Diamants sur macchabées

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Ancien policier devenu détective privé, Jefferson Fergusson tente de survivre en acceptant la plupart des enquêtes qui lui sont confiées. C’est ainsi qu’il fait la connaissance de Véra Llerellyn, dont le frère David a disparu. Alors qu’il est persuadé que le jeune homme est mort et enterré quelque part en ville, Fergusson réalise assez vite qu’il n’est pas seul à s’intéresser à cette disparition soudaine. En particulier son ancien collègue, Bridges, brutal et retors, devenu chef de la police, mais également Tony Di Marzo, un gros patron de la pègre locale. Et si l’affaire était liée à un important vol de bijoux survenu quelques années plus tôt ?

 

Au fur et à mesure qu’il progresse, avec la désagréable impression qu’on cherche à le doubler, Jeff Fergusson soulève certains secrets qui n’ont pas envie d’être révélés, et réveille de vieilles rancœurs. Rien n’est jamais bon lorsqu’on hante les rues de « La Ville ». Surtout lorsqu’on est un ancien flic…

 

Après s’être frotté à l’horreur classique, avec Whistlers ou encore Feuilles, Michael Fenris change donc de registre – enfin, non, il fait que ce devrait faire tous les auteurs, il raconte une nouvelle histoire, par plaisir, sans se poser de question – et nous propose un bel hommage au polar « hard-boiled » des années ‘40-50.

 

Avec son privé alcoolo et sa ville noyée de pluie Diamants… propose une balade au pays des porte-flingues, des petites frappes et des femmes fatales. Tout ce petit monde se croise et se recroise, à la recherche d’un pauvre bougre disparu… mais aussi d’un joli pactole composé des diamants du titre. Vu la somme en jeu, on comprend rapidement que les uns et les autres ont beaucoup de mal à jouer franc jeu et les coups de pute ne tardent pas à pleuvoir.

Entre vieille salle de boxe, appartements miteux et commissariat où les gentils ne sont pas toujours ceux que l’on croit, ce Diamants sur macchabées a toute la saveur de ces romans de gare à la couverture noire qui occupait les week-ends pluvieux des amateurs de Hammett, Spillane, Chandler ou MacDonald. Et c’est peut-être là, à la fois la force et la faiblesse de ce roman. Car à trop vouloir rendre hommage, à trop vouloir s’inscrire dans la déclinaison respectueuse des grands anciens, Michael Fenris oublie parfois que la puissance d’un roman-hommage réside aussi dans une forme de transgression, d’irrévérence, de distance par rapport au modèle.

 

Mais je pinaille. Au-delà de cette petite remarque bien anodine, Diamants… est un excellent roman noir comme on voudrait en lire plus souvent sous la plume d’un francophone.

 

Diamants sur macchabées, par Michael Fenris, Editions Eaux Troubles

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