Athéisme expliqué aux croyants (L')

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Cet essai sur l’athéisme ne correspond pas a priori au type d’ouvrages habituellement décortiqués sur le site de « Phénix Web ». Son rapport avec les mondes imaginaires qui nous préoccupent à l’accoutumée peut d’ailleurs, de prime abord, sembler obscur.

Pourtant, la question du divin infuse l’essentiel de la littérature et des films qui nous sont chers. Que ce soit dans le domaine du médiévo-fantastique, dans celui de la terreur ou dans bon nombre de récits de science-fiction, les éléments relevant d’une surnature abondent. La question de leur existence constitue même souvent le cœur de l’intrigue (revoir les « X-Files » pour s’en convaincre, série télévisée basée sur la confrontation d’un approche fondée sur le matérialisme (Scully) et d’une approche acquise d’emblée aux para-sciences (Mulder)).

La ribambelle de poltergeists, de fantômes, de démons, de divinités multiples qui peuplent ces mondes imaginaires est garante de la richesse créative de nos genres de prédilection. Le temps d’une escapade ludique, nous mettons de côté les strictes lois de la physique qui gouvernent notre univers pour nous évader dans des espaces animés de volontés multiples, en rupture flagrante avec l’ordre du monde au sein duquel nous évoluons.

Le fait d’apprécier ce type de fictions, irréalistes au possible, n’exclut pas pour autant l’intérêt qu’on peut porter à l’éducation d’un esprit tourné vers le matérialisme et la science. Rien de contradictoire au fait d’apprécier le surnaturel dans le cadre de ses divertissements tout en nourrissant une distance critique vis-à-vis des éléments décrits dans ces récits. On pourrait même arguer que cet intérêt constitue une soupape de sécurité, un véritable « Inconscient diurne », un moyen de déverser certaines frustrations issues d’un « désenchantement du monde » causé par le règne toujours plus impérieux du rationalisme (on peut, à l’inverse, s’extasier devant le champ chaque jour plus vaste des découvertes scientifiques et soutenir que le monde n’a jamais été aussi passionnant qu’aujourd’hui - ce qui tendrait à être mon point de vue).

Quoi qu’il en soit, le livre de Paul Desalmand permet, de manière tout à fait abordable pour un lecteur novice en la matière, d’effectuer un rapide panorama de l’athéisme et des questions qu’il suscite. Il s’ouvre sur la définition de cette notion, avant d’étudier son évolution à travers les âges, d’Epicure à Taslima Nasreen. Il s’intéresse ensuite aux controverses classiques débattues par les tenants des deux bords : si Dieu (les dieux) existe(nt), comment expliquer le mal qui sévit sur Terre ? Quelles sont les sources alternatives pour la morale dans un Univers expurgé de volontés divines ?… Il aborde enfin les relations compliquées qu’entretient l’athéisme avec le fait étatique, avec la question des droits de l’homme, etc.

La sortie de l’état de minorité cher à Kant passe nécessairement par le lecture de tels ouvrages. Ce qui ne signifie pas que l’on doive pour autant abandonner les plaisirs (défendus ou non) liés à une conception magique du monde - si tant est que cela se fasse avec tous les éléments en main, dans un cadre propice à l’épanouissement de son imagination. Et quoi de plus adéquat pour ce faire que les genres créatifs énumérés en ouverture de cet article ?

Paul Desalmand, L’athéisme expliqué aux croyants, 253 p., Le Navire en pleine Ville

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