Fille de l’eau (La), L’île des disparus T1

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La timide Tuva n’a pas grand-chose en commun avec ses camarades de classe. Elle ne se sent bien que sur l’île où elle habite, dans l’archipel de Stockholm dont elle connaît chaque recoin. Mais, alors que l’automne arrive, le changement se profile dans ce havre si tranquille. Des gens disparaissent en mer, des ombres se cachent sous les vagues et d’étranges lueurs éclairent la forêt. Lors d’une sortie, l’un des élèves s’évapore à son tour. La jeune fille se retrouve embarquée dans une terrible aventure, là où les vieilles superstitions des marins rencontrent la mythologie nordique...

 

Mon avis

Le scénario de ce roman est une pépite, sans exagération. D’abord, nous sommes confrontés à un début empli de suspense, où l’on met en scène un terrible incident sans explication du contexte et des personnages. Le chapitre suivant nous emmène alors dans le quotidien monotone et triste de Tuva. En effet, sa vie n’est pas des plus faciles : elle est rejetée, voire parfois insultée, par ses camarades de classe depuis qu’elle est toute petite, n’a aucun ami hormis son chien et rend parfois visite à sa mamie qui, elle aussi, semble en avoir contre elle. Bien que peu d’informations nous soient données, on ne peut s’empêcher d’avoir de la peine pour la jeune adolescente. On ne cesse de se demander « A-t-elle fait quelque chose de mal pour mériter autant de haine ? », mais peu importe la réponse, nous savons au fond de nous qu’elle ne mérite pas tout cela et ça la rend d’autant plus attachante. Mais je reparlerai d’elle dans le paragraphe sur les personnages !

Sinon, je trouve que les auteures exploitent vraiment bien les contes marins et la mythologie nordique ; je ne me rappelle pas avoir lu une histoire portant sur les créatures qui nous ont été présentées dans le roman, bien que nous en connaissions certaines d’entre elles.

 

Viveca et Camilla Sten revisitent avec brio des légendes et superstitions moins connues et usent d’un style très fluide. Bien que facile à lire et addictif, le livre fait cependant planer une ambiance d’angoisse et de malaise le long de notre lecture. Pas une fois, nous nous reposons sur nos lauriers. Les phrases rythmées percutent le lecteur et accélèrent les battements de son cœur. Un style singulier où se mêlent deux plumes aiguisées à la perfection. Ce roman se dévore sans modération ; mais quelle tristesse d’arriver à la fin !

 

Focus sur les personnages, en reprenant ce que je disais sur Tuva. Déjà, c’est la narratrice du roman, donc nous avons accès à l’entièreté de ses pensées. Les protagonistes narrateurs, avec moi, ça passe ou ça casse. Ici, c’est passé crème. Cette fille a le cœur sur la main, mais ne reçoit en retour que de la haine, sans vraiment comprendre pourquoi. Beaucoup de choses négatives lui tombent dessus et elle se voit contrainte d’y faire face avec son jeune âge. Bien que timide, elle s’avère très forte et courageuse. Et quand elle aime quelqu’un, elle est prête à tout pour protéger cette personne. À travers le récit, une faible évolution du personnage voit le jour, mais vraiment légère, puisque dès le début Tuva se montre déjà mature, gentille et intelligente. En dehors d’elle, il y a Rasmus, le seul hors narration dont je vais parler. Il s’agit d’un nouvel élève qui, avant la disparition de son ami Axel, ne prêtait pas énormément d’attention à Tuva. Son meilleur ami imitait et se moquait souvent d’elle, tandis que Rasmus restait le plus souvent très taiseux. Suite à l’incident qui se déroule au cours de leur sortie scolaire, ce personnage prendra un peu plus d’importance. Je l’ai trouvé intéressant et très sage. Au début, nous avons un préjugé sur lui mais il montre rapidement son vrai visage, et nous ne pouvons que l’apprécier. Malgré tout ce qui les dépasse, ces deux personnages devront faire face à d’étranges situations et s’armer de courage pour tenir bon.

 

Quand le récit se termine, le lecteur se sent libéré d’une lecture glauque et oppressante, à la fois fantastique et merveilleusement ficelée. La fin donne très envie de lire la suite, et j’avoue que j’étais vraiment dégoûtée de ne pas avoir le deuxième tome à portée de main. C’est une saga dont on ne ressort pas indemne. De plus, les auteures en ont profité pour insérer un message à leurs lecteurs en ce qui concerne un sujet qui leur tient particulièrement à cœur : l’écologie. La façon dont le scénario est tourné fait office de morale très légère, mais que nous ne pouvons ignorer. Les statistiques données clôturent l’histoire de Tuva avec spectacle, comme on dit. Une chouette initiative ! Bon, maintenant, je n’ai plus qu’à attendre le deuxième opus avec impatience…

Grosso modo, le premier tome de L’ile des disparus est un vrai roman de fantastique : le surnaturel provoque peur, angoisse et malaise chez le lecteur, tout en l’oppressant par un style léger et rythmé. Le suspense reste ancré dans chaque page de ce roman, jusqu’à ce qu’il ait réalisé sa mission d’emmener le lecteur à la dernière ligne de l’histoire. Rejoignez le bateau à moteur de Tuva afin d’explorer les régions atypiques mentionnées dans le livre, mais méfiez-vous de l’eau… Quand les légendes maritimes s’entrechoquent avec la mythologie nordique, la surprise et le mystère deviennent inévitables. Attachez-vous bien !

 

L’île des disparus, tome 1 : la fille de l’eau par Vivera Sten et Camilla Sten, Michel Lafon, 320 pages.

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