galaxie/il-sera-une-fois-de-southeast-jones.html

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