Battle for Haditha

Réalisateur: 

La guerre sans nom



Innocent blood

A Haditha en Irak, le 19 novembre 2005, au passage d’un convoi de Marines, deux insurgés activent à distance l’engin explosif qu’ils avaient enterré la veille sur le bas-côté de la route. Juste après l’attentat et la panique qui s’ensuit, les soldats américains, qui s’en sont sortis indemnes, essaient de reprendre leurs esprits pour tenter de sécuriser le périmètre. Encore sous le choc de voir à leurs côtés quelques-uns de leurs camarades morts ou sérieusement blessés, certains d’entre eux se laissent complètement submerger par l’émotion et leur ressentiment à l’égard des poseurs de la bombe au lieu de garder la tête froide. En représailles, ils vident leurs chargeurs sur de simples passants avant de forcer la porte d’une maison avoisinante dont ils abattent froidement tous les occupants. Lorsque le calme revient enfin, on dénombre au final 24 morts innocents (dont un vieillard infirme, des femmes et des enfants sans défense).

Le lendemain, un communiqué de l’armée, qui fera office de “version officielle” pendant 6 mois, faisait état “d’un Marine et quinze Irakiens tués hier par l’explosion d’une bombe artisanale au bord d’une route à Haditha. Immédiatement après l’explosion, des insurgés ont attaqué le convoi de Marines peu armés. La fusillade a fait 8 morts du côté irakien”. Le même jour, un étudiant irakien en journalisme filmait les corps à la morgue et montrait ainsi que les victimes, parmi lesquelles figuraient des femmes et des enfants vêtus de pyjamas, avaient été tuées par balles dans la tête et la poitrine. Ces informations étaient donc en parfaite contradiction avec la description qui en avait été faite par l’armée américaine dans son communiqué.



True lies

Après s’être fait connaître dans le domaine du documentaire, Nick Broomfield choisit pour son 1er long-métrage de “fiction” de nous relater, par le menu détail, le tragique enchaînement de circonstances ayant abouti à ce massacre d’innocents. Le scénario a été écrit à partir du témoignage de la seule survivante de cette tuerie purement gratuite, sachant que le but de ce film est de nous montrer cette guerre sous son aspect humain. Les protagonistes de cette tragédie se divisent en trois groupes distincts. Du côté irakien, on a, d’une part, de paisibles civils qui n’aspirent qu’à retrouver une vie normale au quotidien et, d’autre part, des insurgés prêts à tout pour faire cesser l’occupation de leur pays par des troupes ennemies. Face à eux, se trouvent les Marines qui ont plus tendance à réagir instinctivement qu’à réfléchir avant de se servir de leurs armes.


Broomfield expose ici les trois point de vue différents mais sans jamais prendre parti pour l’un ou l’autre camp. Il se contente volontairement d’exposer les faits, en évitant sciemment de porter le moindre jugement de valeur à l’encontre de qui que ce soit et laisse ainsi le spectateur face à ses réactions viscérales devant un tel gâchis humain. Pour apporter encore plus de véracité à son propos, il a choisi de faire interpréter les différents rôles par de vrais Marines, qui ont participé à ce conflit avant d’être démobilisés, ainsi que par des Irakiens, ayant vécus dans des conditions similaires à ce qu’on voit à l’écran avant d’aller se réfugier par la suite en Jordanie. Le film montre également l’importance que revêt désormais dans ce type de conflit les nouvelles technologies dans la mesure où les insurgés ont filmé en vidéo leur exploit dans le but de diffuser ce film sur Internet afin de tenter de recruter de nouveaux adeptes pour leur cause. En outre, c’est aussi grâce à une autre vidéo, tournée sur place après le massacre et apportant la preuve que la “version officielle” donnée par les militaires était fausse, qu’on a pu prouver que tout ceci n’était qu’un odieux mensonge servant à couvrir les horribles exactions commises par certains Marines lors de ce massacre.

Battle For Haditha

Réalisation : Nick Broomfield

Avec : Elliot Ruiz, Falah Flayed, Yasmini Hanani, Andrew McClaren, Eric Mejalacopoulos, Duraid A. Ghaieb, Oliver Bytrus, Aya Abbas.

Sortie le 30 janvier 2005

Durée : 1 h 33

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