Silo

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C’est une histoire typiquement américaine. Hugh Howey, né en 1975, étudie la physique puis le piano, pour partir à l’aventure sur un voilier avant de devenir capitaine de yacht. Il s’installe ensuite en Floride. En regardant la télévision, il a l’idée d’un monde où la population ne serait informée que par un seul écran. Il écrit alors le premier épisode de Silo en trois semaines et le poste sur Amazon pour un prix de 99 cents. Résultat un mois plus tard : 1000 exemplaires vendus. Les lecteurs réclamant une suite, Howey l’écrit, puis un troisième épisode : 10000 ventes. En 2012, il assemble cinq épisodes qu’il rassemble : 23000 ventes. Finalement, il en tire une version papier et le premier tirage est de 130000 exemplaires. Le livre est devenu un best-seller et les droits audiovisuels sont achetés par Ridley et Tony Scott.

 

Qu’en est-il du livre même, à présent ? La thématique d’un monde clos, ignorant ce qui se déroule à la surface, n’est pas vraiment neuve. Signalons par exemple Le monde aveugle de Daniel F. Galouye ou La vérité avant-dernière de Philip K. Dick. Tout un peuple vit dans un silo enterré, sous des lois strictes, telle, par exemple, une reproduction par loterie. Un régime autoritaire dirige ce petit univers qui vit grâce à l’exploitation de pétrole, tout en bas des 144 étages. Ceux qui enfreignent les lois ou posent des questions sont envoyés à la mort par asphyxie dehors : on les force à quitter le silo, après avoir nettoyé l’écran qui diffuse des images hideuses de la surface. Sur ce fond, Howey ne construit pas de véritable trame mais suit plusieurs personnages qui, bien entendu, poseront les questions interdites : qui sommes-nous exactement ? D’ou venons-nous ? Qu’y avait-il « avant » ? Les images de l’écran ne seraient-elles pas fabriquées ? La surface est-elle vraiment invivable ? L’un de ces personnages, Juliette, condamnée au « nettoyage » et contrainte dès lors à la sortie, s’apercevra non seulement que l’on peut survivre à la surface, mais qu’ils ne sont pas seuls : en effet, elle pénétrera dans un autre silo, voisin du sien. Durant son exil à l’extérieur, une insurrection éclate...

Même si l’intrigue ne brille pas particulièrement par son originalité, le monde construit est cohérent, quoique trop peu décrit. Certes, les personnages sont fouillés et attachants. En outre, l’auteur se penche sur le moindre détail de la vie quotidienne du silo et se braque sur une action constante et peu excitante. Ce débit très lent déforce l’ouvrage et le lecteur peine à se passionner pour un thriller qui manque cruellement de tension.

Il faut un certain courage pour arriver à la fin, ouverte, qui annonce évidemment de nouveaux épisodes, mais à ce rythme, il en faudra une bonne vingtaine pour entrevoir l’épilogue final. Si cela fonctionne aux États-Unis, tant mieux pour l’éditeur et le réalisateur du film...

Hugh Howey, Silo, Actes Sud 2013, traduction d’Yoann Gentric et Laure Manceau, couverture de Fedorov Oleksiy, 556 p., 23 €.

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