Crève, Ducon !

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Ultime roman de l’auteur prolifique et du génial co-inventeur de Hara-Kiri et de Charlie, Crève, Ducon ! se veut, selon l’éditeur, comme une suite à son Lune de miel publié en 2010. Dans ce recueil fourre-tout, Cavanna explore son passé de mignot, de déporté du STO et de sa jeunesse. Sa lutte contre la maladie de Parkinson et sa perte d’envie d’écrire. Enfin, de son affection pour celle qu’il surnomme la petite Virginie, qui fut sa confidente littéraire et la quasi-traductrice de ses derniers propos. Cavanna y empile donc des souvenirs en vrac, qui se succèdent sur des chapitres brefs et souvent décousus. C’est un peu là que le bât blesse : comme il le confesse lui-même à plusieurs reprises, l’auteur a perdu la flamme qui l’animait, il est victime de la page blanche, et le lecteur a l’impression qu’il a été poussé à raconter, entre urgence personnelle de sentir peut-être sa fin proche, mais aussi urgence éditoriale, comme pour marquer une dernière fois un grand coup…

Mais Cavanna n’a pas été Cavanna pour rien. On retrouve parmi ses pages toute la flamboyance de l’auteur des Ritals, en particulier les souvenirs du STO, la vente des champignons, le drame sur la péniche, la souffrance face à la maladie. Il en profite également pour distribuer quelques coups de griffes, en particulier à Choron. Comme on dit populairement, Cavanna en avait encore sous le pied, ou ici sous la plume. Cette flamboyance qui sans aucun doute avait fait dire à Pierre Desproges qu’il était l’un des derniers grands écrivains vivants. C’est dans ces passages-là que la phrase « jusqu’à l’ultime seconde, j’écrirai » prend toute son importance, dut-il écrire de plus en plus petit et ne profiter que des accalmies que lui laissait Miss Parkinson.

Plus qu’un roman finalement, Crève, Ducon ! se veut presque un addendum, un complément que l’on pourrait sous-titrer « j’ai oublié de vous dire » au dernier opus de l’auteur. Subsistent de très belles pages, entrecoupées de moments un peu vides, dont sa relation avec Virginie qui n’aura pas su m’émouvoir, la rendant même parfois crispante.

Je remercie les éditions Folio pour leur confiance.

 

Crève, Ducon ! par François Cavana, editions Folio

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