2013 par Willy Deweert


Cher Marc, mon année littéraire n’a pas été bonne. Indécence notamment, plus radical que de Duve et Morin, est passé inaperçu. Il s’agissait notamment d’un essai décortiquant les nombreux dysfonctionnements de notre société. La chapitre sur l’enseignement braqué sur le présent et n’envisageant pas l’avenir d’une jeunesse dont l’existence sera différente et sans doute encore plus dure que la nôtre est essentiel dans Indécence. Il faut former la jeunesse dès aujourd’hui à l’intériorité. Leur capacité de résistance ne viendra pas de leurs connaissances, mais de leur être. Bruno Peeters l’a très bien compris et je l’en remercie.

Au lieu de quoi, la ministre (qui n’a pas daigné prendre en compte mes réflexions) se préoccupe d’inscriptions et de redoublement. Ouvrir de tels perspectives aux enseignants et leur en donner les moyens hors du carcan des programmes en stimuleraient beaucoup et susciteraient des vocations. Qu’ils deviennent des meneurs d’hommes et de femmes, mais les aider à cela le monde politique actuel, obtus et médiocre, n’en est pas capable. En ce qui concerne ceux qui partent après 33 ans d’enseignement, on les ignore. Ils ne font pas partie de l’establishment « des grands esprits », de ceux qu’on voit sur les plateaux de télévision et pour lesquels les journalistes ont les yeux de Chimène. Ne me posez pas d’autres questions, celle-ci est capitale et rejette dans l’ombre les films. Les livres, en particulier, perdent chaque année un peu de leur de leur noblesse. Il est piquant de voir les Musso, Nothomb, Levy, Coben caracoler en têtes des meilleures ventes. C’est un signe, n’est-ce pas ?

On publie n’importe quoi en espérant qu’il y en ait 4 ou 5 qui percent. Le tir aux pipes. Il reste que certains auteurs comme Lenoir par exemple volent plus haut et travaillent dans le sens exprimé supra.

Une société dont les valeurs qui ont fait sa grandeur et qui les voit s’éloigner dans son rétroviseur n’a pas d’avenir si elle n’entreprend pas un demi-tour car devant nous, à part les exploits de la technologie, il n’y a plus rien. Nous fonçons dans l’ère du vide.

Voilà, cher Marc, je n’ai pas répondu à vos questions, mais je vous ai dit ce que j’avais sur la patate. J’entends d’ici les aveugles et les sourds crier au passéisme, au pessimisme. J’espère pour eux qu’ils n’auront pas à affronter la tempête qui vient, tout en espérant me tromper sur toute la ligne.

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