2012 : les effets spéciaux

Demolition man

Roland Emmerich a apparemment conservé son âme d’enfant puisqu’il prend toujours visiblement un malin plaisir à détruire notre monde via des catastrophes en tout genre : une invasion d’extraterrestres belliqueux dans Independence Day, l’attaque d’une créature mutante avec sa version du mythique Godzilla ou encore le retour de l’ère glaciaire dans Le Jour D’Après. Avec 2012, il nous offre, cette fois-ci, une sorte de best of des cataclysmes pouvant s’abattre sur la Terre.

Les derniers jours du monde

Sur un budget total avoisinant les 205 M$, pas moins de 85 M$ ont été consacrés aux seuls effets spéciaux dans la mesure où les nombreux cataclysmes qui dévastent notre planète atteignent ici le summum du genre avec de très nombreuses scènes choc de “destruction massive” et dépassent de loin tout ce qui avait été fait jusqu’alors au cinéma. Tout ce qui ne pouvait pas être construit sur un plateau de tournage a donc été créé en numérique.

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Compte tenu de l’ampleur de la tâche, les 1300 plans d’effets spéciaux, divers et variés (d’énormes glissements de terrain, de gigantesques incendies, la destruction de Los Angeles par un tremblement de terre d’une magnitude de 10.5, le parc naturel de Yellowstone qui part en fumée après l’éruption du super volcan qui se trouve en dessous dans une explosion de lave de 50 km de diamètre avec des projections de roche en fusion et des nuages pyroclastiques, plusieurs tsunamis qui se forment aux quatre coins du monde et engloutissent tout sur leurs passages comme celui qui franchit les plus hauts sommets de l’Himalaya ou encore celui qui emporte le porte-avions J.F. Kennedy et l’envoie se fracasser sur la Maison Blanche, …), ont été répartis entre 15 sociétés d’effets visuels en attribuant à chacune d’elles des séquences entières en fonction de leurs spécialités.

Tremblement de terre

Afin d’apporter un maximum de réalisme à certaines scènes de catastrophe, on a fabriqué en extérieur des plates-formes géantes (d’environ 750 mètres carrés) montées sur des cardans sur lesquelles ont ensuite été construits les décors puis placés toutes sortes de véhicules (voitures, camions, bus, …). Un système hydraulique et pneumatique faisait ensuite bouger tout ce qui se trouvait sur la plate-forme, aussi bien de bas en haut que d’avant en arrière, au moment où les acteurs la traversaient en courant. Grâce à un joystick actionné par une seule personne, il était également possible d’interrompre ou de modifier en direct l’intensité des mouvements comme s’il y avait un tremblements de terre d’une magnitude de 10.5. Parallèlement, on avait installé un immense écran bleu, mesurant 180 m de long et 12 m de haut, derrière la plate-forme permettant ainsi d’y incruster par la suite les décors réalisés en 3D. Comme ces derniers devaient bouger en même temps et exactement de la même manière que les éléments réels, on a enregistré lors du tournage tous les mouvements de la caméra et ceux de la plate-forme pour les appliquer ensuite aux décors virtuels conçus par ordinateur.

Lorsqu’au volant d’une énorme limousine, Curtis tente désespérément de conduire ses proches jusqu’à l’aéroport de Santa Monica, tout le paysage urbain est en train de se désintégrer autour d’eux : le moindre palmier, le moindre réverbère ou panneau de signalisation se mettent à trembler avant de s’écrouler ou de tomber dans d’énormes failles béantes qui s’élargissent dans le sol. On assiste, entre autre, à l’effondrement d’un pont d’autoroute avec de nombreux blocs de béton qui se détachent et s’écrasent sur le sol entraînant dans leur chute de plusieurs mètres un certain nombre de véhicules. A un moment, la limousine passe in extremis en dessous d’une énorme masse de béton avant qu’elle ne s’écrase au sol. L’une des difficultés résidait dans l’interaction entre tous ces différents éléments et les gens paniqués dans les rues qui tentent de s’enfuir. Il fallait tout reconstituer en 3D de façon hyperréaliste tout en montrant dans chaque scène de destruction une multitude de détails à l’arrière-plan (les failles qui s’ouvrent dans le sol, les morceaux de béton qui se désagrègent, les vitres des buildings qui sont pulvérisées et tombent en pluie dans les rues, …).

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C’est Digital Domain qui s’est chargé de l’anéantissement des buildings et des rues de Los Angeles après que Curtis et ses proches aient réussi à décoller à bord d’un petit avion de tourisme. On a fait appel à Volume Breaker, un tout nouveau logiciel semi-automatique, permettant de gérer de façon réaliste les destructions d’immeuble. Pour arriver à tel résultat, on lui indique le type de destruction qu’on veut simuler, la taille des morceaux qu’on souhaite obtenir, où ils doivent se briser et le programme découpe ensuite lui-même le bâtiment puis gère la chute des débris. On utilise cette fonction 7 à 8 fois en différentes couches pour obtenir toutes les tailles de débris qui rendront la scène extrêmement réaliste. Les détails des couleurs et des textures sont ensuite traités séparément.

Les ailes de l’Enfer

Plusieurs scènes se déroulent à bord d’un avion ce qui permet aussi bien de filmer depuis les airs l’ampleur des diverses catastrophes (comme, par exemple, lors du survol de Las Vegas après un séisme) que de plonger le spectateur au cœur de celles-ci (un peu comme s’il était à bord d’un grand huit dans un parc d’attractions). La séquence où l’avion piloté par les héros vole au-dessus de Santa Monica, passant in extremis entre deux tours qui sont en train de s’écrouler l’une sur l’autre et où on voit une partie de la Californie en train de basculer dans l’océan, a nécessité 10 mois de travail. Dans un plan montrant l’intérieur d’une des deux tours dont une partie de la façade s’est détachée regroupant une dizaine d’étages, on y voit en détail tout le mobilier, les ordinateurs ainsi que les téléphones qui tombent des bureaux. Par la suite, on assiste aussi au spectaculaire crash d’un avion Antonov sur un glacier au sommet de l’Himalaya. Quant à la destruction de la statue du Christ qui se trouve au sommet du Mont Corcovado à Rio de Janeiro, c’est la société Hydraulx qui s’est chargée de la réalisation de la séquence.

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L’arche de Noé

Un autre des grands moments du film concerne les scènes relatives au gigantesque complexe érigé dans le plus grand secret aux confins de la Chine qui abrite le chantier de construction des 4 vaisseaux-arches qui permettront, si tout se passe bien, de sauver une infime partie de la population de la Terre. Chacune de ces arches de Noé du 3ème millénaire mesure plus de 800 mètres de long et doit être capable de contenir un maximum d’animaux de différentes espèces, de semences, de matériel génétique, d’œuvres d’art et de personnes susceptibles de contribuer à la survie de l’espèce humaine. C’est Scanlife VFX qui s’est chargé de créer, grâce au logiciel Flowline, le gigantesque tsunami qui submerge le sommet de l’Himalaya et emporte le temple tibétain.

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