Dernière fée de Bourbon (La)

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Chronique par Fungi Lumini, blogueuse partenaire, Livraison littéraire

 

Empire Britannique, 1873, sur l’île Bourbon hantée par les diwas, des créatures magiques, imprévisibles et dangereuses.

Lisha Payet, retirée toute petite à sa famille, a grandi sur l’île Maurice voisine. Quatorze ans plus tard, elle revient à Bourbon pour y devenir une parfaite épouse victorienne, sous l’œil critique de la bonne société saint-pauloise.

C’est sans compter le conflit qui éclate sur l’île. Prise malgré elle dans ce soulèvement, Lisha devra choisir son camp. Famille adoptive ou liens du sang ? Obéissance ou transgression ? Ami d’enfance ou officier à la beauté troublante ? Si encore elle ne jouait que sa propre vie ! Mais l’île Bourbon, à travers sa dernière fée, lui a confié son destin et celui de toutes les créatures qui l’habitent.

Du battant des lames au sommet des montagnes, Lisha en apprendra plus qu’elle ne l’aurait souhaité sur les diwas, les hommes et sur elle-même.

 

J’ai tout de suite craqué pour la magnifique couverture de ce livre, réalisée par Nicolas Jamonneau ! J’avais également envie de découvrir la plume d’Ophélie Bruneau, qui participe notamment à l’extension des univers de Freaks’ Squeele et du donjon de Naheulbeuk, que j’adore. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais une fois commencée, il m’a été impossible d’arrêter ma lecture !

On suit la jeune Lisha, tout juste mariée, qui retourne vivre sur son île d’origine – l’île Bourbon. Elle est une enfant de l’étang : enlevée très jeune à ses parents pour les punir d’avoir participé à une révolte, elle a été élevé par des nobles sur l’île Maurice mais elle est destinée à revenir sur l’île Bourbon à la suite de son mariage avec Narcisse. Une nouvelle révolution se prépare sur l’île et Lisha va y être mêlée, bon gré, mal gré. Le personnage narrateur change parfois pour nous permettre de connaitre toutes les facettes du récit, surtout au moment de la révolte.

Le livre commence avec une chasse aux diwas de feu : petites salamandres vivant sur le volcan, mortelles au toucher pour l’homme, elles sont tuées et ramenées en ville pour toucher une prime. Ce début ne m’a pas plu : j’ai beaucoup de mal à lire des descriptions de souffrance animale et l’extermination de ces petites créatures mignonnes et innocentes me brisait le cœur. Heureusement, dès la fin du premier chapitre, des groupes tentent de sauver ces esprits élémentaires !

La suite de l’histoire nous plonge dans le XIXe siècle. J’ai trouvé qu’il y avait énormément de recherches de la part de l’auteure pour décrire les paysages et surtout les us et coutumes de l’époque présentée. Les conventions sociales sont strictes : les différences entre les nobles et les domestiques, les colons et les colonisés, l’homme et la femme, sont encore fort marquées. Certains passages m’ont d’ailleurs fait sourire, par exemple le fait que le père de Lisha s’imagine que s’il dit à sa fille et à sa nièce de bien s ‘entendre, elles seront obligées de le faire, parce qu’il est l’homme de la famille et qu’il décide de ce qui doit être ou ne pas être sous son toit.

L’histoire en elle-même est très prenante : le chemin de vie de Lisha est pavé d’obstacles qu’elle doit surmonter tant bien que mal, mais toujours avec l’appui des personnes qui lui sont chères. Les rebondissements sont nombreux et souvent très surprenants. J’ai beaucoup aimé la façon dont Ophélie Bruneau lie la trame narrative avec des descriptions magnifiques de l’île. La magie est omniprésente dans cette histoire et nous fait rêver à un monde meilleur pour tous.

Lisha est une protagoniste très attachante : elle vit des moments difficiles et doit prendre des décisions compliquées malgré son jeune âge. Elle est pleine d’amour et d’innocence, même si elle a un caractère typé de la noblesse de l’époque : elle a besoin d’assistance pour s’habiller, pour faire à manger, pour se promener, bref pour un peu tout ce qui nous semble à nous – gens de l’époque moderne – des choses de la vie de tous les jours. J’ai aussi beaucoup aimé le personnage de Kala, domestique de Lisha pleine de douceur et de joie de vivre, qui deviendra son amie, sa confidente et qui va se révéler être bien plus encore.

Seul petit bémol de ce récit, j’ai trouvé la part de romance un peu sous-développée par rapport aux autres aspects de l’histoire. C’est en accord avec les convenances sociales de l’époque, mais j’aurais apprécié un peu plus de fougue amoureuse de la part de l’héroïne !

Je recommande cette lecture prenante qui vous fera découvrir l’île Bourbon/de la Réunion et le XIXe siècle. Une histoire de révolte et de magie, d’amour et d’esprits de la nature dans une ambiance aux teintes steampunk.

 

La dernière fée de Bourbon, par Ophélie Bruneau, couverture par Nicolas Jamonneau, éditions du Chat noir, septembre 2012, 334 pages, 979-1090627802, 19,90€

 

Le lien du blog : https://livraisonslitteraires.wordpress.com/2016/05/31/la-derniere-fee-de-bourbon/

Lien externe : http://editionsduchatnoir.com/shop/fr/58-la-derniere-fee-de-bourbon.html

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