The Children

Réalisateur: 

La vie de famille



Neiges sanglantes

Deux sœurs en compagnie de leurs maris et de leurs enfants respectifs (quatre enfants âgés d’à peine dix ans et même moins ainsi qu’une ado, rebelle et sexy, qui est très proche de son oncle) décident de se retrouver pour passer ensemble les fêtes de Noël dans une maison isolée en pleine campagne.
Ce moment de bonheur va pourtant vite prendre une tournure qu’aucun des adultes n’aurait pu imaginer lorsqu’un des enfants, porteur d’un virus inconnu, va contaminer ses petits camarades de jeux, les uns après les autres. Sous l’emprise de ce mal mystérieux, les enfants commencent par avoir un comportement inquiétant avant de s’attaquer carrément à leurs parents avec une cruauté implacable tout en faisant preuve d’une grande ingéniosité.

Famille, je vous hais

Le film nous dresse le portrait de deux familles modèles aux prises avec leurs enfants certes un peu plus turbulents que la moyenne mais pourtant loin d’être, de prime abord, de véritables monstres. Si au début tout ressemble à un conte de fées avec les retrouvailles des deux sœurs et de leurs familles respectives, des divergences de points de vue entre les adultes ne vont toutefois pas tarder à apparaître (plus particulièrement sur la manière d’élever leurs enfants) ce qui, par la suite, ne va faire qu’aggraver les choses lorsqu’ils seront confrontés à l’extrême violence de leurs enfants à leur égard. Deux styles de vie s’affrontent : d’un côté, on a le laxisme d’un couple de parents qui, au nom d’une certaine liberté, laisse faire à leurs enfants tout ce qu’ils veulent en ne leur fixant aucune limite, ni règles à respecter (on les laisse sortir de table alors que le repas n’est pas encore terminé, on les laisse jouer à l’extérieur sans la moindre surveillance, etc.) tandis que, de l’autre, on a des parents très exigeants et plus obsédés par l’idée de compétition que par le bien-être de leur progéniture (le père apprend le mandarin à sa fille pour le cas où, une fois adulte, elle aurait à faire du business avec des Chinois).


Tout commence par se tramer en douce sans que les adultes ne se doutent de quoi que ce soit avec la formation d’un clan réunissant les enfants déjà contaminés qui mettent à l’écart ceux qui ne le sont pas encore. Au fil des heures, les conflits entre parents et enfants s’intensifient. Les choses dérapent peu à peu et les parents finissent par ne plus rien maîtriser de la situation et ce, d’autant plus, qu’ils ont été émotionnellement fragilisés quelques heures plus tôt par un tragique et apparemment banal accident (ce qu’il n’est pas en réalité mais cela ils l’ignorent encore) qui survient et fait la 1ère victime. Seule Casey, l’ado rebelle qui n’est plus une enfant mais pas encore tout à fait une adulte, prend conscience que quelque chose d’horrible est en train de se produire mais elle se fait rabrouer pour avoir oser dire du mal des enfants. Contrairement à Casey, les parents ne s’apercevront de rien jusqu’à ce qu’il ne soit déjà trop tard pour eux car il leur est totalement impossible de concevoir que leurs propres enfants soient responsables des évènements horribles qui se produisent.

Les relations familiales sont ici au cœur de ce double huis clos dans la mesure où l’action se déroule alternativement à l’intérieur de la maison ainsi que dans son environnement proche (le terrain devant la maison, la serre, les bois avoisinants), l’ensemble étant coupé de toute aide extérieure (car bien qu’ils aient appelé une ambulance ainsi que la police à la suite du 1er drame, les secours n’arriveront jamais) ce qui poussera alors les parents dans leurs derniers retranchements et les obligera à devoir tuer leurs propres enfants pour survivre.

Froid dans le dos


The Children est un survival horrifique, dans l’esprit de ceux réalisés au cours des seventies, qui sort singulièrement des sentiers battus. En privilégiant l’aspect psychologique au détriment du gore quasi absent, on est carrément aux antipodes des screaming queens poursuivies par un psychopathe masqué et muni d’une arme quelconque (pioche, machette ou autre tronçonneuse). L’histoire se déroule ici dans un contexte familial alors que parents et enfants passent du bon temps devant un bon feu de cheminée et un arbre de Noël bien garni. Les charmants bambins, y compris les plus jeunes d’entre eux, se transforment sous l’emprise d’un mal mystérieux d’innocentes créatures en véritables petits monstres psychopathes ayant perdu tout sens moral et dont le jeu devient le moyen de trucider leurs parents en utilisant les objets du quotidien qui les entourent (une luge, un morceau de verre cassé, un crayon, …) mais tout en gardant leurs visages angéliques, ce qui les rend d’autant plus terrifiants.


Le scénario tient incontestablement la route (même s’il n’est pas parfait) sans jamais tomber ni dans la facilité, ni dans l’exagération visuelle. Par ailleurs, le fait d’avoir mis au cœur de l’intrigue deux familles comme les autres et liées par le sang permet une plus grande identification du spectateur aux différents personnages. L’histoire sans esbroufe, ni débauche d’effets spéciaux, ne perd pas de temps pour installer ses personnages, les faire évoluer puis enclencher le démarrage des tragiques évènements ainsi que son implacable mécanique jusqu’à la séquence finale. Tout se passe ici en plein jour sous un soleil éclatant et non pas de nuit ou dans des endroits sombres (cave, galeries de mine, sous-sol, …) comme c’est le cas la plupart du temps dans les films d’horreur. L’effet obtenu n’en est donc que plus efficace avec l’hémoglobine qui se répand sur le blanc immaculé de la neige ce qui, du coup, renforce l’impact sur le public. Tom Shankland se sert habilement du décor naturel pour installer son atmosphère anxiogène puis faire ensuite progressivement monter la tension pour aller crescendo jusqu’à la dernière bobine nettement plus horrifique et terminer en apothéose sur un plan choc même si celui-ci était malheureusement parfaitement prévisible.


Pour plus d’efficacité, il filme parfois les enfants en légère contre-plongée et laisse souvent les scènes d’horreur hors champ au moment précis des attaques pour mieux les rendre angoissantes en nous montrant juste le résultat final tandis que des montages parallèles accompagnent également souvent les différents meurtres. Par ailleurs, il joue aussi visuellement sur les contrastes : les enfants portent des vêtements de couleurs criardes (dignes d’une pub pour Benetton) censées symboliser leur joie de vivre et leur insouciance alors qu’ils sont en train de commettre les pires atrocités à l’égard de leurs parents sans laisser paraître la moindre émotion. Le manque total d’expression sur leurs visages (immobilité inquiétante, regard fixe) renforce l’aspect glacial de l’histoire qui se contente de montrer les faits tels qu’ils sont sans porter de jugement de valeur sur les agissements des gamins, ni nous apporter d’explication sur le mal qui les a contaminés les uns après les autres car le propos n’est pas là.

The Children

Réalisation : Tom Shankland

Avec : Eva Birthistle, Stephen Campbell-Moore, Rachel Shelley, Jeremy Sheffield, Hannah Tointon, Eva Sayer, Jake Hathaway, William Howes, Raffiella Brooks

Sortie le 21 octobre 2009

Durée : 1h 25

Sections: 
Type: