Douce nuit, maudite nuit

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Quand le héros d'un roman se pose le problème de l'intervention d'une puissance supérieure dans les évènements qui lui arrivent, il y a une escroquerie fondamentale à croire que cela peut refléter la même question posée par le lecteur pour les accidents de sa vie parce que rien de ce qui arrive dans le roman ne provient d'ailleurs que de l'imagination de l'auteur, qui peut effectivement s'arroger tous les droits du Dieu Créateur qu'il est par rapport au cadre et aux personnages de son roman. Quand un théologien pose la question par rapport à des faits légendaires qu'il veut croire réellement survenus, nous sommes face à un problème ; peut-on étendre ce questionnement face à une version ouvertement romancée et modifiée des dites légendes ?

 

Que Seth Grahame-Smith nous présente comme un récit de pure fantaisie une version tout à fait originale des mages des évangiles chrétiens, avec un Balthazar qui serait un voleur syrien évadé des geôles d'Hérode, accompagné de deux comparses évadés eux aussi, tous trois déguisés en pèlerins, libre à lui ; qu'il se croie obligé d'y introduire une réflexion sur l'intervention divine dans les évènements, pour le moins invraisemblables sans elle, de l'intrigue, et sur la prédestination, cela est et reste une escroquerie, puisque le responsable de ces pérégrinations et avanies du héros n'est que LE dieu du roman, c.à.d. l'auteur.

 

Autant, sans cette fausse spéculation théologique et la conversion progressive du héros incroyant, j'aurais apprécié cette réécriture presque blasphématoire de l'histoire des trois mages, autant le livre me reste sur l'estomac avec cet ajout. Et autant je suis porté à condamner l'auteur comme tricheur si, par hasard, il a cru résoudre ses propres doutes avec ce jeu, cette fausse « expérience de pensée ».

 

Mais le lecteur n'est pas condamné à emprunter cette – fausse – piste : il lui suffit de conserver jusqu'au bout la distanciation et l'incrédulité nécessaires et de se contenter d'apprécier le roman comme de la pure fantaisie. Ce que je ferai finalement...

 

Douce nuit, maudite nuit, de Seth Grahame-Smith, traduit par Mélanie Fazi, J'ai Lu, Nouveaux Millénaires, 2014, 380 p., couverture de Flamidon d'après Shutterstock, 18€, ISBN 978-2-290-07098-7

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