Chambre 128

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Un roman peut parfois changer une vie.Qui n'a pas rêvé de voir survenir un petit grain de sel romanesque dans sa vie ? Un peu de merveilleux pour secouer la routine et oublier les ennuis de bureau ?Quand Anne-Lise réserve la chambre 128 de l'hôtel Beau Rivage pour de courtes vacances en Bretagne, elle ne sait pas encore que ce séjour va transformer son existence.Dans la table de chevet, elle découvre un manuscrit sur lequel figure juste une adresse où elle décide de le réexpédier.Retrouvera-t-elle son auteur ? La réponse, qui lui parvient quelques jours plus tard, la stupéfait...Au point qu'Anne-Lise va tenter de remonter la trace de tous ceux qui ont eu ce livre entre les mains. Chemin faisant, elle va exhumer histoires d'amour et secrets intimes. Pour finalement peut-être se créer une nouvelle famille...

 

J'ai découvert Cathy Bonidan l'année dernière, avec son polar Victor Kessler n'a pas tout dit, dont l'indéniable qualité m'a marquée. Aussi n'ai-je pas hésité à solliciter son titre précédent, Chambre 128, auprès de l'éditeur.

De prime abord, le début semble identique : une femme découvre un manuscrit et part à la recherche de son auteur. La ressemblance s'arrête là. Avec Victor Kessler, Cathy Bonidan signait un roman très sombre sur la maltraitance des enfants. Elle propose ici un roman lumineux, plein de grâce et d'espoir (bien que l'idée de résilience soit commune aux deux romans). Les personnages, très attachants, traînent tous quelques casseroles et se dévoilent peu à peu, dans toute leur fragilité pudique. Au fil du temps, ils vont découvrir un point d'ancrage les uns envers les autres.

À des degrés divers, ce mystérieux manuscrit imprègne ou a imprégné la vie des différents protagonistes et Cathy Bonidan livre une réflexion sur l'impact de la littérature sur les gens. Quand un auteur lâche son livre dans le vaste monde, il ne peut connaître tous les gens qui vont le lire, ou l'effet que ses mots auront sur eux. Parfois, les lecteurs resteront indifférents, l'existence de certains s'en trouvera parfois bouleversée. À travers Chambre 128, l'autrice explore ces effets qui, pour une fois, vont être connus de l'auteur. Et elle le fait avec une écriture magnifique, poétique, dense, n'hésitant pas à recourir à un niveau de langue soutenu. Elle joue avec les mots, les phrases, très au-dessus des feel-good fadasses qui encombrent les rayons des librairies.

Car, oui, Chambre 128 peut être rangé dans la catégorie des feel-good, tant il donne la pêche et l'envie de fredonner en regardant les nuages, même - surtout - si le ciel est gris. Mais un feel-good qui n'oublie pas d'être littéraire. C'est si rare ! C'est précieux.

Autre particularité du livre : il s'agit d'un roman épistolaire. Exercice périlleux, quand on passe après Les liaisons dangereuses, pour ne citer que celui-ci. Cathy Bonidan s'en sort haut la main, sans jamais ennuyer, sans jamais renoncer à la qualité de son écriture.

Nul doute que je vais me procurer son premier roman, Le parfum de l'hellébore, qui semble également articulé autour de pages trouvées par un personnage.

 

Chambre 128 de Cathy Bonidan, Éditions de La Martinière, ISBN 978-2-7324-8584-3, 17,90€

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