Sans laisser d'adresse

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Ah ! Quel farceur ce Harlan Coben ! Mais si... Tenez à longueur d’interview, il nous assure que ses romans sont toujours des histoires simples, d’hommes ordinaires, qui, sous l’influence de leur passé, doivent se coltiner d’étranges et dangereux bouleversements. Les tueurs en série indestructibles, ou encore les grands complots internationaux, c’est pas son truc ! Du tout. C’est d’ailleurs pour cela que "Sans Laisser d’Adresse" est une histoire... de grand complot international ! Bon...

Toute taquinerie mise à part, Harlan est donc de retour en terre francophone avec sa livraison annuelle de suspense, de retournement de situation à vous arracher les yeux de la tête et de personnages terriblement attachants.

Bien décidé à bousculer quelque peu la formule qui a fait son succès, Harlan Coben prend la précaution de se lancer dans l’aventure en bonne compagnie. Plutôt que de nous forger une nouvelle galerie de personnages, il fait appel à Myron Bolitar, afin d’asseoir son histoire dans un univers au minimum familier.

Après sept ans de silence, Terese Collins, une ex-petite amie du "détective privé agent sportif amateur de lait chocolaté", donne enfin de ses nouvelles. Elle appelle Myron au secours, emmêlée qu’elle est dans une affaire pas très claire sur les bords de la Seine. A peine le temps pour Bolitar de traverser l’Atlantique que les cadavres commencent à fleurir sur les trottoirs de Paris... et que la police française se verrait bien en train de jeter le fier Amerloque au fond d’une geôle. La situation ne s’améliore pas lorsque Myron se retrouve entre les mains de sombres individus versés dans l’art de la torture...

Pied au plancher. Cela semble avoir été le mot d’ordre pour Coben lors de l’écriture de ce roman. Après un "Sans un mot" un rien pédestre, qui ressemblait davantage à un « best of » qu’à un vrai « nouveau » roman, "Sans Laisser d’Adresse" prouve de façon magistrale que Coben a encore quelques cartouches dans son long-rifle ! Plongeant tête la première dans un univers mille fois visité par les auteurs de thrillers, Harlan le double-mètre parvient à se jouer des codes, à éclairer des situations mille fois vues de façon originale... Et surtout injecte une bonne dose de coeur dans un cadre de référence où l’efficacité se mesure davantage à l’aune de l’épaisseur des muscles du héros qu’à la subtilité de sa psychologie. De l’action "Sans Laisser d’Adresse" n’en manque pas non plus... On peut pour cela faire confiance au personnage de Win, double amoral de Bolitar et jouissif élagueur de criminels en tout genre. Mais au final, c’est l’humanisme du propos que le lecteur retiendra en refermant, aux petites heures, cette palpitante livraison annuelle.

Harlan Coben, Sans laisser d’adresse, Traduit par Roxane Azimi, 354 p., Belfond

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