Carpe diem de Kristel Guerveno

En général, grandir ça prend du temps. Parfois, ça vient d’un seul coup. Après un drame, une maladie, une prise de conscience. La mort de mon père fut une révélation. Son emprise sur moi était telle que tous mes actes découlaient de sa volonté et que chacun de mes désirs dépendaient d’abord des siens. En particulier depuis le départ prématuré de maman. J’adorais mon père mais je dois bien avouer que son décès fut pour moi une libération.

Il ne me fallut pas beaucoup de temps. Le mois qui suivit l’enterrement, j’avais vendu la maison familiale, quitté un petit ami que je n’aimais pas et abandonné mon poste à la banque. Tout ce qui m’importait dans la vie tenait à présent dans deux énormes valises que je fourrai dans le coffre de ma Clio avant de m’enfuir vers cet avenir qui me tendait les bras. C’était peut-être le destin. Pourquoi avoir conservé si précieusement les petites annonces de l’année précédente si ce n’était le cas ? Le Manoir de Tremeven était en vente depuis un bon moment et le prix était presque sacrifié. Quatre cent cinquante mille euros pour une pièce typique du seizième siècle meublée et construite sur un terrain arboré, à l’écart de toute civilisation. Le prix d’une maison moyenne en proche banlieue ; le paradis pour une artiste.

Certes, il faudrait prévoir quelques travaux ici et là. Papa aurait sauté en l’air pour cet investissement grotesque et coûteux mais qu’importe. Ce bien était le mien et je pourrai le rénover à mon goût et à mon rythme aussi. J’avais tout le temps désormais. Le temps de vivre. Du moins, je le croyais...

 

Quand j’arrivai en face de l’imposante demeure, je fus saisie par l’atmosphère quasi mystique qui en émanait. Je me précipitai presque pour caresser les vieilles pierres de granite pendant que l’agent immobilier peinait à me vanter les mérites du terrain calme et ensoleillé bordé au nord par un petit bois privatisé. Jugeant de ma hâte, il me tendit les clefs que je lui arrachai des mains pour ouvrir avec une facilité naturelle la porte de mon royaume. Ces lieux étaient faits pour moi, jusqu’à l’odeur d’humidité à peine perceptible mais propre aux vieilles maisons et qui me rappelait celle de ma grand-mère. J’avais la Bretagne dans le sang et ce manoir aussi maintenant. J’avais bien sûr étudié les plans de long en large avant de signer la vente mais découvrir cet espace en trois dimensions était étourdissant. Mon dévoué commercial m’offrait une visite guidée plutôt technique que touristique et tentait de me rassurer : ici les interrupteurs, là les prises électriques, sans oublier la péritel. La bâtisse avait été modernisée au maximum, contrairement à ce que laissait penser l’état pittoresque des murs et la décoration. Mais je n’avais que faire de ces détails ennuyeux et j’aurais voulu en connaître davantage sur les portraits, les tapisseries et la bibliothèque vendus avec le petit château. Qui avait vécu dans ces lieux ? Qui avait construit le manoir de Tremeven ? Je voulais apprendre l’histoire de la noble famille qui avait prospéré ici et m’en inspirer pour mes écrits. Seulement, j’avais beau interroger mon serviteur, les indices restaient fort maigres. Après la disparition de madame Alice Guéguen, ses filleuls avaient mis en vente la propriété. La vieille dame était veuve et n’avait jamais eu d’enfant. Fin de l’histoire.

Les dernières modalités effectuées, je chassai l’inutile agent et m’installai tranquillement. Il y avait treize pièces dans la demeure. Si j’avais été superstitieuse, j’aurais pris mes jambes à mon cou. En bas, se succédaient le cellier, la cuisine, la salle à manger, le salon, le boudoir et la bibliothèque qui encadraient le hall d’entrée. On accédait à l’étage par un grand escalier en pierres recouvert d’un tapis ocre mité et poussiéreux. À l’étage, deux longs couloirs à droite et à gauche conduisaient aux six suites distribuées équitablement de chaque côté. Les deux dernières étaient surélevées à l’intérieur des petites tourelles qui faisaient tout le charme du manoir.

Je choisissai l’une d’elles. Celle de droite, en l’occurrence, qui donnait sur la petite forêt domaniale, sombre, insondable et terriblement intrigante. De quoi alimenter mille récits fantastiques qui trottaient déjà dans mon cerveau. La chambre était décorée dans les teintes de vert. La maîtresse des lieux avait eu la charmante idée d’attribuer une couleur à chaque suite. Un lit poussiéreux trônait au centre de la pièce. Il était surmonté de tentures en velours vert ternies par le temps. Une table de chevet et un petit secrétaire accompagné de son fauteuil finissaient de meubler l’espace en toute simplicité. Aux murs, quelques peintures ornaient le papier peint jauni. Des paysages côtiers, un phare breton et, surtout, le portrait d’une jeune femme au visage tendre et gracile qui veillait sur le petit bureau.

Comblée par l’atmosphère qui émanait de la chambre, je rangeai mon linge dans le dressing et entrepris de changer les draps mais lorsque je retirai l’ancienne parure du lit, une sensation me remplit d’effroi : le tissu était tiède, comme s’il avait accueilli un corps tout récemment. Comment était-ce possible ? Je regardais autour de moi pour y trouver une réponse. Je tendis l’oreille jusqu’à percevoir un bruit qui provenait de la salle de bain. Une sorte de grattement.

Je ne crois pas aux fantômes. J’aimerais pourtant qu’il y ait une vie après la mort car la perspective de s’éteindre pour l’éternité sans jamais revenir m’angoisse profondément. Mais, à ce moment-là, je pensais plutôt à un rôdeur venu trouver un abri pour la nuit. Pourtant, l’agent immobilier et moi-même n’avions rien remarqué lors de la visite. De toute façon, il fallait en avoir le cœur net.

La gorge serrée, je m’approchai lentement de la porte, curieuse et effrayée par ce que j’allais y trouver. Je retins ma respiration puis poussai du pied le battant qui s’ouvrit sur un gros matou en train de faire ses griffes sur le tapis de bain. Soulagée et émue, je m’approchai de l’animal qui vint immédiatement se frotter à mes jambes en ronronnant. Cet habitant n’était pas prévu dans l’état des lieux mais je l’adoptai sans hésiter. J’adorais les chats. J’aimais énormément les animaux mais papa ne les supportait pas. Les bêtes à poils étaient pour lui synonyme de bruit et de saleté. Avec ce nouveau compagnon, je tenais définitivement ma revanche.

La salle de bain disposait d’un minuscule hublot en guise de fenêtre, ce qui rendait l’espace très sombre. J’allumai l’éclairage pour apprécier la jolie pièce entièrement carrelée en vert anis. La visite éclair du vendeur avait négligé les fioritures dont je voulais m’imprégner seule. Certaines dalles étaient partiellement fendues, le vieux miroir était piqué de tâches noires et s’effaçait par endroits mais les lieux se distinguaient par leur propreté et leur authenticité. Je relevai mes cheveux en une queue de cheval haute et souris à mon reflet. Un visage rond et encore juvénile me répondait toujours. À trente ans, on m’en donne souvent dix de moins ce qui a le tort de me discréditer aux yeux des gens. Et de mon père... De grands yeux clairs et rieurs et une bouche gourmande parachèvent ce portrait de gamine effrontée que j’assumais fort mal à ce moment-là. Je rêvais d’être écrivain, de livrer mes pensées et d’être enfin prise au sérieux. Tout cela allait enfin changer ; je le sentais.

 

Une fois les tâches ménagères indispensables accomplies, j’allais profiter du jardin et du temps plus que clément pour cette région finistérienne. La propriété s’étendait sur près d’un hectare mais l’entretien ne serait pas insurmontable car personne n’avait jugé bon de paysager le terrain. Pas de parterre fleuri, ni de potager. Seul l’intrigant petit bois agrémentait la bordure de l’immense jardin et semblait m’ouvrir les bras. Je décidai de m’y aventurer sur le champ. À dix-sept heures, heure d’été, le soleil était encore haut dans le ciel et filtrait à travers les branches en des centaines de rayons lumineux qui conféraient au sous-bois un aspect enchanteur, quasi druidique. J’avançais dans les touffes et les feuilles, slalomant entre les troncs, dégageant les branchages d’une main souple, bercée par le chant des oiseaux. Et plus je pénétrais dans cette nature insaisissable, plus il me semblait que la forêt grandissait et qu’elle m’avalait entièrement. Je marchais depuis longtemps déjà et je pensais à faire demi-tour quand j’aperçus un peu plus loin une construction de pierre cachée parmi les arbres. Or, celle-ci n’apparaissait pas sur les plans du terrain, j’en étais certaine. Mon âme de conteuse n’y résistant pas, je marchai droit sur elle.

L’autel de marbre blanc s’élevait à la hauteur de deux mètres. Il était surmonté d’une statue de femme  jeune et au regard tendre. Sans doute une vierge quelconque. Ce devait être un caveau ou une petite chapelle mais j’avais beau arracher les branches et gratter la mousse, je ne trouvais aucune ouverture. Les pierres scellées entre elles protégeaient quelque chose dans leur ventre et piquaient ma curiosité. Je fouillai et frottai encore quelques minutes avec le plat de la main pour finalement en exhumer une inscription : le 12 septembre 1946. Au comble de l’enthousiasme, je fouinai encore un peu autour du coffrage, glissant mes ongles dans les interstices pour faire bouger la dalle, cognant contre la paroi pour estimer sa résonance. Cependant, il me fallut abandonner mes recherches car le ciel s’assombrissait et le tonnerre grondait au loin.

Je n’eus aucune peine à retrouver mon chemin et le trajet du retour me sembla même plus court que celui de l’aller. Dans la cuisine, je dévorai un sandwich conçu à la hâte pendant que la pluie bretonne déferlait sur les vitres épaisses de mon nouveau chez moi et qu’Aragon, mon nouveau compagnon à poils, me réclamait sa part. Ensuite, je fonçai à la bibliothèque pour y puiser des informations sur l’étrange édifice. Il devait bien y avoir là quelques renseignements concernant cette construction. Je ressortis aussi les plans de la propriété sans grande conviction. Non seulement, il n’y avait en effet aucune trace du piédestal mais en plus, le bois s’avérait beaucoup plus grand dans la réalité que ce que suggérait sa représentation sur le papier. Était-ce une erreur ou voulait-on garder ces lieux secrets ? Ces incohérences m’intriguaient encore davantage et m’engageaient à poursuivre mes investigations.

Je vidai alors les étagères une à une, triant tous les romans qui y étaient entreposés. De Stendhal à Lamartine en passant par Gautier. La bibliothèque m’offrait des œuvres complètes en tous genres et des encyclopédies variées mais aucun journal de bord, aucun carnet secret. Pas même des notes griffonnées sur quelque feuille volante... Je dormis mal cette nuit-là ; j’étais pourtant éreintée. Dans un sommeil agité, je rêvais qu’une voix m’appelait, tendre et maternelle, une voix doucereuse et envoûtante qui m’entraînait dans la forêt où je trouvais le caveau béant. Un voile de mariée s’en échappait alors et s’enroulait autour de moi, autour de mon visage. J’étouffais sans parvenir à crier tandis qu’il m’emportait à l’intérieur du gouffre... après quoi je m’éveillai en sursaut dans des draps trempés de ma sueur. Aragon se dressa sur ses pattes et vint se blottir à mes côtés dans un long ronron pendant que j’attrapais mon cahier et un stylo sur la table de chevet. C’est là, dans la profondeur de la nuit, que je commençai à coucher sur le papier cette histoire qui me tourmenterait jusqu’à la fin.

 

Le lendemain, je me levai tôt. Je fis quelques courses pour approvisionner le frigo et nourrir mon colocataire. J’en profitai pour acheter une pelle, une pioche, un maillet et une lampe torche – on ne sait jamais. L’après-midi même j’étais sur les lieux, creusant au pied du coffrage, frappant de toutes mes forces contre les dalles inébranlables des heures durant. Rien n’y faisait mais je ne pouvais me  résoudre à abandonner. Des ampoules plein les mains, épuisée et affamée je rentrai au manoir en fin de journée pour me sustenter et me reconditionner. Et si ce caveau abritait en fait un trésor ? Je ne pouvais décemment pas baisser les bras. Il devait y avoir un moyen d’accéder à l’intérieur. Allongée sur mon lit, mon cahier d’écriture à la main, j’énumérais mentalement toutes mes possibilités d’action : marteau-piqueur, pelleteuse, dynamite, j’étais prête à tout pour en avoir le cœur net !

Soudain, le portrait au dessus du bureau accrocha mon regard. Ce portrait de jeune femme d’une autre époque, ni très jolie, ni vraiment laide, penchait sur la gauche de manière piteuse. Toute à mes pensées, je me levai pour le redresser machinalement. Je constatai alors qu’il ne reposait pas complètement sur le mur. J’appuyai sur la toile pour la plaquer contre la paroi mais le bas du cadre se soulevait à chaque fois que je relâchais la pression. Intriguée, je l’empoignai pour le retourner et découvris avec stupeur un petit carnet noir. Sans hésiter, je l’arrachai de ses agrafes pour me plonger instantanément dans sa lecture. Ce n’était que mots et chiffres en vrac, des notes sur la vie de tous les jours, des listes de course, des dates, des comptes aux résultats fort élevés d’ailleurs. Vers la fin du calepin, je trouvais un arbre généalogique dont certains noms étaient rayés pour n’en laisser visible qu’un seul que je connaissais, Alice Guéguen. À ses côtés, les noms de François Guéguen et de Mathilde étaient barrés et datés du 12 septembre 1946. Date qui ne m’était pas inconnue non plus.

12 septembre 1946. Il s’agissait de l’inscription gravée sur ce qui était de toute évidence un tombeau. Il n’y avait plus de doute possible. Mathilde serait-elle la fille d’Alice ? L’agent immobilier m’avait assuré qu’elle n’avait jamais eu d’enfant. Dans ce cas, elle serait plutôt apparentée à François. Sous les noms, l’auteur, Alice Guéguen assurément, avait dessiné un œil semblable à ces symboles égyptiens ou à ces porte-bonheur orientaux. Les notes prenaient fin ici sans donner plus d’indications sur l’ouverture de la chambre funéraire mais elles confirmaient mes soupçons quant à un possible trésor : le capital de la vieille châtelaine.

Le jour suivant, je me préparai une fois de plus pour une expédition archéologique que je n’interromprais qu’à la fin mon enquête. Je courus acheter une lampe-tempête et je louai un marteau-piqueur dans la foulée. Dans un sac à dos, je fourrai une bouteille d’eau, deux sandwichs, sans oublier le précieux carnet et mon cahier d’écriture qui jamais plus ne me quitterait.

Sur place, rien n’avait bougé, la statue de Paros me toisait de toute sa hauteur et je ne pus ignorer plus longtemps sa ressemblance avec la femme au portrait. Il est vrai que toutes les muses du passé sont assez similaires : un front large, des traits fins, un menton pointu... S’agissait-il de la fameuse Mathilde ? Ou bien était-ce Alice dans son jeune âge ? Je n’avais vu de la vieille dame que des portraits récents qui ne donnaient aucune indication sur son ancienne apparence.

L’œil apposé auprès de la date suspecte et des prénoms des disparus n’avait pas été griffonné par hasard. Il y avait un lien évident avec le tombeau qui se tenait devant moi. Instinctivement, je cherchai une inscription à la surface, le dessin d’un œil. Sous la date peut-être ? Ou à la hauteur d’une poignée de porte, en toute logique. Mais mes recherches restaient vaines. Je scrutai le visage de la Madone pour y trouver l’inspiration. Je voulais percer le mystère à travers son regard impénétrable... son regard... ses yeux !

Était-il possible que la clef de l’énigme se nichât dans les yeux de la statue ?

Je devais en avoir le cœur net avant de tout saccager au marteau-piqueur.

J’escaladai le coffrage, non sans peine, pour me retrouver nez-à-nez avec la sculpture et, sans attendre, je pressai successivement sur l’œil droit puis l’œil gauche. Évidemment, rien ne se passa. Je poussai alors en même temps sur les deux orbites qui s’enfoncèrent profondément dans la figure. Aussitôt, un bruit de roulement se fit entendre et les dalles frémirent sous mes pieds. Je sautai sur la terre ferme, juste à temps pour assister, émerveillée, à l’ouverture du sas. Une odeur épouvantable émanait de l’antre, un mélange d’humidité et de pourriture qui pourtant ne m’arrêterait pas. J’avais presque atteint mon but et la récompense ultime se trouvait sous mes pieds. De là où j’étais, on percevait nettement les premières marchent qui conduisaient sous terre et m’appelaient à l’aventure.

Je chargeai le sac sur mes épaules, allumai la lampe-tempête puis pénétrai dans le caveau le cœur rempli de crainte et d’excitation. Je descendis avec précaution une dizaine de marches humides et couvertes de mousse pour accéder enfin à la chambre funéraire. Là, un cruel spectacle m’attendait.

 

La scène était insoutenable. Il avait pris dans ses bras le corps cassé, martyrisé, comme s’il voulait le consoler. Comme pour le protéger. L’homme lui-même paraissait souffrir atrocement. Figé dans la douleur pour l’éternité. Les deux cadavres calcinés étaient soudés ensemble mais on distinguait nettement ce qui autrefois avait été un homme et un enfant. François et Mathilde à n’en pas douter.

Voilà pourquoi le tombeau était resté secret. Ainsi que la forêt. Personne n’avait donc fouillé ce bois faussement petit ? Et personne ne s’était inquiété de la disparition des parents oubliés de la famille Guéguen ? Notamment de François, le mari de madame et propriétaire des lieux, décédé étrangement à la même date que sa fille – qui aurait hérité de ses biens si elle avait survécu.

Soit tout s’éclairait, soit j’avais lu trop de romans policiers. Et la sculpture de carbone témoignait indubitablement d’un meurtre. Je n’avais plus le cœur à chercher autre chose. Si le trésor avait existé, la vieille avait sûrement tout dépensé ou conservé en partie à l’intérieur du manoir, prêt à l’emploi. Bien sûr, elle n’avait pas agi seule, c’était tout bonnement impossible. Un amant ou n’importe qui d’autre ; on peut tout acheter quand on a beaucoup d’argent.

Je me préparai à remonter et à prévenir la police quand j’entendis de nouveau ce roulement qui présageait de la fermeture du passage. Je me ruai vers la sortie mais, glissant sur la mousse, je roulai en bas des marches et assistai impuissante et endolorie à ma réclusion à perpétuité.

Je doute qu’on me découvre avant un long moment et je serai morte d’ici là. Ce qui m’attriste par dessus tout c’est que j’arrive maintenant au bout de mon histoire. Et à présent, qui va nourrir Aragon ?

 

Extrait de Jusqu’à ce que la mort nous unisse, Karine Giebel, Pocket, page 9.

 

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