Entre ciel et enfer

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Dans le genre livre qui déstabilise, en voilà un qui « dépote ».

 

On est en 1348, en plein moyen-âge, temps de peste, Dieu a abandonné les hommes. On suit un chevalier (mais en fait c’est un déserteur) qui a intégré, par esprit de survie, une bande de gredins qui pillent la Normandie ravagée par la maladie et une famine sans précédent.

Un soir, le groupe tombe sur un âne et en fait son premier repas un peu solide. Apparait une enfant, presque une ado, qui signale que c’est son âne, que son père est mort de la peste et que les bandits sont priés de l’aider à enterrer le cadavre pourrissant.

Loin de vouloir porter de l’aide à la très jeune Delphine, les hommes envisagent plutôt de la violer mais Thomas a un sursaut de chevalerie et exécute ses comparses.

Le voilà sur les routes de France avec une enfant étrange qui lui colle aux basques, une enfant qui provoque des phénomènes démoniaques – ou angéliques. Thomas et le prêtre qu’ils rencontrent doivent choisir à chaque épreuve de quel côté ils se trouvent.

 

Pourquoi déstabilisant ? Parce que du début à la fin, l’auteur nous présente un récit enchâssé dans la réalité d’un pays en perte totale : peste et famine nous rappellent à la matérialité de la vie. Et au milieu de descriptions crues, terre-à-terre, le texte décolle dans le merveilleux, le fantastique, l’irréalité. Et par la même occasion nous sort de notre confort de lecture car on se pose des questions : est-on dans un roman sur la vie au moyen-âge ou dans un conte ? Et jamais nous ne pouvons rester sur une opinion parce que la page suivante, c’est tout le contraire.

 

Que penser de choses aussi matérielles que la description d’un corps en putréfaction quand le chapitre suivant, on est face à un monstre maléfique qui mange les gens qui s’approche des bords du fleuve, mais qui ressemble à un énorme kracken fluvial ?

 

Christopher Buehlman nous livre un roman très fouillé sur la vie au XIVe siècle mais aussi sur ce qui a poussé à créer l’Inquisition : des phénomènes inexpliqués et la crédulité.

 

Le tout se lit dans un inconfort du début à la fin, mitigé entre fascination et écœurement, entre un « c’est pas possible » et un « mais il nous mène où ? » jusqu’à une apothéose digne d’un feu d’artifices de fête nationale.

 

Delphine – dont le prénom nous est confié assez tard – nous fait penser sans cesse à Jehanne d’Arc, même si la chronologie n’est pas conforme.

 

Ce livre m’a donc laissée un peu confuse : d’un côté, je l’ai lu super vite et de l’autre, j’ai eu du mal à adhérer à l’impression que les faits et horreur fantastique étaient présentés sur le même pied, comme des aspects de la même chose, aussi réels l’un que l’autre.

 

Entre ciel et enfer par Christopher Buehlman, traduit par Alexandra Maillard, illustré par Axel Mahé, Fleuve éditions

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