Dortoir interdit


Quand on est recruté par une agence immobilière spécialisée dans la remise en état d’anciennes scènes de crime, mieux vaut s’attendre au pire... C’est ainsi que Mickie Katz, jeune décoratrice de la très mystérieuse Agence 13, doit accepter de travailler pour un milliardaire obsédé par la Troisième Guerre mondiale. Afin de mettre sa famille à l’abri d’un futur holocauste nucléaire, ce magnat du pétrole vient d’acquérir un bunker creusé dans le désert du Nevada par l’US Air Force au temps de la guerre froide. Le rôle de Mickie est simple : décorer le labyrinthe de béton pour en faire un paradis cinq étoiles qui rendra la claustration agréable aux survivants du conflit. Mais dès le début des travaux, les événements vont prendre un tour inquiétant dans cette forteresse mystérieusement baptisée depuis 40 ans Dortoir interdit...

Je ne sais s’il faut encore présenter Serge Brussolo. En tout le cas, pas aux amateurs de romans de « genre ». Polar, mystère historique, fantastique, étrange, thriller, jeunesse… L’homme est capable de forger, au feu de son insolent talent, tout arme et outil. Protéiforme ? Non. Car, que cela soit dans le domaine de l’enquête historique ou du plus moderne des thrillers, le style Brussolo est quasi unique. Une écriture sèche, nerveuse qui sert le récit. Une capacité presque surnaturelle à foncer vers l’essentiel, pour s’assurer que le lecteur ne se perdra pas dans la narration… mais qu’il ne pourra pas lâcher un roman une fois ouvert. Ajoutez à cela une fine analyse psychologique des personnages et une fascination répétée pour les caractères originaux… Et vous obtenez ce qui se rapproche le plus de la « formule parfaite » du roman populaire.

Au sein de ce « Dortoir Interdit », sous les oripeaux du thriller sanglant, se cache une intéressante réflexion sur la paranoïa, la manipulation et les liens familiaux. A l’aide d’un personnage « extérieur », la solide Mickie Katz, Brussolo pose un regard aigu sur les dérives d’un système, sur les obsessions de la société américaine (la peur de l’étrange, l’obsession de la sécurité, la descendance, etc.) mais aborde, par assimilation, l’avenir de la société occidentale dans son entièreté. Et par là même, celui de la vieille Europe et ses démons.

A glisser sous le sapin, pour des fêtes frissonnantes et intelligentes… Avec le second volume, « Ceux d’En-Bas » dont je vous parlerai dans quelques jours.

Serge Brussolo, Dortoir interdit, Pocket

Type: 

Commentaires

Bonjour
Intéressante critique sur un auteur qui effectivement n’est plus à présenter, à moins de venir de la planète Saturne. C’est un auteur dont j’ai toujours suivi le parcours avec beaucoup de plaisir mais je dois avouer avoir un peu lâche prise depuis quelques temps (auteur très prolifique et je consacre pas mal de temps à des "vieilleries de la sf). Cet article m’a redonné le désir de reprendre du service et d’acheter le volume.
Félicitation pour votre site et à bientôt.