Forteresse perdue (La)

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J’ai relu avec intérêt ce livre lu dans le défunt Rayon fantastique et ai retrouvé avec plaisir l’univers baroque et flamboyant des romans de Nathalie Henneberg. Mais, à la relecture et en connaissance de la vie de l’auteur, des références à son séjour en Syrie et aux combats fratricides entre soldats français - dont Charles Henneberg -, et anglais, je n’ai pu m’empêcher de creuser les thèmes d’une part, les images de l’autre, et de me poser des questions. Parce que si le roman semble être d’abord l’histoire de son héros principal, Ruy Béarn, devenu Ruy Léans, puis Mar Raô, trahi par ses frères humains, puis traître à l’Humanité quand il devient, ou croit devenir, le prince des Rhiia et de son amour pour la belle Alix, mariée au légionnaire Arnold de Helm, évocation de Charles Henneberg. Mais ne peut-on pas voir dans le roman l’histoire d’Alix, évocation de l’auteur, qui hésite entre ces deux amoureux, qui reste fidèle à son mari dans cet univers. Mais quid des autres univers entre lesquels elle et Ruy peuvent évoluer ? Au cœur des combats entre humains, en particulier les Légionnaires, entités d’antimatière qui dominent les Rhiias et certains humains artificiels, nous retrouvons le thème des amants éternels, voués à se retrouver et se perdre sans cesse...

 

L’évocation des Rhiias, les indigènes, dont certains obéissent aux entités d’antimatière, et d’autres se réfugient dans la forteresse assiégée, traités alternativement avec humanité et avec mépris, pose aussi des questions. Parce que si la Forteresse perdue représente le fort où ont combattu les légionnaires français et Charles Henneberg parmi eux, les Rhiias évoquent les Syriens et leur description comme des inférieurs embarrasse. Un problème dont ni l’auteur ni les lecteurs de la première parution n’avaient conscience...

 

D’une certaine manière ce livre est daté. Ce qui n’enlève rien à la qualité de son écriture et des images baroques dont Nathalie Henneberg nous a fait don. A lire, à découvrir ou à relire avec plaisir.

 

La forteresse perdue, de Nathalie Henneberg Éditions Gandahar, coll. Patrimoine de l’imaginaire, n°2, 2018, 228 p., 11€, ISBN 978-2-190504-03-9

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