Retour à Redemption

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Avocat d’affaires, Peter Shepard a tout pour être heureux : une grande maison sur les hauteurs de San Francisco, une femme amoureuse, deux petites filles irrésistibles. Pourtant, certains jours, ses angoisses sont si fortes qu’il est obligé d’aller s’asseoir sur un banc dans un parc. Toujours le même banc, toujours les mêmes angoisses. Ce que Shepard redoute, c’est le Big One, ce tremblement de terre dont tout le monde sait qu’il finira par engloutir la Californie. Et le pire advient. Mais ce n’est pas la terre qui a tremblé, c’est le passé qui a ouvert une brèche sous ses pieds, le plongeant en enfer et le forçant à se souvenir que, vingt ans plus tôt, six enfants s’étaient fait une promesse dans les cachots d’un centre de redressement. Un pacte qu’il a trahi. Il est temps pour lui de retourner à Rédemption.

Dans son précédent roman, l’Apocalypse selon Marie, Patrick Graham tirait déjà son chapeau au maître Stephen King. Sur une trame qui rappelait celle du Fléau, l’auteur français portait le monde au bord du chaos, conjurant des forces obscures, de la magie et un soupçon d’horreur. Cette fois, avec Retour à Rédemption, de fantastique il n’est plus question. Le mal qui rôde entre les barbelés d’un centre pour jeunes délinquants est humain… horriblement humain. Mais l’ombre de Stephen King, elle, plane toujours sur l’univers de Graham. Le King de Stand By Me, de la Rédemption de Shawshank ou encore des Régulateurs. Parfaitement digérée, les influences du maître de Bangor servent à Patrick Graham comme autant de tubes de peinture pour brosser son propre portrait des brisures de l’adolescence, des horreurs de la vie, des injustices du quotidien. Jouant sur une palette particulièrement sombre, l’histoire des enfants perdus de Redemption s’articule autour d’une narration éclatée, entre aujourd’hui et un passé pas si lointain. Entre un univers adulte faussement stable et les gouffres sans fond des traumatismes irrésolus, le lecteur devient le témoin d’un voyage aux frontières du supportable. D’autant qu’au contraire de Stephen King, Patrick Graham possède une écriture sèche, débarrassée des digressions qui font à la fois la force et la faiblesse de l’auteur de Salem. Une écriture d’une telle intensité qu’elle appelle quasi la lecture du roman d’une seule traite, sans reprendre son souffle. Au risque de finir brisé, rongé, abusé… Vaincu par la noirceur de Rédemption. Une noirceur où ne brille guère d’espoir. Pour les enfants perdus de Patrick Graham, la Fée Clochette s’est envolée depuis longtemps, les ailes arrachées par un Monsieur Mouche devenu complètement fou. Lecture d’été ? Certainement pas. Mais lecture exceptionnelle. Sans hésitation.

Patrick Graham, Retour à Rédemption, Editions Anne Carrière

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