Patriot Act

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Pénétrer la mémoire des défunts ? Accéder à leurs derniers souvenirs ? Trouver l’identité du meurtrier dans le cerveau même de sa victime ? Suite au meurtre non résolu de sa sœur, c’est la mission que s’assigne le jeune scientifique John Victor Saturne... Trente ans plus tard, ses recherches l’ont amené à la mise au point du plus implacable système de surveillance ayant jamais existé : le Protocole Saturne. Or, à deux doigts d’aboutir, Saturne périt sous les balles de tueurs à gages... qu’il a lui-même recrutés. Nous sommes la nuit du Memorial Day. Son héritier ? L’inspecteur Elvis Casanova, grande figure de la Criminelle de Baltimore. Un héritage que Casanova n’a pas le temps de comprendre. Avant la fin du jour, le Pentagone lance une chasse à l’homme impitoyable contre lui.

Il y a un an et demi, Kenan Gorgun débarquait dans la « cours des grands » avec Fosse Commune, un roman explosé et quelque peu déroutant, aux éditions Fayard. Dans un bouillonnement pas toujours contrôlé, on sentait frémir la « patte » d’un auteur qui demandait sans doute à grandir, mûrir et surtout tenir en laisse des envolées plus auto-satisfaites que lyriques.

Aujourd’hui, Ken la Menace est de retour, chez First, avec la première enquête d’un flic pas comme les autres, un certain Elvis Casanova qui doit autant aux fantasmes du cinéma de Tarantino qu’aux racines du polar à l’américaine. Au coeur d’une intrigue où se mêle manipulation de la mémoire, dissimulation à grande échelle et paranoïa post 9/11, ce Patriot Act chasse déjà sur des terres plus balisées que celle de Fosse Commune. Mais qui dit balisées, ne dit pas pour autant « banalisées », puisque le Gorgun nouveau explore des voies de traverses et laisse s’exprimer sa voix sur une trame que d’aucun qualifierait un peu facilement de « rabâchée ». Dommage qu’il faille encore compter avec certains « dérapages » et autre « tunnel »... qui rapprochent certes l’écriture de notre jeune talent d’un certain Dantec, mais qui en calque également le défaut : un accroissement de la lassitude du lecteur face à ces chemins détournés qui confondent parfois nécessaire réflexion et astiquages de neurones en roue libre. Loin de moi l’idée qu’il faudrait ne voir paraître sur les étagères des librairies que des polars aseptisés au rythme télévisuel forcément speedé... mais là encore, trop c’est trop, et l’attention s’étiole.

Reste que ce Patriot Act est un pas dans la bonne direction pour ce petit nerveux de Gorgun, qui avance tranquillement sur le chemin de la domestication d’un talent qui ne demande qu’à prospérer.

Kenan Gorgun, Patriot Act, 512 p., First Editions

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