Morsure de l'ange (La)

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Où vont nos chers disparus ? Ne sont-ils, après leur mort, que les pantins d’une entité supérieure, cruelle et pétrie de suffisance ?

C’est la question que pose Jonathan Carroll dans son dernier roman publié en français. Un roman tout en douceur, poésie et réflexion, poli d’un vernis macabre propre à donner le frisson.

Wyatt Léonard, ex-star du petit écran, se morfond en attendant la mort, qu’une leucémie en phase terminale va bientôt lui offrir.

Arlen Ford, star hollywoodienne, s’est retirée du show-business, lasse de déceptions et de la fatuité de son existence. Elle réside en Autriche où elle s’attache à retrouver un semblant de sérénité.

Wyatt Léonard, ainsi que d’autres quidams qu’il rencontre lors d’un voyage en Autriche, possède la faculté de poser, par l’intermédiaire de rêves, des questions à une version personnifiée de la Mort. Chaque question posée reçoit réponse mais il y a un prix à payer : si le mortel ne peut comprendre pleinement les affirmations de la mort, celle-ci laisse sur leur corps les stigmates de leur ignorance, écourtant par là-même la durée de vie des inlassables curieux. Mais qu’a à perdre Wyatt Léonard dans cette aventure : ne serait-il pas préférable de partir plus rapidement avec le savoir de ce qui se passe de l’autre côté plutôt que de crever à petit feu dans l’ignorance absolue ?

Arlen Ford, quant à elle, rencontre un journaliste, Leland Zivic, qui couvre les périlleux événements de la Yougoslavie à feu et à sang. Elle en tombe amoureuse, retrouve un goût de vivre, un sens à sa vie, sans se douter qu’en fait, Leland Zevic cache un secret intolérable, et qu’elle flirte avec…

Réunis par un hasard complaisant, Wyatt et Arlen entameront ensemble un voyage ésotérique, mystique et philosophique, à la rencontre de la Grande Faucheuse dont ils parviendront à percer la nature et à démasquer les raisons de la cruauté du jeu du chat et de la souris auquel elle se livre depuis toute éternité avec les hommes.

Le roman de Jonathan Carroll, se démarque de la production habituelle du fantastique : ici, pas de sang, de monstres hideux, de scènes insoutenables au sens visuel du terme. L’exploration de la question qui nous interpelle tous à un moment ou l’autre de notre existence, produit, au fil d’une lecture magnifiée, un sentiment de malaise, de peur diffuse.
Un récit qui secoue et ouvre le champ à la réflexion. Un livre qui nous laisse au bord de l’abîme…

Eric Albert

Jonathan CARROLL, La morsure de l’ange, Denoël, coll. Présences

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