Alibi
Mary Brokenshire est médecin en congé de maternité. Geneviève travaille comme femme de ménage dans un hôtel après avoir été infirmière. Comme Joanne Hayes, mère célibataire d’un « bébé » qui n’en est pas vraiment un et qui se prénomme Emily. Betsy Warre est une jeune femme sous chimiothérapie. Charlotte Purfleet est une romancière à succès. Le point commun entre elles ? Aucune n’existe réellement. Elles sont soit le reflet de l’imagination débordante d’une seule et même personne, soit une identité que le service de protection des témoins lui a attribuée. En réalité, très vite on comprend qu’elle se prénomme Ellis, et que sa situation a sans doute un rapport avec un évènement du passé, alors qu’elle était heureuse avec son père, son oncle et sa tante, et sa cousine Foy. Seulement désormais, la jeune femme vit dans un monde de mensonges, se créant un univers bien à elle, entre contes de fées et rêves de princesses. Son langage, ses expressions, ses délires, tout montre qu’elle a cessé de grandir pour demeurer la fillette qu’elle était avant. L’accumulation de mensonges rend sa vie de plus en plus inconfortable, jusqu’au jour où dans l’hôtel où elle travaille, une touriste de passage est assassinée. Et la victime ressemble beaucoup à l’ancienne Ellis. Quelqu’un a retrouvé sa trace.
C.J. Skuse est Anglaise, auteure de romans jeunesse, et Alibi est son premier thriller. Un roman réussi et attachant à plus d’un titre, et cela, grâce au personnage principal, Ellis. Une femme-enfant aussi touchante que crispante, dont les rêves se sont arrêtés à l’enfance qu’elle n’a pas vraiment eue. Sa propension à se raconter des histoires abracadabrantesques, à s’imaginer en couple avec son voisin parce qu’il lui vient en secours et qu’elle le trouve beau garçon, à visiter un magasin de robes de mariée ou à acheter des objets sans intérêt sur un coup de tête, fait écho à son passé au sein de sa famille. Au fur et à mesure, on devine le drame qui a pu se jouer pour la rendre ainsi, en refus total de la réalité. L’explication viendra, sordide, tandis que le « je » d’Ellis deviendra le « je « de Foy sa cousine qui n’a jamais renoncé à la retrouver, dans un final bien plus dramatique que l’ensemble doux-amer du roman.
Seul l’épilogue, un tantinet trop convenu et peut-être trop gentillet, m’aura un peu déçu, sans doute parce que je m’attendais à quelque chose de plus noir comme pouvait le laisser supposer les derniers chapitres. Mais bon, il faut parfois conclure sur un happy-end !
Je remercie les éditions City pour leur confiance.
C.J. Skuze - Alibi - Editions CityEditions - octobre 2020, 19€