Rainbow Warriors

Que ce livre soit paru alors que le conflit malien venait d’éclater est une très méchante plaisanterie de l’Histoire. Parce que ce livre imagine le renversement, par une armée privée de LGBS, d’un potentat africain dans un pays, le Mambesi, qui ressemble beaucoup au Mali de quand il a été écrit : armée prête à s’emparer du pouvoir, Nord musulman au bord de la sécession....

Seulement l’action imaginée par Ayerdahl et les résultats utopiques proposés, aujourd’hui assez cruellement démentis par l’expérience réelle, sont beaucoup plus agréables : le but de l’action de nos héros, mandatés par un ex-Secrétaire Général de l’ONU, est de préparer la restauration d’une vraie démocratie et, accessoirement, la reconnaissance des droits des gays, lesbiens, bis et transsexuels aujourd’hui pourchassés dans un grand nombre de pays (en attendant que les défenseurs du mariage CONTRE tous rajoutent de nouveau la France au nombre des pays à la morale anti-tolérante du temps de l’exclusion de tous ceux qui ne sont pas des Pères de l’Eglise). Alors, malgré les manœuvres criminelles des entreprises capitalistes et des états qui leur sont inféodés, dont bien sûr la France, nos héros parviendront à créer et défendre cet ilot de liberté africain. On peut rêver le temps d’une lecture, et cela fait du bien. On peut même imaginer que ce rêve nous guide pour aider à sa réalisation...

L’Afrique, aujourd’hui le jouet des puissants, est peut-être la terre où se réalisera ce progrès. C’est ce que proposait Demain une oasis, et que nous propose à nouveau Rainbow Warriors. Acceptons-en l’espoir... Cela fait du bien de rencontrer, parfois, un roman de SF qui ne confond pas réalisme et découragement.

Rainbow Warriors d’Ayerdahl, Au Diable Vauvert, 2013, 523 p., 20€, ISBN 978-2-84626-492-3