District 9

Réalisateur: 

Plan 9 from outer space



Invasion Johannesburg

Le film démarre sur un reportage TV nous relatant un jour la découverte d’un gigantesque vaisseau spatial en vol stationnaire quelques centaines de mètres au-dessus de Johannesburg avec à son bord un peuple de rescapés en bien piteux état, venu d’une lointaine planète. Leur vaisseau est tombé en panne et étant dans l’incapacité de pouvoir faire les réparations nécessaires, les aliens à l’apparence insectoïde, qui sont malades et affamés, sont alors parqués dans l’enceinte d’un bidonville insalubre, baptisé “District 9”, en attendant que les différentes nations du monde décident de ce qu’on pourrait faire de ces réfugiés bien encombrants, surnommés péjorativement les “crevettes” par les humains.
La cohabitation forcée avec ces horribles extraterrestres pousse rapidement la population de Johannesburg à bout. Certains aliens, tombés dans la délinquance, se sont échappés du District 9. Ils se livrent à du vandalisme en pillant des magasins et il leur arrive même à l’occasion de tuer des humains. Les années ont passées sans qu’on ait trouvé la moindre solution à cet épineux problème.

Ne sachant que faire, les autorités locales ont alors fini par engager une société privée, la Multi-National United (MNU) dans le but de reprendre le contrôle de la population alien par tous les moyens possibles. Composés de mercenaires sans foi ni loi, les bataillons paramilitaires armés de la MNU ne s’embarrassent pas le moins du monde des droits des aliens. Si une situation leur semble un tant soit peu dangereuse, ils n’hésitent pas à tirer dans le tas sans sommation préalable et à exécuter les créatures suspectes. Les dirigeants de la MNU n’ont que faire du sort des aliens mais sont, en réalité, intéressés
par les énormes bénéfices qu’ils feront si jamais ils arrivent à faire fonctionner l’extraordinaire arsenal confisqué aux aliens à leur arrivée sur Terre. Jusqu’à présent toutes leurs tentatives ont systématiquement échoué car ces armes au pouvoir dévastateur ne peuvent être activées que par des aliens. En effet, seul l’ADN alien permet d’activer leurs commandes et de déclencher leur mise à feu.

28 ans plus tard

Depuis l’arrivée du vaisseau spatial sur Terre, 28 ans se sont écoulés. La tension entre les extraterrestres et les humains est à son paroxysme lorsque la MNU s’apprête à organiser une vaste opération de déplacement de toute la population alien du District 9 vers le “District 10”, un nouveau camp de réfugiés situé à plus de 200 km de Johannesburg, afin d’apaiser les tensions entre les deux populations.
Qu’importe si le District 10 n’est formé que d’un alignement de milliers de tentes, le tout entouré de fil de fer barbelé et surplombé de miradors. Le plus dur reste donc à faire, à savoir transférer manu militari toute la population alien dans des convois à destination de leur nouveau lieu de résidence après avoir fait signer à chacun d’entre eux leur agrément sur un avis d’expulsion réglementaire. La supervision de cette fastidieuse tâche administrative est confiée à un modeste employé de la MNU : Wikus van der Merwe qui s’attaque avec zèle à ce travail sans se poser la moindre question sur le bien-fondé de cette déportation de masse.

Mutation

Accompagné d’une équipe TV qui le filme en pleine action, Wikus se rend d’une cabane de fortune à une autre pour signifier leur expulsion à chaque alien, qu’il soit d’accord ou pas, et lui faire signer le formulaire adéquat, donnant ainsi lieu à quelques séquences complètement surréalistes. Les choses finissent par mal tourner lorsque Wikus arrive chez l’un d’entre eux, dénommé “Christopher Johnson” par l’administration, car il s’avère que ce dernier manigance depuis longtemps quelque chose à l’insu de tous. Dans une pièce secrète située sous son baraquement de fortune, l’alien vient juste de terminer de fabriquer un mystérieux fluide qu’il a enfermé dans un cylindre métallique.
Ignorant totalement de quoi il s’agit, Wikus ouvre le cylindre et se fait alors accidentellement contaminer par le fluide qui se met à modifier son ADN. Quelques heures plus tard, Wikus est victime d’une horrible mutation qui le transforme petit à petit en alien et de chasseur, il devient victime. L’une de ses mains est désormais identique à celle des aliens lui permettant d’actionner les armes extraterrestres, ce que nul autre humain n’a encore jamais été capable de faire. Traqué comme une bête sauvage par les humains, Wikus finit par se réfugier dans le seul endroit où il peut se cacher de ses poursuivants : le District 9. En raison de son statut d’hybride capable de faire fonctionner l’arsenal alien, la MNU est prête à tout pour mettre la main sur Wikus afin de l’étudier comme un vulgaire cobaye.

L’arme fatale


Plutôt que de dramatiser l’arrivée d’un gigantesque vaisseau extraterrestre (comme c’était, par exemple, le cas dans Independance Day) au-dessus de l’Afrique du Sud suivie du regroupement de cette immigration alien non désirée (ce qui représente plus d’un million de créatures qui vont encore accroître leur nombre en se reproduisant au fil des ans) parquée par les autorités sud-africaines dans un ghetto insalubre improvisé à la hâte à la périphérie de Johannesburg, Blomkamp choisit de nous relater les évènements sous la forme d’un documentaire au travers de divers reportages TV, de témoignages de personnes présentes, d’interviews de spécialistes en tout genre ainsi que de micro-trottoirs d’humains donnant leur avis sur le sujet. C’est ainsi que le spectateur se voit résumer en quelques minutes, les 28 ans qui se sont écoulés entre l’arrivée du vaisseau et le moment présent tout en lui faisant prendre conscience des tenants et des aboutissants tout à la fois sociaux, politiques et économiques, engendrés par la venue sur Terre de visiteurs non désirés.


On peut alors rentrer dans le vif du sujet et suivre les déboires du malheureux Wikus, l’archétype d’un antihéros ordinaire involontairement confronté à une situation qui le dépasse totalement et le transforme, bien malgré lui, en personnage central extraordinaire. Terrorisé par l’horrible mutation génétique dont il est l’innocence victime, il se retrouve seul et pourchassé non seulement par les soldats de la MNU mais aussi par des chasseurs de primes, intéressés par la récompense promise pour sa capture, auxquels vient également se rajouter un gang de Nigérians qui sème la terreur dans le ghetto et organise un marché noir lucratif en vendant à des prix prohibitifs aux aliens des boîtes de pâtée pour chats qu’ils apprécient tant. Leur impitoyable et sadique chef est prêt à tout pour mettre la main sur le secret du maniement des armes extraterrestres, y compris à se livrer à d’horribles actes de cannibalisme, pensant ainsi arriver à modifier son ADN en ingérant de la chair alien.

Pris en tenailles entre ses nombreux poursuivants qui ne lui veulent que du mal et l’horrible mutation qui le terrorise et qu’il ne peut empêcher, Wikus voit désormais les choses sous un angle nouveau. Confronté à une situation qui le dépasse totalement, sa seule chance de pouvoir s’en sortir et de reprendre un tant soit peu le contrôle de sa vie, qui ne tient plus qu’à un fil, est de faire alliance avec des aliens (en l’occurrence Christopher Johnson et son jeune fils Little C.J.) pour lesquels il n’éprouvait pourtant jusqu’alors aucune sympathie et encore moins de compassion vis-à-vis de leur triste sort. Le film passe alors du style docu au buddy movie, agrémenté de moult gunfights dont un affrontement sanglant entre une unité militaire surarmée de la MNU et Wikus qui se retrouve emprisonné à l’intérieur d’un puissant méchanisme bénéficiant d’une technologie extraterrestre dévastatrice (ce qui n’est pas sans nous faire penser à Transformers), le tout au cœur d’un bidonville où s’entremêlent divers enjeux dramatiques.

Rencontres du Troisième Type


Avec District 9, Blomkamp réussit à vraiment renouveler le genre en donnant à un classique récit de SF (du moins en apparence) une profondeur et une résonance toute particulière. En alliant le pur divertissement d’une étonnante série B à une réflexion philosophique sur les peurs universelles de notre société à la dérive, il nous dépeint avec justesse et impertinence (en raison du point de vue satirique qu’il porte sur le sujet) les conséquences sociales, politiques et économiques d’une soudaine concentration d’immigrants extraterrestres au cœur d’un ghetto, situé à la périphérie de Johannesburg, pour mieux mettre en exergue les problèmes liés au racisme vis-à-vis des “Autres”, ceux qui sont différents, et de la violence qui va souvent de pair. En choisissant de filmer une partie du film à la manière d’un reportage de guerre, le spectateur se retrouve plongé au cœur de l’histoire bien plus efficacement que s’il avait opté pour la 3D. Sous le couvert d’une uchronie de SF, Blomkamp revisite de façon très originale l’Apartheid avec ses préjugés et ses diverses exactions commises à l’encontre de ceux qui, en raison de leurs apparences, ne sont pas les bienvenus.

Afin de sortir résolument des conventions du genre et d’apporter une approche ultra-réaliste à un film de SF, Blomkamp brouille les frontières entre les divers styles cinématographiques en utilisant trois procédés différents pour raconter son histoire. C’est ainsi que les scènes dramatiques concernant Wikus ont été filmées avec une caméra de reportage afin d’obtenir des images brutes et authentiques tandis que la 2ème composante est celle des images des documentaires fictifs et la 3ème est constituée de vraies images tournées par la South African Broadcasting Corporation, par Reuters ainsi que par d’autres agences de presse. Les aliens sont ici aux antipodes de ce qu’on a l’habitude de voir tant par leur comportement que par leur apparence physique. A l’exception de quelques-uns (des délinquants qui ont mal tournés), la quasi totalité d’entre eux est inoffensive et sans défense. Ils sont incapables de trouver de la nourriture par eux-mêmes et n’expriment aucun désir particulier de faire quoi que ce soit.
Même s’ils ressemblent en apparence à des guerriers carapaçonnés, ils n’éprouvent pourtant aucun sentiment belliqueux vis-à-vis des humains. Ils sont juste perdus sur une planète dont les us et coutumes sont très différents des leurs et dont il leur est impossible de repartir, faute d’être en mesure de pouvoir réparer leur vaisseau spatial en panne. Depuis 28 ans, ils se sont résignés à leur triste sort et végètent depuis lors dans le camp dans lequel les humains les ont parqués.

L’un des points forts du film réside dans les effets visuels et, plus particulièrement, dans l’apparence des aliens dont on doit l’incroyable design à Weta puis la création numérique à Image Engine. Ils ont un exosquelette d’insecte croisé avec celui d’un crustacé. Ils ont des jointures tendineuses et fragiles entre les parties dures de leur carapace, un peu comme les crabes et les langoustes. Ils inspirent le dégoût et secrètent une sorte de résine. Ils ont été créés grâce à un mélange d’effets visuels et d’effets spéciaux physiques car certaines parties de leur corps, comme leur taille très fine et leurs jambes coudées auraient été très difficiles à animer autrement.

District 9

Réalisation : Neill Blomkamp

Avec : Sharito Copley, David James, Jason Cope, Vanesa Haywwod

Sortie le 16 septembre 2009

Durée : 1 h 52

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