Murmures de la terre (Les)

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Après Comme des larmes sous la pluie, Véronique Biefnot nous propose Les murmures de la terre son deuxième roman qui fait suite au premier. Roman toujours édité par Héloïse d’Ormesson. Il s’agit toujours d’une romance, mais le thriller a laissé la place à l’aventure et au mystère.
On y retrouve Naëlle toujours perturbée par son passé, et l’écrivain Simon Bersic toujours aussi amoureux d’elle. Cette fois-ci, le lieu où se passe l’histoire a changé. Ce n’est plus Bruxelles en toile de fond, mais la Bolivie. À travers les deux personnages principaux, Véronique Biefnot nous fait visiter ce pays étrange et mal connu des lecteurs. Telle une ethnologue, elle nous fait découvrir la Bolivie profonde, emprunte de vieilles croyances, où le chamanisme à sa raison d’être. Un pays où la technologie n’a pas sa place, et où les autochtones vivent à un autre rythme que celui de notre civilisation occidentale. C’est l’endroit idéal pour Naëlle pour pouvoir se reconstruire, pour aller au tréfonds de son âme. En tant que lecteur, au début du livre on en est pas persuadé, et les deux personnages principaux aussi. C’est d’ailleurs tout l’intérêt de cette histoire.

Plus épais d’une centaine de pages que le premier tome, Les murmures de la terre, est aussi l’occasion d’un peu plus explorer l’autre couple de cette histoire. Céline, Grégoire et leurs enfants. Leur couple est en péril après avoir suivi le naufrage de celui d’amis proches.

Depuis Comme des larmes sous la pluie, Véronique Biefnot nous fait découvrir toutes ses préoccupations sur les sentiments, sur le couple, sur le bonheur, sur les doutes qui s’installent au fil du temps, sur la manière d’envisager une vie à deux avec des enfants. Elle en profite aussi pour nous parler du coup de foudre, nous expliquer le mythe du prince charmant ou les différences entre hommes et femmes à la façon de John Gray.

Avec le couple Céline et Grégoire, j’ai particulièrement aimé leurs joutes orales, surtout lorsqu’ils se lancent à la tête des tirades d’Alfred de Musset. Là, je remarque que l’auteure est une vraie comédienne (je le savais déjà) qui prend plaisir à nous conter cette histoire parsemée de métaphores.

Avec ce deuxième tome, la romancière (toujours comédienne, metteur en scène et peintre), confirme tout le bien qu’on dit d’elle depuis Comme des larmes sous la pluie. En reprenant ses personnages principaux là où ils s’étaient arrêtés, elle montre au lecteur une autre facette de son talent. Une de plus, devrais-je dire. Dès la sortie du premier livre, elle avait annoncé une trilogie. Sur fond d’aventure et de mysticisme, elle nous propose toujours une histoire sentimentale compliquée pour ses personnages principaux. Une situation qui entrainera le lecteur au pays des condors et des curanderos.

Ce livre peut se lire indépendamment du premier. Il n’est pas nécessaire de connaître ce qui précède pour lire ce roman. Mais je conseillerais tout de même aux lecteurs qui ont aimé ce livre-ci de lire le premier tome. Non pas parce qu’il est indispensable à la bonne compréhension de l’histoire, mais tout simplement parce qu’il explique comment Naëlle et Simon se sont rencontrés et en sont arrivés à la situation du début du livre.
Dès les premières pages du livre, on remarque le travail de recherche que Véronique Biefnot a accompli pour nous décrire de manière exhaustive la Bolivie et sa culture. On pourrait penser qu’elle y a séjourné. Il n’en est rien. Par son travail très élaboré, la belle est capable de bluffer ses lecteurs les plus fidèles. La Bolivie est un pays qui nécessite une bonne condition physique pour les visiteurs. On y passe des hauts plateaux et déserts de sel, à la forêt amazonienne, avec des écarts de température et des conditions atmosphériques fonction de l’altitude. L’auteure nous fait ici partager sa vision de la Bolivie. Une vision mystérieuse et colorée, presque un travail d’ethnologue.

Dans ce second opus, on découvre le chamanisme à travers la quête de Naëlle. Pour retrouver les douze ans de son existence qui ont disparu de sa mémoire, elle se lance dans un périple, qui est une lente descente au fond d’elle-même, à travers des pratiques chamaniques, parsemées d’animaux de pouvoir. Mais rien n’est simple pour elle. Malgré sa volonté de découvrir qui elle est réellement, le parcours est semé d’embuches. Pour Simon Bersic, ce parcours est également compliqué. Il veut retrouver Naëlle, quitte la Belgique pour la Bolivie, et avec l’aide de Manko, traverse une partie ce pays.

Dans Comme des larmes sous la pluie, on avait droit à la petite voie qui parsemait chaque chapitre. Dans Les murmures de la terre, c’est principalement les pensées de Naëlle qui vont parsemer chaque chapitre. La belle ténébreuse nous semble soudain un peu moins mystérieuse (mais vraiment un peu). On plonge dans ses rêves, dans ses cauchemars, et on l’accompagne sur le chemin qui doit l’amener à se retrouver.

Derrière un aspect très littéraire, ce roman a aussi une part importante de fantastique. Chaque titre de chapitre situe le personnage, le lieu et l’heure. Parfois, l’auteur laisse des points de suspension pour nous laisser dans le doute, ce qui n’est pas plus mal.

Encore un sans faute pour Véronique Biefnot, qui sur sa lancée s’affirme de plus en plus comme une grande romancière, avec un style qui lui est propre et qui est très agréable à lire. On a droit à des chapitres courts, qui permettent de progresser plus vite dans la lecture du roman. C’est fluide, c’est évident pour le lecteur, jusqu’au moment où Véronique Biefnot décide de nous faire des révélations qui vont mettre à mal nos idées préconçues. On peut facilement se mettre dans la peau des personnages, sauf de Naëlle, et les lecteurs comprendront pourquoi. On retrouve chez Véronique Biefnot ce malin plaisir à perturber le lecteur, à lui faire découvrir une réalité toute différente de celle qu’il imaginait. C’est tellement bien écrit, qu’on en redemande. Difficile de croire qu’il s’agit seulement du deuxième livre, surtout avec une telle maitrise de l’écriture dans la langue de Molière.

Les murmures de la terre va évidemment donner envie au lecteur de connaître la fin de cette romance. Pour l’instant, Véronique Biefnot n’a pas encore divulgué beaucoup d’informations sur la suite et fin de cette envoutante histoire, si ce n’est qu’il y aura un retour en Belgique des personnages principaux. À l’heure où j’écris ces lignes, l’histoire doit être en cours d’écriture. Je ne crois pas me tromper en disant que dans un an, on aura droit à la fin de l’histoire. Son éditeur, Héloïse d’Ormesson, ne manquera pas de publier la fin.

Voilà encore un livre que j’ai beaucoup aimé et un auteur que je continue à suivre de très près.

Interview ici

Les murmures de la terre, Véronique Biefnot, éditions Héloïse d’Ormesson, 2012, 480 pages

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