30 jours de nuit
Jusqu’au bout de la nuit
Peur sur la ville
Bienvenue à Barrow, la ville la plus septentrionale de l’Alaska, où ses 583 habitants s’apprêtent, comme tous les ans, à passer un mois entier sans voir la lumière du soleil. A peine, l’astre de lumière a-t-il disparu derrière l’horizon qu’une série d’évènements, aussi étranges qu’inquiétants, se produit au cœur de la paisible petite bourgade. C’est ainsi qu’un habitant retrouve la totalité de ses seize huskies avec la gorge tranchée, que tout le système électrique de la ville tombe en panne et que l’ensemble des communications est brusquement interrompu tandis qu’un étranger, semblant quelque peu dérangé, se met à semer le trouble tout en prophétisant “leur arrivée” à qui veut bien l’écouter. De qui parle-t-il donc ? Eben et son ex-femme Stella, les deux shérifs locaux, ne vont malheureusement pas tarder à le savoir en découvrant l’incroyable vérité : une horde de vampires a envahi la ville avec pour unique but de l’éradiquer de toute sa population. Eben, Stella et un petit groupe de survivants vont alors tenter l’impossible pour tenter, tant bien que mal, de survivre… jusqu’à l’aube.
Chasse à l’homme
La petite ville de Barrow devient alors le terrain de chasse grandeur nature des prédateurs qui peuvent tranquillement prendre le temps de s’amuser avec leurs proies avant de passer à table (un peu comme un chat le fait avec une souris avant de la dévorer). Les survivants sont coincés au fin fond de l’Alaska dans cette petite localité complètement coupée du reste du monde, sans aucune possibilité de la quitter ou d’espérer le moindre secours extérieur. Ils sont terrifiés, acculés et seuls face à leur destin (on remarquera là l’hommage appuyé à The Thing). Dans ce combat à armes inégales, leur unique avantage réside dans le fait qu’ils connaissent bien les lieux et sont habitués aux conditions atmosphériques extrêmes mais cela sera-t-il suffisant pour les sauver face l’inexorabilité du temps qui passe et à la détermination de leurs féroces adversaires ?
La tâche s’avèrera d’autant plus ardue pour les rares survivants que les vampires n’hésitent pas à ruser pour les piéger. Dans un premier temps, ils ont envoyé en guise d’éclaireur l’Étranger qui leur a servi en quelque sorte de “Cheval de Troie”. Ce dernier leur a préparé le terrain, en sabotant l’électricité ainsi que le réseau de communications, parce qu’il espère qu’au final les vampires vont en faire l’un des leurs. C’est donc avec impatience qu’il attend le moment de sa transformation et de sa future intégration au sein de leur groupe bien que cela le terrifie mais pour les vampires qui le manipulent, il n’est qu’un pion dans leur jeu. Par la suite, ils se serviront également de quelques humains en guise d’appât pour faire sortir les rares survivants de leur cachette. Afin d’obtenir leur collaboration, ils leur promettent d’avoir la vie sauve mais, en réalité, ils n’en n’ont que faire d’eux. Ils les considèrent exactement comme un chasseur qui attache une chèvre à un piquet pour attirer plus facilement sa proie.
Les prédateurs
Avec 30 Jours De Nuit, on est bien loin de l’imagerie romantique et gothique souvent associée aux films de vampires comme celle véhiculée, par exemple, par les adaptations cinématographiques des romans d’Anne Rice. En effet, on a affaire ici à des créatures impitoyables, sauvages et bestiales (bien qu’elles aient une assez grande ressemblance avec les humains) qui “chassent en meute” leurs proies humaines et cela depuis des temps immémoriaux. Les “Saigneurs de la nuit” sont de vraies machines à tuer qui font gicler l’hémoglobine à gros bouillons.
Le look des créatures est similaire à celui de la BD d’origine. Ils ont un teint de peau cireux et pâle avec des reflets nacrés, leurs yeux ont des pupilles dilatées et des iris d’un noir de jais, leur bouche est munie d’une rangée entière de dents taillées en pointe (pas seulement les canines comme on le voit habituellement) aussi acérées que des lames de couteaux et leurs doigts se terminent par des ongles très longs qui s’apparentent à des griffes. Ils se déplacent avec une très grande rapidité et sont dotés d’une force quasi herculéenne. En outre, ils s’expriment dans une langue inconnue très ancienne.
Les maquillages et prothèses impressionnants ainsi que les effets spéciaux haut de gamme du film ont été conçus et élaborés par les talentueuses équipes de Weta Workshop (dessins préliminaires, modélisation en 3D, moulages puis fabrication des prothèses et maquillages). On a ensuite utilisé un logiciel spécifique pour modifier, image par image, les yeux des vampires. Au final, la distance entre leurs yeux est plus grande que la normale, leur taille est réduite de 20% et ils sont légèrement inclinés vers le bas. On a également fait ressortir l’éclat métallique argenté de leur peau. Quant aux brûlures occasionnées par le soleil sur leur peau, cela ne ressemble en rien à ce qu’on a déjà vu dans d’autres films. Une fois noircie par la brûlure, la peau semble se détacher, écaille par écaille, avant de s’envoler dans les airs.
La Bête humaine
Au fil des jours qui passent, la petite quinzaine de survivants, qui n’ont pas été transformés physiquement en vampires, se sont quand même transformés “moralement” car la seule façon pour eux de survivre est de passer définitivement outre leur “bonne éducation”. Vivre ou mourir, il faut choisir et pour vivre, il ne faut pas hésiter à tuer non seulement ces abominables créatures mais aussi parfois ses proches ou ses amis. Le temps n’est plus à la réflexion, il faut (ré)agir vite, très vite car quelques secondes d’hésitation font désormais toute la différence entre la vie et la mort. Les survivants ne tardent pas à comprendre que leurs armes à feu ne leur servent pas à grand chose contre ces féroces créatures, immunisées contre les balles (à part les ralentir quelque peu). Il va donc leur falloir passer à autre chose et se résoudre à manier la hache contre leurs adversaires mais, pour cela, il faudra encore arriver à prendre sur soi afin de trouver le courage de décapiter quelqu’un, ce qui signifie un retour à la barbarie.
Ici, il n’y a pas de super-héros pour lutter contre les vampires (on n’est pas dans Blade), on a affaire à survivants faisant partie du “commun des mortels”, de toutes les tranches d’âge et appartenant à toutes les catégories socioprofessionnelles. On est au bout du monde, tous les habitants de Barrow se connaissent depuis leur tendre enfance et ont l’habitude de s’entraider en cas de coup dur.
La mise à sac de la ville et l’extermination de sa population (montrées lors d’une scène d’anthologie filmée depuis un hélicoptère survolant la rue principale) sont visiblement les prémisses d’une Apocalypse annoncée pour le genre humain d’où l’idée, qui germe par la suite dans l’esprit d’Eben, de se sacrifier pour sauver les rares survivants, dont il se sent responsable, mais aussi, peut-être, le restant de l’Humanité car qui peut savoir exactement ce dont cette horde de vampires serait capable de faire après avoir fait disparaître tous les habitants de Barrow.
The Barrow Horror Picture Show
Après nous avoir déjà surpris et séduit avec son 1er long métrage (le très troublant Hard Candy), David Slade récidive pour notre plus grand plaisir en réussissant avec brio à retranscrire à l’écran l’ambiance du comics originel, tant au niveau du style graphique que de la palette monochromatique, d’où l’utilisation de couleurs désaturées. Les seules vraies touches de couleur sont ici celles du rouge sang et celles des flammes des divers incendies. Mélangeant tout à la fois un réalisme cru et une esthétique stylisée, la mise en scène alterne judicieusement les scènes où on nous suggère les atrocités en jouant sur le hors-champ et celles où on nous montre tout avec une multitude de gros plans ou de plans serrés. Avec le look novateur des vampires, c’est là l’une des grandes forces du film, sans oublier les prestations remarquées de Danny Houston (dans le rôle de Marlow, le Chef des vampires) et de Bob Foster (dans celui de l’Étranger).
Le seul bémol à cette symphonie horrifique reste toutefois les invraisemblances de scénario et les ellipses relatives au quotidien des survivants sur une période aussi longue, compte tenu des circonstances, de l’intelligence des vampires et de la virulence de leurs attaques. Malgré tout cela, il est incontestable que 30 Jours De Nuit redonne (enfin) un nouveau souffle à la légende des vampires. C’est violent, gore, viscéral et jouissif pour les amateurs du genre. Ames sensibles s’abstenir.
30 Jours De Nuit
Réalisation : David Slade
Avec : Josh Hartnett, Melissa George, Danny Huston, Ben Foster, Mark Boone Junior, Abbey-May Wakefield.
Sortie le 9 janvier 2008
Durée : 1h 45