Cycle de Cybione (Le)

Quatre premiers romans de ce cycle : Cybione, Polytan, Keelsom Jahnaïc et L’œil du Spad.

 

Relire Le cycle de Cybione en sachant que le cinquième récit, Kwak, qui devait s’y ajouter et le poursuivre, n’a pu être achevé, donne à cette relecture (découverte partielle avec le quatrième épisode) un goût amer. Mais n’empêche pas de voir que ce qui était au départ un simple récit d’aventures spatiales non sans quelques allusions aux manques de la démocratie et aux espoirs d’un régime vraiment libre (libertaire, au sens correct du terme) devient, d’abord avec l’introduction d’une vision optimiste de la Jamaïque à peine camouflée dans Keelson, Jahnaïc, ensuite avec le début de la révolte de l’héroïne et l’espoir d’une construction démocratique non polluée par les multi-planétaires qui semble apparaître dans L’œil du Spad, la construction d’une utopie à venir qui, peut-être, réussirait. Cette série inachevée répond donc aux autres utopies d’Ayerdhal, Polytan rappelant d’ailleurs le rêve enclavé de Parleur.

 

La Cybione, Elyia Nahm, est un androïde[1] (ou « cybernetic biologic clone ») créé par un savant fou, Lisk Ender Tan, doté de capacités surhumaines et capable de renaître au gré de la volonté de son propriétaire avec, sinon une mémoire complète de ses incarnations passées, au moins la mémoire « engrammée », conservée dans la machine Phenix qui lui est consacrée. Et cet androïde est utilisé par l’Agence Ender, dirigée par Saryll, comme enquêteur et agent secret dans les cas où les agents normaux n’ont pu achever leur tâche de contrôle des planètes où l’Agrégat d’Eben a mis en place des « démocraties libérales » type « républiques bananières » de la Terre. Les récits successifs de ce volume vont nous montrer, d’abord, deux interventions de l’héroïne sur des planètes où le gouvernement fantoche est remis en cause ou attaqué par une puissance hostile à l’Agrégat d’Eben. Puis, les épisodes suivants vont montrer Elyia en train d’essayer de s’affranchir de son esclavage, mais le succès de cette libération n’est pas encore assuré à la fin du quatrième, et dernier à ce jour, épisode.

 

En fait, loin d’une simple histoire de super-héros au milieu de pantins, ce cycle montre l’apparition et l’évolution de certains personnages au départ secondaires, qui vont devenir les mailles d’un réseau qui définit plus Elyia par l’effet qu’elle produit que par ses actes et déclarations. Le Cycle n’a pas une héroïne, mais un héros multiple, ce groupe qui se construit et s’élargit de roman en roman autour du personnage central. Lequel acquiert lui aussi une profondeur qu’il n’avait pas dans les premiers épisodes grâce à ses interactions avec les autres membres du groupe. Et, paradoxalement, ce sont les femmes qu’elle rencontre, plus encore qu’Elyia qui aurait pu n’être que la super-héroïne d’un fantasme masculin (n’est-elle pas, d’une certaine façon, vue ainsi par Saryll ?), qui assurent l’égalité entre hommes et femmes sur laquelle repose le Cycle.

 

Mais, comme toute utopie, celle-ci semble devoir rester incomplète. Il reste à espérer que Kwak, bien qu’inachevé, soit assez avancé pour qu’il soit possible de le publier...

 

Le cycle de Cybione d’Ayerdhal, Au Diable Vauvert, 2015. 762 p., 25€, ISBN 978-2-84626-900-1

 

[1]     J’emploie ce terme, masculin à partir du moment où le fait que Elyia soit de sexe femimin n’est pas essentiel, pour désigner un être créé par des procédés biologiques et semblable à un être humain. Je réserverais le terme « gynoïde » à des androïdes à usage exclusivement érotique.

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