Pirates

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1665, la Jamaïque est une petite colonie britannique perdue au milieu des possessions de l’Empire espagnol. Port Royal, capitale de l’île, n’est pas un endroit où s’établir si l’on veut vivre centenaire : c’est un véritable coupe-gorge où se bousculent aventuriers, loups de mer, filles de mauvaise vie et autres repris de justice. Du point de vue du capitaine Edward Hunter, cependant, la vie sur l’île est riche de promesses. Il faut juste s’y entendre un peu en matière de piraterie… La rumeur circule justement qu’un navire chargé d’or est à quai dans le port voisin de Matanceros. Gouvernée par le sanguinaire Cazalla, l’un des chefs militaires favoris du roi d’Espagne, l’île est réputée imprenable. Qu’à cela ne tienne ! Hunter met rapidement sur pied une équipe pour s’emparer du galion. Une femme pirate, fine gâchette dotée de la meilleure vue des Caraïbes, un ancien esclave, muet doué d’une force herculéenne, un vieillard paranoïaque expert en explosifs et le plus remarquable barreur du Nouveau Monde seront ses compagnons de voyage…

En rupture de Pirates des Caraïbes ? Navré de savoir qu’il va encore falloir attendre deux ans avant de revoir Johnny Depp faire le pitre sur le pont d’un navire abordé par des zombies chercheurs de trésor ? Ne partez pas, le Dr Corthouts a le remède ! Tourt aussi zombifié, puisqu’il nous a quitté il y a presque deux ans, Michael Crichton nous fait parvenir cet opus depuis l’au-delà, avec l’aide précieuse de son éditeur… et d’un agent qui n’allait pas prendre le risque de laisser pourrir au fond d’un tiroir un manuscrit « terminé » de l’auteur de Jurrasic Park.

Lecteur subtil, tu as remarqué les guillemets que je me suis empressé d’ajouter au mot « terminé ». Lecteur distrait, retourne quelques lignes en arrière, tu verras que c’est vrai, je t’attends. Voilà. Car de fait, si ce « Pirates » a toutes les allures d’une histoire complète, sa lecture ressemble tout de même à s’y méprendre à un relevé presque exhaustif des clichés de la piraterie : Port Royal ? Présent ! Donzelles aux mœurs légères ? Présentes ! Pirate au grand coeur ? Présent ! Kraken ? Présent ! Vous avez compris l’idée. Dans l’état, « Pirates » ressemble davantage à une sorte de plan particulièrement détaillé (revu et corrigé par un auteur fantôme ? Nul ne le sait et nul ne le saura jamais…), aux prémices d’un livre que Crichton mûrissait tranquillement dans un coin de sa cervelle en ébullition. Ainsi, certaines pistes ne mènent nulle part, certaines péripéties se réduisent à quelques paragraphes… Et dans l’ensemble l’aventure se lit vite. Trop vite même au regard de l’atmosphère, parfaitement rendue, d’une époque où les frontières entre le bien et le mal étaient délicieusement brouillées. En l’état, « Pirates » est une lecture divertissante, témoignage intéressant du travail d’un auteur trop tôt disparu.

Pirates par Michael Crichton, traduit par Christine Bouchareine, Robert Laffont

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