DI ROLLO Thierry

Auteur / Scénariste: 

Thierry Di Rollo est un auteur à part. Il jongle avec les genres passant de la fantasy (Bankgreen), à la science-fiction (Le syndrome de l’éléphant), le fantastique (La profondeur des tombes), au roman noir avec Les solitudes de l’ours blanc que nous vous présentons ici.

Un auteur complet à la voix originale et personnelle.

Quand tu commences à écrire, pars-tu d’une idée précise, d’un rêve ?

D’une image, d’une vision claire et instantanée. Je ne peux pas embarquer dans la rédaction d’un roman si aucune image ne s’impose devant mes yeux, à un moment ou un autre. Cela vient peut-être de ma fascination pour le cinéma et quelques réalisateurs qui m’ont profondément marqué : Kubrick, Truffaut et plus près de nous, Fincher. Quand j’écris, je vois d’abord ce que je vais coucher sur mon écran. Et l’élément déclencheur est forcément une image. Et puis, j’ai eu la chance aussi, peut-être, de commencer de lire avec Wells qui était un écrivain très « visuel ». Bradbury a suivi. J’aurais commencé par Dick, un auteur plus centré sur l’ambiance, j’aurais probablement suivi une autre voie littéraire. Je n’en sais rien, en fait.

Travailles-tu à partir d’un synopsis ? Est-il détaillé ?

Le synopsis, généraliste, est dans ma tête. Je note au fur et à mesure de l’écriture les différents points sur lesquels je dois revenir dans le paragraphe en cours, ce genre de choses. Je ne peux pas mettre noir sur blanc le déroulé des chapitres. C’est trop paralysant, pour moi, parce que j’ai l’impression que le bouquin est déjà écrit. Et puis, il y a une part non consciente au cours de la rédaction. Des idées qui viennent en écrivant. Je ne veux surtout pas m’affranchir de cela avec un plan monolithique, trop raide, trop figé. J’ai besoin d’un peu de surprise, quand même. Sinon, je m’ennuie vite et j’ai envie de passer à autre chose.


Quelle était ta motivation profonde pour écrire Les solitudes de l’ours blanc ?

Suivre quelqu’un jusqu’au bout, comme toujours. Parler de ce que peut être une existence humaine et dont on n’a pas toujours idée.

En écrivant Les solitudes de l’ours blanc avec ce personnage de tueur solitaire, as-tu pensé à La position du tireur couché de Jean-Patrick Manchette ?

Non. Je n’ai jamais lu Manchette.

Pourquoi avoir écrit l’épilogue sur la jeune femme ? Expliquer aussi profondément ses ressorts secrets était-ce vraiment utile ?

Peut-être pour ajouter au côté tragique d’une existence, celle de cette jeune Jenny. Pour appuyer là où ça fait mal, parce que la vie est encore plus implacable qu’un roman de fiction et qu’il ne faut jamais perdre de vue cette évidence. Et même en révélant ce qui la concerne, est-ce que j’ai dit qui elle était vraiment ? Je ne crois pas. Les êtres que l’on croise au long d’une vie, y compris ses proches - surtout eux, peut-être -, sont, au bout du compte, définitivement insaisissables en leur entier.

Le diptyque Bankgreen/Elbrön a marqué les lecteurs : n’avons-nous vraiment aucune chance de revoir Mordred le varanier ?

Euh ! Pas la moindre, non. Et même si le diptyque s’est plutôt bien vendu, d’ailleurs. En même temps, je dis cela, mais Mordred pourrait repointer le bout de son heaume à la faveur d’une réédition, par exemple. Il faudrait alors un gros projet pour me donner l’envie d’y revenir. J’ai tendance à penser que, quand c’est fini, c’est fini. Et puis, la demande d’un retour est très ponctuelle, éparse, de la part des lecteurs ; je n’ai pas une horde de fanatiques qui supplient, à longueur de pages Facebook ou autres, le retour du varanier. En clair, je n’ai pas la pression d’un Martin ; je ne joue pas dans la même cour. Il ne faut quand même pas oublier que l’édition reste d’abord une activité économique... On peut tourner le problème dans tous les sens, ça reste une réalité incontournable.

Tes projets ?

Un space-opera à paraître au Bélial, un roman historique chez ActuSF, le tout en 2014. Un autre roman fantasy pour Le Bélial encore - et qui reste à écrire, bien sûr ; Olivier est le seul à avoir cru en Bankgreen. C’est donc avec lui que je rempile.

Enfin, d’une façon plus générale, continuer d’avoir envie d’écrire. En soi, c’est déjà un défi à renouveler quotidiennement, en ce qui me concerne tout du moins. Souvent, je ressens une profonde lassitude, tu sais.

Critique de "Les solitudes de l’ours blanc".

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