Beaux mensonges (Les)

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Céleste Ibar a dû quitter Paris et la BRI, où elle a passé dix ans, après une agression d’une brutalité extrême. Encore meurtrie, portant sur son visage les stigmates de sa séquestration, elle tente de retrouver une vie sereine. À peine nommée capitaine de police à la PJ de Nantes, où elle ne se sent pas la bienvenue, on l’envoie constater le suicide d’une riche industrielle. Une affaire banale.Mais l’enquête se révèle terriblement troublante. Qui se cachait derrière la si respectable Anne Arnotte ? Céleste va déterrer un à un des secrets profondément enfouis, de ceux qui continuent de hanter les vivants, et découvrir la part très obscure d’un monde où les apparences règnent, où les apparences tuent 

Les beaux mensonges, paru précédemment sous le titre Spécial K, avait déjà attiré mon attention lors de sa participation au Prix des Auteurs Inconnus, pour lequel j’ai été jurée pendant quatre ans. Il n’avait pas été sélectionné, mais à l’issue de la lecture des dix premières pages, je m’étais promis d’y revenir un peu plus tard. La qualité d’écriture que j’avais relevée dans le peu que j’avais lu m’avait semblé plus que prometteuse et je n’ai donc pas été étonnée le moins du monde qu’il soit publié par la suite au sein d’une grande maison d’édition.

La plume est en effet une des grandes forces de l’auteure. Elle est riche et travaillée mais possède également une personnalité très marquée. Précise, incisive et tranchante, elle met en valeur des protagonistes à l’étude psychologique poussée, exprime à merveille leurs sentiments et nous offre notamment de très beaux portraits de femmes. À noter que ces personnages sont fort nombreux et que j’ai donc du particulièrement faire attention à prendre des notes à leur sujet. Dans la mesure où j’ai un problème récurrent de mémoire des prénoms, j’ai pris l’habitude il y a longtemps de ce fonctionnement qui me permet de ne pas me mélanger les pinceaux. Cependant leur nombre n’est pas un handicap, il contribue au contraire à la richesse de l’intrigue et introduit des points de vue et des détails divers et intéressants.

L’histoire est complexe, construite comme un puzzle où le lecteur s’efforce de trouver la place de toutes les pièces sur lesquelles l’auteure attire notre attention. C’est là qu’on entrevoit la grande maîtrise que Céline de Roany a de son intrigue et de sa narration. Tout arrive au bon moment afin de créer de nouvelles interrogations, de nous pousser à continuer la lecture et de nous offrir des surprises jusqu’à la toute fin.

J’ai trouvé certaines scènes très dures – je pense notamment à celle de la plainte. Les mots sont parfois des chocs et des agressions à part entière. Les thèmes abordés sont les violences faites aux femmes, le viol et la maltraitance domestique mais aussi le rejet, l’abandon, la trahison et bien sûr le mensonge.

 

« On peut toujours ignorer, mais on ne peut pas dé-savoir. Le torrent de son ignorance l’avait frappée de plein fouet et elle en avait encore des bleus partout. »

 

J’ai été vraiment séduite par ce polar aussi complexe que bien écrit, à l’enquête précise et captivante et où le suspense est omniprésent. Aussi, je n’ai pas résisté à poursuivre sans attendre avec la deuxième aventure de Céleste Ibar : De si bonnes mères.

 

Parue sur Beltane (lit en) secret

Les beaux mensonges, Céline de Roany, aux éditions Presses de la Cité, 21,00 €

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