Planète de cristal

Crash non voulu sur une planète inconnue. Morts de nombreux cosmonautes. Les survivants découvrent un monde étrange, dominé par des ’cristaux’ hostiles, mortels même. Seule Mahé, jeune Africaine, semble entrer en communication avec ces extraterrestres hors du commun. Assez vite, l’on comprend que la planète est divisée en deux camps, le Nord, belliqueux et le Sud, pacifique. Askod et Gowinda. Scindés comme le Yin et le Yang. Certains rescapés atteignent le Sud, habités par des ’hommes’ beaux et sereins, comme les Eloïs de Wells. Les autres seront esclaves des méchants nordiques.

Un peu simpliste, tout cela. Dommage, car il y a manifestement chez Bonelli une nostalgie vers Indiana Jones, voire Merritt et ses femmes ambiguës, ou Rider Haggard et ses mondes perdus. Malheureusement, Bonelli, au niveau écriture, n’égale pas ses prédécesseurs. Même si l’intrigue est souvent passionnante et palpitante, le style pêche par une négligence de construction qui finit par lasser. Les écrivains SF pour la jeunesse, auxquels ce livre fait penser, écrivent mieux. Les enchaînements se font beaucoup trop vite, par exemple, et l’on passe d’un cadre à un autre en un paragraphe, non signalé. Ces sautes constantes de décors fatiguent le lecteur. Lequel sent bien vite, et sans surprise, que cet univers aspire vers la fusion du Yin et du Yang. L’arrivée en ’deus ex machina’ d’un certain Avea qui dominera toute la conclusion est bien hâtive. Et la coda où Mahé se voit promue pharaonne d’un nouveau monde est un peu trop prévisible et sans piment particulier.

Dommage pour un auteur manifestement passionné par les vieux mythes. Le talent n’égale pas toujours les ambitions. J’ajoute que pour ceux qui ont mordus, Bonelli a écrit deux suites à cette « Saga des Alwars », « La main de glace », puis « La Bataille de Seraphea », mêlant Antarctique, Atlantide et Mu

Pour amateurs. Qu’est-ce qu’un Bernard Simonay aurait fait d’un pareil canevas !

André-Jean BONELLI, Planète de cristal (La Saga des Alwars I), Edilivre, Editions APARIS, Paris, 2007, ill. Pier Le Colas, 276 p., 17 €.