Homme plein de misère (Un)

Terrèbre est une ville prospère tournée vers le commerce. Lorsque les troupes barbares réunies sous la poigne d’un prince venu des steppes déferlent sur la ville, celle-ci est conquise sans coup férir. Le héros est un professeur d’université à la spécialité exotique, les lointaines langues nordiques. Lorsque Destrefonts, son mentor, lui demande de traduire le dernier livre des Jardins statutaires, le professeur se lance dans une épopée linguistique qui lui fera parcourir le monde.

Un homme plein de misère regroupe deux romans, Les barbares et La Barbarie. Bien écrits, les deux textes se lisent avec un plaisir littéraire évident. Par contre, les dialogues sont peu crédibles, car qu’ils soient enfant des rues, prostituée, guerrier ou marchand, tous les personnages s’expriment au passé simple dans une langue soutenue peu réaliste.

Ce récit, qui devrait être une quête, laisse plutôt l’impression d’une errance sans but, et lorsqu’elle atteint son terme, elle ne délivre aucune fin. Elle est un non-événement. Les personnages sont marqués et marquants, mais il est difficile de dire pourquoi ils errent pendant quinze ans, affrontant de nombreuses situations mais bien peu de dangers.

La Barbarie, suite et fin du premier récit, n’en est pas moins sans rapport avec lui, dénonçant un enfer bureaucratique de style stalinien.

Un roman à la belle prose qui développe un univers attirant et original, mais qui laisse une impression d’inachevé et un lecteur dubitatif.

Un homme plein de misère par Jacques Abeille, illustré par Anne-Gaëlle Amiot, aux éditions Folio SF, ISBN 9782072753527