Host (The)

Réalisateur: 

La créature de la rivière



Family business

Park Hae-bong vit à Séoul avec ses enfants : sa fille Nam-joo qui est une championne de tir à l’arc particulièrement maladroite, son fils cadet Nam-il qui, bien qu’ayant réussi avec succès ses études supérieures, est toujours au chômage, son fils aîné Gang-du complètement immature qui passe la plupart du temps à dormir et la jeune Hyun-seo (la fille unique de Gang-du) que toute la famille idolâtre. Il possède un petit snack au bord de la rivière Han où il sert à ses clients des bols de nouilles et des calamars frits. Un jour, un monstre amphibien de plusieurs mètres de haut et d’une espèce inconnue surgit des profondeurs de la rivière et fonce sur la foule terrorisée, faisant de nombreuses victimes sur son passage. Le snack ayant été complètement démoli, Gang-du tente de s’enfuir avec sa fille mais il la perd malencontreusement dans la panique générale qui s’est emparée de la foule. Quand il l’aperçoit enfin au loin, il est trop tard. Elle vient tout juste de se faire capturer par le monstre qui l’entraîne au fond de la rivière. Ne pouvant malheureusement compter sur aucune aide extérieure, la famille Park se ressoude alors pour l’occasion et décide de partir en guerre contre le monstre avec de bien piètres moyens dans l’espoir insensé de retrouver la fillette vivante.

Mutation


Un jour, un scientifique américain, imbu de sa personne, oblige son assistant coréen, pourtant extrêmement réticent, à se débarrasser de dangereux produits toxiques périmés dans la rivière Han, sans se soucier le moins du monde des inévitables conséquences de cet acte, à plus ou moins long terme. Six ans plus tard, une créature monstrueuse, issue d’une mutation génétique engendrée par ces produits, jaillit des flots et sème la terreur dans Séoul.

Afin de pouvoir créer un monstre, à la fois crédible et original, Jang Hee-chul, son concepteur, s’est inspiré de l’anatomie des animaux aquatiques, dans la mesure où l’horrible créature est censée vivre au fond d’une rivière et son repaire souterrain, situé dans les égouts de la ville, lui sert de “garde-manger humain”. Il l’a dotée d’une queue et de pattes lui permettant tout aussi bien de se mouvoir dans l’eau que de se déplacer sur la terre ferme. Par la suite, il a assisté à la fabrication d’une maquette, préparée par Weta Workshop, afin d’en superviser tous les détails comme la respiration, la texture de sa peau ou encore les mouvements de ses muscles. Quant à la mise en images de la créature, elle a été faite en combinant des données numérisées à partir de prises de vue réelles et la maquette. L’animatronique de la tête du monstre, utilisée dans la séquence de régurgitation des enfants, a été conçue par John Cox Creature Workshop. Quant aux images de synthèse d’un réalisme confondant, elles ont été réalisées par les équipes de The Orphanage.

Le remède est pire que le mal


Après son excellent Memories Of Murder (dont l’influence est ici sous-jacente), Bong Joon-ho nous livre, une fois encore, avec The Host, un film qui ne ressemble à nul autre. Après le policier, il revisite et réinvente à sa façon le film de monstre tout en livrant un portrait acerbe et grinçant de la société coréenne actuelle. Le “conflit” se situe entre les rives de la rivière Han et l’apparition soudaine d’un monstre qui transforme ce lieu paisible en théâtre d’un véritable jeu de massacre.

Une pollution chimique engendrée involontairement par un Américain donne naissance à une créature mutante gigantesque et une famille déjantée, complètement déconnectée de la réalité, part en guerre contre le monstre. Le film dénonce, tout à la fois, certains problèmes liés à l’écologie et ceux découlant de l’ingérence des États-Unis, qui n’hésitent pas à utiliser “l’Agent Jaune” pour éradiquer un soi-disant virus qui menacerait le monde entier et que la créature aurait propagé, créant ainsi une sorte de “nouveau monstre” en remplacement de l’ancien né, six ans auparavant, d’une pollution militaro-industrielle.

The Host s’attaque avec férocité aux maux de la société sud-coréenne avec son lot de désillusions intervenues après la démocratisation du pays. Le film montre comment une famille très ordinaire finit par se transformer en une bande de farouches guerriers face à une créature monstrueuse pour sauver un de leurs membres. Comme les antihéros de l’histoire sont volontairement assez pathétiques (mais c’est justement cela qui les rend particulièrement attachants), il était inévitable qu’ils se retrouvent souvent plongés dans toutes sortes de situations loufoques et cocasses. Ici, le burlesque côtoie et désamorce sans cesse le tragique.

Bong Joon-ho joue avec maestria sur plusieurs tableaux (second degré, ton décalé, ironie du sort, humour noir et pince-sans-rire, subversion et burlesque) tout en mélangeant les genres (fantastique, horreur, SF, satire politico-sociale, comédie, drame et action) sans que le film ne perde jamais de sa cohérence, ni de son unité. A cela s’ajoute l’aspect surréaliste de l’apparition du monstre qui se produit en plein après-midi créant ainsi un contraste saisissant avec la banalité du quotidien dans laquelle elle intervient. La mise en scène est inventive et profite d’une ambiance très particulière, la créature est d’un incroyable réalisme et le casting excellent. En arrivant toujours à mélanger burlesque et pathétique comme personne, Bong Joon-ho nous livre là un divertissement de grande qualité, amusant, provocateur et qui sort des sentiers battus tout en rendant hommage aux films de genre. Le résultat final est terriblement efficace et particulièrement jubilatoire.

The Host

Réalisation : Bong Joon-ho

Avec : Song Kang-ho, Byun Hee-bong, Park Hae-il, Bae Doo-na, Ko A-sung.

Sortie le 22 novembre

Durée : 1h 59

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