Princesse de la nuit (La)

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Le jeune et fringant prince Tamino, fils d’un roi lointain, s’en va passer des épreuves initiatiques dans l’empire d’Atlas-Alamesios. En chemin, il rencontre la Reine des Etoiles, qui lui montre le portrait de sa fille Pamina, enlevée par le méchant sorcier Sarastro, et l’enjoint de la délivrer.

Cela vous rappelle quelque chose ? Bien sûr (et surtout pour les amateurs d’opéra) : La Flûte enchantée de Mozart, tirée d’un conte oriental de l’écrivain allemand Wieland par le librettiste Schikaneder. En effet, l’auteur de Ténébreuse et des Dames d’Avalon s’est ici totalement inspirée du livret de l’opéra pour construire un petit roman qui, ma foi, tient totalement la route. Certes, il y a des différences notoires avec la trame familière. Le plus saisissante est l’invention des « Halfling », race mi-humaine mi-animale, dont, par exemple, sont issus Papageno et Papagena. Mais il y aura aussi des hommes ou femmes –chiens ou lapins… Bradley, suivant ainsi l’exemple du regretté Ingmar Bergman dans son immortelle version filmée de l’opéra, fait de Pamina la fille de Sarastro. Enfin, et last but not least, elle décrit longuement les épreuves auxquelles nos héros sont soumis

Chez Mozart, outre le silence, étaient mentionnées rapidement (les scènes sont brèves) les épreuves du Feu et de l’Eau. Bradley y ajoute une impressionnante épreuve de l’Air, durant laquelle Pamina, magicienne, sauve Tamino en se métamorphosant en aigle. La scène de l’Eau est toute aussi saisissante, faisant intervenir des Halfling-phoques. Par contre, au final, tout l’aspect mystique de l’opéra est gommé au profit de l’ultime confrontation entre la Reine et sa fille, et l’amour des deux jeunes héros. Exit Sarastro et sa confrérie philosophique.

En tant que roman, cette Princesse de la nuit passionnera tous les amoureux de l’opéra, évidemment. Mais même ceux qui l’ignorent totalement y trouveront grand plaisir grâce au talent de conteur de Marion Zimmer Bradley. C’est un grande et belle histoire de fantasy questionnant le Bien et le Mal dans un décor chatoyant. L’aspect maçonnique, capital chez Mozart, est occulté, mais sans dommage pour le lecteur. Le roman a été publié initialement en 1985, puis excellemment traduit en français par Marie-Louise Navarro en 1996 aux Editions Pygmalion/Gérard Wathelet. Ceci est une réédition Livre de poche.

Marion Zimmer BRADLEY, La Princesse de la nuit, Le Livre de poche, 256 p.

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