Cannisses

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Le présent ouvrage donne à lire deux nouvelles de Marcus Malte. La première, Cannisses met en scène un narrateur veuf qui convoite la maison de son voisin en mode « pourquoi moi ? ». C’est que le voisin, lui, il a sa femme vivante, insoutenable injustice. A quoi cela tient-il ? Plus de chance ? À moins que ça ne vienne des cannisses ou de l’orientation du jardin. Certains disent que les interventions d’exorcistes évitent le malheur aussi. Ce qui est sûr c’est qu’il n’est pas normal que Nadine soit morte de sa maladie, comme ça dans son dos alors qu’il finissait la vaisselle, et que la femme du voisin, elle, soit si belle. Il la voit bien derrière les cannisses afficher sa vitalité insolente. Il la voit bien, toute la petite famille, promener son bonheur béat alors que lui se retrouve avec deux petits orphelins de mère à éduquer. Sûr que ça vient de la maison : déjà il y avait des signes dès leur arrivée, comme la mort subite du chat. Et notre héros perplexe de se mettre à envier l’intrigante insouciance du quotidien qui se déroule en toute impunité de l’autre côté des cannisses. Peut-être pourrait-il acheter la maison du voisin pour fuir son habitat maudit ou procéder à un échange ? Trouver le moyen d’entrer seul chez l’autre et d’y séjourner pour se l’approprier devient bientôt une obsession, d’autant qu’une série d’événements rectifie la distribution des malheurs : la femme du voisin, puis sa fille, disparaissent... Formidable incursion chez l’« autre » en soi à la limite de la folie, que cette nouvelle servie par une écriture d’une justesse incisive et sans concession.

La seconde nouvelle quant à elle, Far West, comprend deux volets, l’un intitulé Les cowboys et l’autre Les Indiens, où se répondent shérifs et hors-la-loi sous une plume aussi vivace et sensible, les premiers lancés à la poursuite d’un lézard géant, les derniers rêvant de sauver la forêt amazonienne à leur sortie de tôle.

 

Cannisses par Marcus Malte, Folio, 2017, 6,60 €

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