Indignez-vous !

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Un peu hors sujet ? J’ai bien chroniqué Le Dérèglement du monde de Maalouf récemment, qui propose aussi une réflexion sur notre monde actuel, dans un regard que tout lecteur de SF doit avoir et a, normalement.

Je ne le ferai pas long, tout comme l’auteur.

Il ne s’agit en effet pas d’un livre mais d’un mini opuscule de... 22 pages. Stéphane Hessel, juif allemand, est né à Berlin en 1917 et a donc 93 ans. Proche de l’avant-garde artistique parisienne (le dadaïsme, par exemple), il est naturalisé français, devient résistant, est arrêté et torturé par la Gestapo, s’évade, puis devient diplomate. Il sera corédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Vu cette trajectoire exceptionnelle, il est parfaitement placé pour nous donner quelques réflexions politiques, à la toute fin d’une longue vie.

Indignez-vous ! est un pamphlet adressé aux jeunes d’aujourd’hui. Partant de sa trajectoire de résistant, il exhorte. Et son message mérite d’être entendu, car il faut entendre les voix d’un passé tout proche. La voix de « la faculté d’indignation et l’engagement qui en est la conséquence ». Lucide vis-à-vis de la politique israélienne envers les Palestiniens, il demande d’écouter l’Histoire et d’en tirer les leçons. Cet appel à s’indigner, qui passe par la non-violence, au refus de l’indifférence résignée, et à la ’conciliation des cultures différentes’ n’est-il pas le fil rouge de tout passionné des littératures de l’Imaginaire, en particulier de tous les écrivains abordant les rencontres entre humains et non-humains ? Contre la menace du fascisme et de l’intolérance, Hissel oppose ’une véritable insurrection pacifique’ et conclut par cette belle maxime : « Créer, c’est résister, résister, c’est créer ».

22 petites pages à un prix ridicule, voilà qui est donné. Quand un don pareil vient d’une mémoire de notre époque, il serait aberrant de ne pas le recevoir et de ne pas en méditer les pistes, ne fût-ce qu’un instant. Bref et aveuglant.

Stéphane HESSEL : Indignez-vous ! Indigène Editions, Montpellier, 2010, 22p, 3,50 €.

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Commentaires

Après le grand succès d’ HESSEL, il vient de sortir un petit livre, aux mêmes éditions Indigènes, dans la même collection : Ceux qui luttent contre le vent, et cette fois-ci d’une inconnue : LA PRISON RUINÉE par BRIGITTE BRAMI : 40 pages pour 3 euros .
Sylvie Crossman : Brigitte Brami, 46 ans, a passé cinq mois à la maison d’ arrêt des femmes à Fleury-Mérogis. Elle en rapporte ce petit chef d ouvre de pensée et d’ écriture, à contre-courant
Nous vous invitons à faire un accueil aussi enthousiaste au livre de Brigitte Brami, La Prison ruinée, qui sera dans toutes les librairies fin février. Un de nos coups de foudre, un petit bijou littéraire, qui vient rappeler que pour nous, l’engagement passe toujours par l’art. « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer », pour reprendre le slogan de notre cher aîné, notre cher Stéphane. (indigènes)

de tout ce qui s écrit et se dit sur la prison aujourd’hui’ hui, où la littérature retrouve sa force de vérité et d engagement.
Jef TOMBEUR : C’est un texte littéraire, vous dis-je, subjectif. D’autant plus précieux, peut-être.