Binti T1

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Ce volume contient les deux premières novellas d’une trilogie qui raconte l’histoire de Binti. Il s’achève malheureusement, comme cela arrive trop souvent dans les trilogies, par un suspense, alors même que l’essentiel du deuxième épisode était consacré à la recherche par l’héroïne d’un équilibre entre ses différentes aspirations.

Parce que Binti est, d’abord, une jeune fille du peuple Himba, attachée aux traditions ancestrales de son peuple. Lequel, bien qu’asservi aux Koushs, n’en est pas moins le constructeur des astrolabes indispensables à tous, outils de calcul et de communication. Mais Binti viole l’une des traditions de son peuple en obtenant un poste d’étudiante à l’université galactique où, seuls les Koushs représentent les terriens, et en fuyant sa famille pour rejoindre l’université. Et quand le vaisseau est attaqué par les Méduses, aliens ennemis des Koushs, et qu’elle est, avec le pilote, la seule survivante, protégée par un artefact ancien dont l’origine lui sera révélée dans le second épisode de la saga, Le Retour (inclus dans ce volume), Binti, « maîtresse harmonisatrice », se voit obligée de calmer le conflit entre Méduses et Koushs, et de devenir, malgré elle, partiellement Méduse.

Ce premier épisode, comment Binti empêche le massacre des étudiants d’Oomza et calme, au moins provisoirement, le conflit entre Koushs et Méduses, a obtenu le Hugo de la meilleure novella en 2015.

 

Le second épisode raconte le retour sur Terre de Binti pour reprendre, si elle le peut, sa place dans le peuple Himba. Accompagnée par son nouvel ami Méduse Okwu, ambassadeur de son espèce, elle essaye de retrouver place dans sa famille. Mais d’autres vont intervenir, pendant que Binti en apprend plus sur son propre passé.

Et comme le second épisode se termine sur un « cliffhanger », j’attends avec impatience de lire la fin. En français si ActuSF fait vite...

 

Comme Qui a peur de la Mort, cette histoire mêle traditions africaines et anticipation, techniques futures. Et si dans le susdit le fait que, dans le monde post-cataclysmique et réduit à une partie de l’Afrique, ne s’affrontent que deux peuples africains, était compréhensible. Dans cette mini-saga, il est moins évident que n’apparaissent pas les blancs. Le nom Koush se réfère à un royaume disparu de Nubie, aux Pharaons noirs, alors que les Himbas sont un peuple actuel, en Namibie. Mais sans doute les noms eux-mêmes ne sont pas significatifs. Disons que l’absence dans le roman, y compris à l’université d’Oomza, de toute référence aux Européens ou aux Américains (qui interviennent dans la « préquelle » de Qui a peur de la Mort, The Book of Phenix) me pose des questions, mais que les rivalités entre peuples africains suffiraient à expliquer les relations de domination et de mépris réciproque entre Himbas et Koushs.

 

Et se mêlent également dans ce roman légendes et personnages surnaturels africains, comme les Mascarades, et connaissances qui viendraient de contacts avec des extra-terrestres. Un mélange entre science et merveilleux trop rare dans la fiction européenne.

Bref, un livre qui renouvelle la SF.

 

Binti tome 1, par Nnedi Okorafor, traduction Hermine Hémon et Erwan Devos, Actu SF, label Naos, 2020, 312 p., illustré par Benjamin « Zariel » Chaignon, 17,90 €, ISBN 978-2-37686-218-5