Epée de Shannara et le royaume du Crâne T12 (L')

Flick Ohmsford et Shea, son frère adoptif demi-elfe, vivaient tranquilles et heureux dans le village de Valombre jusqu’à l’arrivée d’Allanon, mystérieux voyageur également appelé « historien des espèces », sans doute adepte des arts magiques. Ce dernier annonce à Shea qu’il est le dernier descendant de la lignée de Shannara et à ce titre le seul à pouvoir brandir la légendaire épée du même nom, seule capable de vaincre Brona, le maléfique Roi-Sorcier, régnant sur le royaume du Crâne et ne désirant rien d’autre que la fin du monde.


Les deux tomes de l’épée de Shannara décrivent la lutte de Shea et ses compagnons pour retrouver l’épée et parvenir à sauver le monde.

Cette description vous laisse sur votre faim… très honnêtement, il n’y a que peu de choses à dire de plus. Mais, avant de vous laisser influencer par ma vive déception à la lecture de ces livres, je tiens à préciser que ces derniers sont d’excellents romans d’introduction au fantastique et méritent très amplement leur édition au Livre de poche jeunesse – collection fantasy.

Ils sont en effet faciles à lire et agréablement bien écrits. La forme du livre est par ailleurs parfaitement adaptée aux jeunes lecteurs : les descriptions sont efficaces, l’histoire est relativement linéaire, tout en comportant suffisamment de rebondissements pour ne pas lasser et le dénouement, quoique prévisible, intègre quelques réflexions intéressantes sur la nature du bien et du mal, l’influence de la vérité et le prix du pouvoir, que chaque puissant paiera tôt ou tard, sans toutefois partir dans des développements trop philosophiques. Enfin, le style bref et efficace de ce roman permet à mon sens de le conseiller plus facilement à de jeunes lecteurs que le Seigneur des Anneaux, par moments franchement ennuyant.


Pourquoi alors cette impression négative ? Tout simplement parce que ces romans reprennent l’ensemble des stéréotypes de la fantasy, sans même avoir la décence de parvenir à intéresser un lecteur adepte dudit genre. Pour cela, encore faudrait-il en effet que le monde en soit réellement un, que les personnages – parfaitement irréprochables pour de jeunes lecteurs – soient autre chose que des archétypes et que l’on puisse, ne serait-ce que quelques instants, croire à cette histoire, ce qui m’aurait sans doute permis de ne pas avoir à reprendre lesdits romans pour parvenir à retrouver le nom des héros et écrire cette critique.

Reprenons ces éléments : le monde, en tout premier lieu, m’a surprit par sa vacuité. Quelques descriptions faméliques émaillent le fil du roman, échouant lamentablement à donner du volume à un assemblage disparate de lieux rappelant furieusement le roman susvisé. Cet aspect est d’autant plus frappant que les scènes d’action sont – elles – bien écrites. Mais aucun lieu ne parvient à prendre vie, l’ensemble des éléments de nature à leur conférer une certaine stature ayant été omis : historique, peuples, coutumes… Rien n’est décrit et l’on ne connaît par exemple de Valombre qu’une brève description de l’auberge tenue par les Ohmsford.

Les personnages quant à eux, outre leur parenté évidente avec les membres de la communauté de l’Anneau, ne sont également que très imparfaitement dépeints et s’effacent de la mémoire du lecteur sitôt la dernière page atteinte tant ils ne sont que simples prétextes à une histoire. Leurs caractères et façons d’être sont stéréotypés, aucun point saillant ne permet de les faire siens et ne vient nourrir l’imaginaire d’un lecteur habitué à ces mondes.

Enfin, l’histoire est un mélange, devenu écoeurant à force de répétition, des éléments usuels en la matière : un grand méchant, de préférence immortel mais souffrant d’une faiblesse, un monde en danger et un innocent inexpérimenté seul capable de le sauver. Enfin, des compagnons qui l’assistent dans cette mission, tous maîtres incontestés dans un domaine de compétence et accomplissant tour à tour divers actes héroïques en fonction de leur spécialité... Ces éléments, bien utilisés, peuvent donner un excellent roman, dont le meilleur exemple récent est certainement la trilogie de Chalion de Loïs McMaster Bujold. En l’occurrence, ils ne servent qu’à un banal et lassant exercice de style.

Il m’arrive rarement d’être déçu par un roman. Un seul élément réellement nouveau me permet en effet généralement de tempérer une impression générale de déjà vu et d’apprécier ma lecture sans me poser de questions. Dans le cas de ce roman, seuls deux éléments lui permettent de trouver grâce à mes yeux : leur appartenance à une collection jeunesse et leur prix. Car au prix des mêmes romans publiés aux éditions Bragelonne, j’aurais vraiment hurlé et cette critique eût été bien plus acerbe.

Terry Brooks, Shannara vol 1 2 : L’épée de Shannara et Le royaume du Crâne, Traduction : Rosalie Guillaume, Couverture : PhilippeMunch, Éditeur : Livre de Poche Jeunesse, collection Fantasy

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Commentaires

moi j’ai trouvé ces livres trés bien !

Bonjour,

fervent adepte du genre, je suis incontestablement du même avis sur le premier roman. On a du mal à pénétrer l’univers et les personnages sont stéréotypés à outrance, ce qui m’a donné envi de lire était la dernière phrase au dos de la couverture : "Savourez l’une des oeuvres majeures de la Fantasy contemporaine, sans qui Eddings et Feiset n’auraient pas connu un tel succèset pour la première fois dans son intégralité !" Autant dire qu’il y a erreur sur la marchandise qui a mon goût est très loin d’un Eddings.

Endymion