Destruction libératrice (La)

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Il s’agit d’une œuvre peu connue de Wells, parue en 1913, avant la Guerre que ce livre imagine, et bien avant l’invention réelle des bombes atomiques qui, dans le roman, causent cette « destruction libératrice » qu’appelle Wells, la création d’un Gouvernement mondial, socialiste et scientifique.

 

Il s’agit donc d’une utopie positive dont, un siècle plus tard, on pourrait être tenté de sourire. À l’optimisme de l’auteur, qui imagine qu’à la fin d’une guerre particulièrement destructrice les gouvernements survivants se résoudraient à abandonner leurs derniers avoirs et pouvoirs en vue de la reconstruction et que les refus, les tentatives de prise du pouvoir ou de rebellions locales ne tueraient pas « dans l’œuf » la volonté d’union. On peut néanmoins lui reconnaître d’avoir envisagé tous les problèmes dont la résolution serait nécessaire, non seulement les problèmes politiques et sociaux, mais aussi ceux écologiques, le besoin d’énergies suffisantes et de faible coût, et la nécessité d’une mondialisation dans le respect de tous, bien différente de la globalisation actuelle.

 

On y rencontrera aussi, dans les premiers chapitres, une vision tout à fait insupportable aujourd’hui, mais généralisée alors, de la vision des « primitifs ». Quand il écrit que « ce primitif était un grand individualiste qui ne supportait personne d’autre que lui-même » (p.35), il prouve qu’il n’a pas compris Darwin, qui attribue exactement au contraire à l’entraide, à l’esprit social, la survie et le développement de l’espèce humaine. Un certain nombre d’autres affirmations péremptoires et, parfois, fausses, parsèment le roman, afin de pouvoir justifier la fin positive par une amélioration générale, constante, de l’humanité.

 

Mais il n’en reste pas moins que les idées sociales, et même socialistes, restent une base de la réflexion nécessaire pour éviter, demain, une catastrophe qui ne suffirait pas, contrairement au scénario de Wells, à permettre l’unification et un nouveau départ dans le bon sens de l’Humanité.

 

La destruction libératrice (The World set free), de H. G. Wells, traduit par Patrick Delperdange, préface de Tristan Garcia, Le Cherche-midi, 2022, 334 p., couverture de Justine Dupré, 19 €, ISBN 978-2-749-17265-1

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