Chanson blanche (La)

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Décembre 2015, le vol AN 333 sombre en mer avec ses 480 passagers. Quatre ans après sa disparition, de nouveaux éléments sont retrouvés. L'un d'entre eux en particulier, laisse à penser que le crash n'était pas un accident. Alors que l'enquête reprend, le puzzle qui lie les passagers entre eux s'assemble peu à peu...

 

Après l'excellent Le dernier jour, chroniqué ici, nous étions nombreux à guetter la deuxième publication de la toute jeune maison lyonnaise, les Éditions du Gros Caillou. Allaient-ils transformer l'essai ? Réponse ferme et enthousiaste : OUI !

Grégoire Godinaud livre ici un thriller de haute volée (sans mauvais jeu de mots avec le thème de l'avion), prenant et bluffant.

À partir d'un évènement hautement traumatique pour l'inconscient collectif, le naufrage corps et âme d'un avion dans la mer, il construit une intrigue aussi précise et minutieuse qu'un horloger qui assemble un à un les éléments d'un mécanisme dont la finalité n'est bien évidemment révélée que dans les dernières pages.

Petit à petit, de chapitre en chapitre, le voile se lève sur cette disparition. Les différents protagonistes sont présentés, avec leurs vies, leurs situations et leur place dans l'avion. Pour continuer sur la métaphore précédente, ils forment différents rouages et engrenages que l'auteur étale sur sa table. Nous, lecteurs, ne savons pas comment ils peuvent se raccorder, comment l'amas de pièces aussi éloignées et d'apparence aussi disparate vont bien pouvoir finir par former un tout cohérent et harmonieux.

Et pourtant, si ! Les éléments s'imbriquent au fil des pages, se rejoignent, s'entremêlent... Et nous ne pouvons qu'applaudir le brio avec lequel Grégoire Godinaud construit son histoire. Rien n'est laissé au hasard, toutes les questions trouvent leur réponse et on finit sonné (même si pour ma part je regrette une fin un poil trop rapide).

Tous les codes du thriller sont présents et respectés. Pour autant, au-delà de l'aspect purement "enquête", La chanson blanche résonne également comme un beau cri d'amour fraternel, une réflexion sur l'éventail des séquelles d'évènements traumatiques sur la psyché humaine. Chacun des personnages lutte contre un passé douloureux et l'apprivoise à sa façon. Pour le meilleur comme pour le pire.

Cette dimension supplémentaire est rendue possible par l'écriture très fine de l'auteur, sa façon de manier le verbe et d'esquisser les sentiments et émotions au détour d'une phrase, là où on s'y attend le moins. Une très belle performance pour un tout jeune auteur, dont c'est le deuxième roman.

Pas de doute : qu'il s'agisse de Grégoire Godinaud ou de la maison d'édition, je vais suivre avec intérêt les publications à venir !

 

La chanson blanche de Grégoire Godinaud, Éditions du Gros Caillou, ISBN 978-2-494420-203-0, 21€

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