Jean Ray, l'alchimie du mystère

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Voilà un livre que je m’étais promis de lire depuis sa sortie en 2010. Mais à peine l’avais-je acheté que déjà il se retrouvait dans la liste de livres non prioritaires. Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une étude sur Jean Ray et son œuvre. Le lire un ou deux ans plus tard ne changera rien, car ce genre de livre vise un public pointu (qui aime l’œuvre de Jean Ray), qui peut se permettre d’attendre et qui est prêt à débourser 60 euros.

Attiré par l’œuvre de Jean Ray, mais pas par une étude universitaire hermétique (souvent ennuyante à lire), j’ai longtemps hésité à me lancer dans la lecture de ce livre. Mais Arnaud Huftier arrive à captiver son lecteur en proposant une étude littéraire de l’œuvre de Jean Ray. Et pour arriver à cela, il a dû lire les textes francophones et néerlandophones. L’auteur n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il a précédemment dirigé des ouvrages sur J.H. Rosny aîné, Stanislas-André Steeman ou sur le fantastique belge néerlandophone.

Plus connu sous le nom de Jean Ray ou de John Flanders, Raymond de Kremer a marqué de son empreinte le fantastique belge. Le chemin qu’Arnaud Huftier nous propose ne se limite pas au fantastique, mais aussi à l’aventure, au roman policier. Ce chemin nous présente l’œuvre de l’auteur dans le contexte de l’époque, sous différents angles.

L’œuvre est proposée de manière chronologique. Quatre périodes distinctes vont montrer un Jean Ray qui commence sa carrière littéraire relativement tard, à l’âge de 38 ans, avec des textes qui sont en néerlandais. Puis un Jean Ray partagé entre une volonté littéraire et l’obligation de toucher un large public. Puis, une période où l’auteur est enfin reconnu (c’est celle de Malpertuis ou de La Cité de l’indicible peur). Et enfin, une période où l’auteur voit son imagination se tarir. C’est d’ailleurs à ce moment-là qu’Henri Vernes à travers les éditions Marabout permet à une nouvelle génération de découvrir l’auteur mythique.

Les 200 dernières pages de cette imposante étude (de 768 pages) sont consacrées à la biographie complète de Jean Ray, abondamment illustré de photos en noir et blanc qui reprennent la majorité des couvertures des livres. On n’y trouvera pas l’intégralité des couvertures des Harry Dickson, mais chaque édition ou réédition est soigneusement reprise dans ce livre. Un travail de fourmi, de longue haleine, réalisé par Arnaud Huftier, qui mérite en soi un grand remerciement pour le travail accompli.

Ce livre très complet se suffit à lui-même. Tout amateur de Jean Ray, que ce soit pour ses textes fantastiques ou pour ses Harry Dickson (qui le sont tout autant), trouvera toutes les références souhaitées. Les multiples éditions dans plusieurs pays, dans plusieurs langues, sont reprises dans cet ouvrage. Il ne manque pas grand-chose pour qu’il soit parfait, si ce n’est un prix plus abordable pour le lecteur. Mais le faible tirage de ce livre ne le rendra jamais accessible à un prix plus abordable.

Je conseillerai à ceux qui se lancent dans l’aventure de prendre en complément les mémoires d’Henri Vernes. Le père de Bob Morane parle longuement de son amitié avec Jean Ray et la manière dont ses livres ont fait leurs apparitions au catalogue des éditions Marabout. D’une certaine manière, Jean Ray doit à Henri Vernes d’avoir été réédité. C’est aussi la consécration de l’auteur.

Donc, voilà un livre pour amateur averti, pour fan de Jean Ray, ou tout simplement pour lecteur qui veut approfondir le fantastique belge.

Jean Ray, l’alchimiste du mystère, Arnaud Huftier, Encrage, 2010, 768 pages

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