Dyschroniques (suite)
Les Éditions « Le Passager clandestin » poursuivent la publication de ces novellas américaines de l'Age d'or avec quatre nouvelles livraisons.
Poul Anderson : La main tendue (1950)
Cette nouvelle, l'une des premières du célèbre écrivain, se ressent de l'atmosphère de la guerre froide. La Terre fait l'admiration de la galaxie entière pour sa puissance technologique. Une guerre entre deux planètes vient de se terminer. L'une des deux adoptera pleinement le mode de vie terrien pour « progresser », à la manière coloniale, l'autre décidera de poursuivre une évolution personnelle. La conclusion n'est pas celle que l'on aurait pu attendre d'un auteur étiqueté « à droite ». Un beau récit, un rien daté quand même.
Damon Knight : Le royaume de Dieu (1954)
Joli texte, qui n'est pas sans évoquer l'admirable et si émouvant Cher Démon d'Eric Frank Russell (1954). Ici aussi, un extraterrestre arrive seul sur la Terre. Mais son message de paix n'est cette fois pas compris. Emprisonné dans une caserne secrète, il est enlevé par un journaliste curieux et dubitatif quant au message de l'alien. Message qui repose simplement sur l'adage « Qu'il vous arrive ce que vous faites aux autres ». La loi du talion, en quelque sorte. Par cette théorie, le monstre tripède espère amener les terriens à plus d'humanité... Une belle idée, mais un style un peu sec.
Fritz Leiber : Le pense-bête ( 1962)
Gusterson est inventeur. Il est payé pour inventer. Un masque-beauté ? Un débarrasseur de taupes ? Un ramasseur de poils et de fils ? Et puis viendra l'idée-choc : « une secrétaire automatique qui enregistrerait mes ordres et qui me rappellerait le moment où je veux écouter la télé, téléphoner à quelqu'un... ». Et c'est parti. Bien sûr, la machine s'enraye ou plutôt s'emballe : le monde est modifié de fond en comble par l'invention de ce « mémoriseur » qui finira par s'incruster physiquement dans le corps de l'homme et complètement le phagocyter. C'est l'arrivée de l'Intelligence Artificielle ! L'entourloupette finale de Leiber est amusante, mais l'inquiétude était donc déjà présente en 1962.
Franck M. Robinson : Vent d'est, vent d'ouest (1972)
Le Jour de la Restitution, tous les propriétaires de véhicules privés ont dû rendre leurs voitures, pour cause d'engorgement et de pollution par le smog. Jim, employé de la société de surveillance Air Central, est chargé de traquer les fraudeurs. Car il y en a, évidemment, des petits malins, qui, dans les campagnes perdues, astiquent, louent ou vendent des automobiles, sous le couvert de « clubs de passionnés ». Et certains sont même des hauts bonnets d'Air Central. C'est ce que va découvrir le pauvre Jim... Un beau texte d'un auteur trop rare.
Quatre nouvelles qui démontrent que la SF, dès les années 1950, pouvait mettre le doigt sur ce qui risque de survenir.
Éditions Le Passager clandestin, coll. « Dyschroniques », Neuvy en Champagne 2014
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